Tout n’est pas encore en place pour crédibiliser le système financier 

La protection des consommateurs financiers est la clé de voûte de la régulation et du contrôle du secteur financier national. Or pour être crédible et solide, il doit faire le tour complet du moteur, c’est-à-dire compléter les chaînons manquants.

Le progrès du secteur financier en République démocratique du Congo depuis une quinzaine d’années est la conséquence des efforts du gouvernement en vue du redressement du cadre macroéconomique, de l’amélioration de la gouvernance économique, de l’assainissement du secteur financier et de la relance de la croissance. Dans l’architecture financière du pays, on assiste, d’une part, au développement rapide des banques commerciales, des institutions de microfinance (IMF), et, d’autre part, au recul des coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC). Entre les deux constats, l’absence de structures d’assurances, de fonds de pension et de marchés financiers.

Le mapping

Actuellement, le secteur financier congolais est constitué de 18 banques commerciales (Rawbank, BCDC, TMB, Ecobank, Access Bank, Equity ProCredit Bank, BGFIBank, Citi, Standard Bank, Africa’s Global Bank, FNB Bank, Fibank placée sous gestion de la BCC, Afriland First Bank, Byblos Bank, Sofibanque, BIAC placée sous gestion administrative de la BCC, Advans Bank, BOA), d’une banque de développement (SOFIDE), d’une institution spécialisée dans le financement de l’industrie (Fonds de promotion industrielle, FPI).

Outre ces institutions, le secteur financier comprend aussi trois sociétés financières, une société d’assurances (Société nationale d’assurances, SONAS) et une institution de sécurité sociale (Institut national de sécurité sociale, INSS), 149 institutions financières de proximité (qui incluent 126 coopératives d’épargne et de crédit et 23 institutions de microfinance), 43 messageries financières, et 16 bureaux de change.

Monnaie électronique

Les derniers entrants dans le secteur, ce sont les opérateurs de téléphonie mobile (Airtel, Vodacom, Orange/Tigo) qui proposent des produits de mobile banking ou de la monnaie électronique (EME) : Airtel Money, Mpesa, Orange Money/ Tigo Cash (absorbé par Orange). Grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), les produits de mobile banking ont fait un grand bond en avant en RDC en si peu de temps. Les trois EME proposent des produits centrés sur les transferts d’argent : dépôts et retraits. Selon les statistiques de la BCC de 2013, une année après son lancement, Airtel Money avait déjà 1,5 million de comptes sur les 8 millions d’utilisateurs d’Airtel, tandis que Mpesa avait 300 000 comptes sur les 8 millions d’abonnés du réseau Vodacom. Orange Money et Tigo Cash (Orange) avaient chacun 250 000 comptes sur 8 millions d’abonnés pour chaque réseau. Trois ans plus tard, les données ont évolué positivement. C’est pourquoi, les banques commerciales travaillent aux projets de mobile banking à différents stades de développement en collaboration avec un ou plusieurs EME. Certaines banques émergeantes ont une stratégie basée sur l’utilisation du mobile banking pour la paie des fonctionnaires et agents de l’État. Sur cette base, il existe des projets de microcrédit mobile. La demande potentielle est importante dans presque toutes les provinces du pays. Comme au Kenya et en Tanzanie, le mobile banking est promu à un bel avenir. L’État devrait donc s’adapter à l’innovation financière, notamment en votant une loi sur la monnaie électronique.