Tout a été dit, tout a été écrit

Tous les scénarii possibles ont été imaginés. Tout, sauf alors le scénario d’Apocalypse Now. Qu’on ne se leurre pas, le cap de décembre 2018 pour la tenue des élections est le schéma des Occidentaux. Une sorte de ligne rouge qu’il ne faut pas franchir. 

 

On a souvent tendance à croire que ce qui nous arrive, c’est la faute à l’Occident. Les États-Unis d’Amérique en tête ! Mais on oublie que nous-mêmes, tel des mauvais esprits, en sommes responsables. En votant, par referendum, la constitution de février 2006, les Congolais pensaient, en tout cas, fermement, que l’esprit républicain allait triompher sur la dictature et que la République démocratique du Congo se remettrait rapidement des années de guerre pour devenir un État émergent.

Mais les atermoiements de la classe politique escagassent, depuis, la population. Déjà qu’elle ne sait plus bien où elle va, ces temps-ci. C’est pourquoi la revendication de la majorité silencieuse qui est d’aller vite et à tout prix aux élections, est si réjouissante. Ici et là, en effet, les gens ruminent leur colère et ne mettent pas leur drapeau dans la poche. En l’espèce, ils attendent impatiemment de porter un coup dur, à la manière d’un carton rouge, à la classe politique de Majorité présidentielle (MP) ou de RASSOP, sans distinction. Le vote attendu sera sans nul doute un vote sans appel, c’est-à-dire un vote sanction.

Dans la RDC d’en bas, le sentiment partagé par tous est désormais que tous (ministres, députés, sénateurs, généraux, chefs d’entreprises publiques, haut-fonctionnaires…) sont pourris. Et dans les revendications exprimées, la population donne toutes les bonnes raisons de ne plus croire à la classe politique actuelle.

Tout peut arriver

Rien à faire, les élections sont l’occasion tant rêvée pour dynamiter toutes les bêteries que tant de politiciens de MP ou de RASSOP – sans parler des médias – débitent à longueur d’ondes et de colonnes à propos de ces futures élections. Pour aggraver le cas, la population dénonce l’orgueil congolais ou l’arrogance des politiciens qui se plaisent à confisquer le jeu démocratique. Avec l’efficacité d’un rouleau compresseur, les cris qui viennent de la RDC d’en bas démontre que tout peut arriver à tout moment. Ou encore que la classe politique joue avec le feu. On se dit qu’il faut décidément être bien ignorant pour ne pas voir la réalité en face. La question qui vient juste à l’esprit est de savoir comment sauver la RDC. Tout a été dit, tout a été écrit. Les 12 prochains mois risquent d’être beaucoup plus rudes que prévu. Un ancien ambassadeur belge a eu cette phrase laconique peu avant de quitter Kinshasa à la fin de son mandat : « L’Occident a exactement ce qu’il vous faut ». En 2010, l’Occident a laissé faire la majorité au pouvoir supprimer de la constitution le second tour de l’élection présidentielle. Ce fut formellement légal, mais il avait prévenu qu’il était hors de question de faire sauter le passage qui limite l’exercice du pouvoir au-delà des deux mandats pour le président de la République. Alors que les responsables politiques plongés, une fois de plus, dans leurs tourmentes spasmodiques, qui jalonnent leur existence, sont à la recherche de la « formule magique » qui permettrait d’organiser les élections. En imposant la tenue des élections en 2018, l’Occident a perturbé sérieusement les desseins des politiciens de tous bords. Et les évêques catholiques n’en démordent pas.