Salle temps pour Elon Musk qui doit répondre en justice à une plainte des spéculateurs

Le boss est attaqué en justice par des financiers ayant spéculé sur la chute de Tesla. Dans un tweet, il indiquait vouloir retirer le constructeur de véhicules électriques de la Bourse, ce qui a fait bondir de près de 11 % l’action Tesla à Wall Street.

EST-CE LE TWEET du divorce? Des financiers ayant spéculé sur la chute de Tesla depuis des années ont porté plainte contre son patron, car Elon Musk veut retirer le constructeur de véhicules électriques de la Bourse. Un projet qui a fait bondir de près de 11 % l’action Tesla à Wall Street et leur a fait perdre des millions de dollars.

Elon Musk a semé la panique en annonçant sur Twitter vouloir retirer de la cote le groupe automobile qu’il a fondé en 2003. Il a ajouté que cette opération s’effectuerait au prix de 420 dollars par titre, valorisant Tesla à plus de 71 milliards.

Où est l’argent? 

Elon Musk, habitué des polémiques, n’a toutefois pas apporté la preuve qu’il détenait l’argent nécessaire pour financer l’opération malgré un tweet affirmant: « financement sécurisé ». Le gendarme de la Bourse, la SEC, a contacté Tesla pour lui demander si l’affirmation d’Elon Musk était bel et bien « réelle », selon la presse américaine. On rappelle que la voie classique pour retirer une entreprise de la cote est un LBO (leverage buy out), c’est-à-dire une société externe ou des fonds d’investissements rachètent les actions en circulation avec de l’argent emprunté le plus souvent auprès des banques ou d’investisseurs avec des poches pleines. 

Mais selon des analystes, il est peu probable qu’un établissement de Wall Street prenne le risque d’apporter son soutien à Tesla. Ils rappellent que Tesla brûle un milliard de dollars environ par trimestre et n’a jamais été rentable sur une année entière en quinze ans d’existence.

Voilà pourquoi les spéculateurs fulminent contre Elon Musk. Sans attendre les conclusions de la SEC, Kalman Isaacs, un spéculateur ayant perdu des millions de dollars, a déposé plainte. Il affirme que les tweets du patron de Tesla étaient destinés à « détruire les investisseurs ayant vendu à découvert » le titre. Il explique avoir dû acheter environ 3 000 actions Tesla, au lendemain des tweets d’Elon Musk, pour limiter au plus vite ses pertes. La vente à découvert consiste à emprunter auprès d’un courtier un actif dont on parie que le prix va baisser et à le vendre, avec l’espoir d’empocher une différence au moment où il faudra le racheter pour le rendre au prêteur.

William Chamberlain, un autre spéculateur, poursuit également Elon Musk et Tesla qu’il accuse d’avoir gonflé artificiellement le cours de l’action. Ils « ont artificiellement fait gagner 45,47 dollars à l’action Tesla le 7 août comparé à son cours de clôture du 6 août », accuse William Chamberlain. Les deux plaintes ont été déposées vendredi 10 août devant un tribunal de San Francisco aux États-Unis.

Elon Musk n’a jamais caché son aversion pour les spéculateurs dont il se moque régulièrement sur Twitter, font remarquer les mêmes analystes. Il a d’ailleurs justifié le possible retrait de Tesla de la Bourse par la volonté de permettre au groupe d’opérer dans un environnement moins volatil, hors de la pression des marchés financiers. 

Le titre s’est finalement envolé de pratiquement 11 % à 379,57 dollars dans un volume exceptionnel, pour une capitalisation désormais logée à 64 milliards de dollars. Elon Musk, le patron du groupe américain vedette du segment de l’automobile électrique, a mis le feu aux poudres par plusieurs tweets, postés en pleine séance (!), faisant état de sa volonté de sortir son groupe de la cote à un prix de 420 dollars. Le groupe a ensuite communiqué plus clairement durant une brève suspension du cours à Wall Street, avant une courte reprise de cotation pour terminer la journée…

« Je considère une sortie de la cote de Tesla à 420 dollars. Financement sécurisé », avait donc tweeté le charismatique leader de Tesla. « Mon espoir est que tous les investisseurs actuels restent avec Tesla même si nous sortons de la Bourse. Je créerais un fonds spécialement dédié permettant à chacun de rester aux côtés de Tesla. Je fais déjà cela avec l’investissement de Fidelity dans SpaceX », a ajouté Musk.

« Les actionnaires pourraient soit vendre à 420, soit conserver leurs titres et sortir de la cote… Suis super-reconnaissant vis-à-vis des actionnaires de Tesla », a insisté le dirigeant, qui promet d’assurer leur prospérité dans n’importe quel scénario. « J’espère que tous les actionnaires resteront. Musk veut ainsi faire évoluer son groupe dans un contexte plus calme et moins perturbé, et éviter la propagande négative des vendeurs à découvert ».

Musk a ensuite relayé le communiqué du groupe avec ce commentaire : « Le soutien des investisseurs est confirmé. La seule raison pour laquelle cela n’est pas certain est que cela dépend du vote des actionnaires ». Le communiqué est présenté comme un message électronique adressé aux employés de Tesla.

Les contraintes du marché

En considérant une sortie de la cote de Tesla à un prix de 420 dollars par titre, Elon Musk voulait faire part de son raisonnement et de la raison pour laquelle il pense que c’est la meilleure voie à suivre. Tout d’abord, aucune décision finale n’a encore été prise, mais la raison pour faire cela est la recherche d’un environnement dans lequel Tesla fonctionne de façon optimale. « En tant que société cotée, nous sommes soumis à des fluctuations brutales de notre cours de Bourse, ce qui peut constituer une distraction majeure pour ceux qui travaillent chez Tesla, qui sont tous actionnaires », a écrit Musk. 

Et de détailler : « Être coté nous soumet également au cycle trimestriel des bénéfices, qui pèse énormément sur Tesla pour prendre des décisions qui peuvent convenir pour un trimestre donné, mais pas nécessairement à long terme. Enfin, en tant que titre le plus vendu à découvert de l’histoire du marché boursier, le fait d’être public signifie que de nombreuses personnes sont incitées à attaquer l’entreprise ». Musk justifie donc sa décision (éventuelle) par les contraintes de marché et l’environnement.Concentré sur l’exécution : « Je crois fondamentalement que nous réussissons le mieux lorsque tout le monde se concentre sur l’exécution, lorsque nous pouvons rester concentrés sur notre mission à long terme et qu’il n’y a pas d’incitation perverse pour que des gens essaient de nuire à ce que nous essayons tous de réaliser ». Ce chef d’entreprise n’a jamais caché son hostilité vis-à-vis des vendeurs à découvert jouant la baisse de l’action.

« Cela est particulièrement vrai pour une entreprise comme Tesla, qui a une mission à long terme et tournée vers l’avenir. SpaceX est un exemple parfait. Elle est beaucoup plus efficace du point de vue opérationnel, et cela est dû en grande partie au fait qu’elle n’est pas cotée. Cela ne veut pas dire qu’il serait logique que Tesla soit privée (non cotée) à long terme. Dans le futur, une fois que Tesla entrera dans une phase de croissance plus lente et plus prévisible, il sera probablement logique de revenir sur les marchés boursiers », a nuancé Musk.