Si ce n’est pas affiché, c’est en dollars

À Kinshasa, des maisons de commerce qui n’affichent pas les prix ont tendance à vendre leurs articles dans la devise américaine, ignorant ainsi la mesure du gouvernement de mettre en évidence l’importance du franc.

Fin septembre, un petit tour dans différents commerces de la capitale a permis de se rendre compte que, hormis quelques rares exceptions, les prix des différents produits sont affichés en francs. A Kintambo-Magasin, tous les prix affichent en monnaie nationale. Même constat à La Gombe chez notamment Léon Hasson Frère.

Le dollar, ça se parle     

Mais d’autres commerçants, pour des raisons non avouées, refusent d’afficher les prix de leurs marchandises. Ce fait est plus particulièrement observé dans des boutiques d’habillement. Aux Galeries présidentielles, par exemple, la quasi-totalité de ce genre de boutiques n’affichent aucun prix et préfèrent les donner de vive voix aux clients, généralement en dollars. Les boutiques d’habillement ne sont pas les seuls. Dans un magasin d’informatique, non loin de l’hôtel Memling, le vendeur parle dollars, tout comme ce vendeur de matelas à Kintambo-Magasins.

Contourner la mesure      

Le premier réflexe des commerçants qui n’affichent pas le prix de leurs articles est de le faire en dollars. Les responsables de ces établissements trouvent ainsi une astuce, pour contourner la mesure du gouvernement qui, dans le cadre du processus de dédollarisation de l’économie nationale, oblige, depuis quelques mois, tous les commerçants à afficher les prix de leurs articles en francs. L’Etat, à travers la Banque centrale du Congo (BCC), tient à lutter contre une forte présence du dollar dans le circuit économique national. Cette devise étrangère rivalise avec le franc comme instrument d’échange, unité de compte et réserve de valeurs, dans une concurrence « déloyale », la devise américaine ayant plus de crédit que le franc auprès des consommateurs. Près de 90 % des dépôts et des crédits bancaires du pays sont effectués en devises étrangères.  Ce qui témoigne d’un manque de confiance en la monnaie nationale. Dans cette réforme, le gouvernement est stimulé par une stabilité du cadre macroéconomique, marquée par un taux de change stable durant ces cinq dernières années pendant lesquelles la croissance s’est maintenue autour d’une moyenne de 7 %. En 2013, elle avait franchi la barre de 8,5 %. Cette année, elle avoisine 9 %. Les projections du gouvernement, contenues dans le projet de loi de finances, la situent à 10, 5 %, en 2015.  Pour réussir la dédollarisation de son économie, le Fonds monétaire international (FMI) estime que, outre la stabilité du cadre macroéconomique, la RDC a besoin d’une banque centrale forte et autonome, d’une supervision bancaire efficace et d’une infrastructure financière développée. Le franc est imposé comme principale monnaie des transactions, depuis le 25 septembre. La dollarisation de l’économie nationale est l’un des facteurs qui, pendant longtemps, ont entretenu la spéculation des prix sur le marché. Une situation à laquelle le gouvernement tient à mettre fin.