Un hard Brexit menacerait 1 800 emplois en France en 2019

Les voitures d’origine française représentent 5 % du marché britannique. Une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord ferait perdre 83 000 véhicules à produire. 

 

Un hard Brexit pèserait lourdement sur l’industrie automobile française. C’est ce que révèle une étude de l’agence Deloitte. Une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord ni période de transition, menacerait 1 800 emplois dans la filière automobile en France en 2019. Les voitures d’origine française ont représenté 5 % de part de marché au Royaume-Uni en 2016, soit 160 000 immatriculations. En cas de « hard Brexit », les exportations vers le Royaume-Uni chuteraient de 36 % en 2019, soit 83 000 véhicules de moins, par rapport à un scénario sans « hard Brexit ».

Une sortie de l’UE sans accord se traduirait notamment par l’introduction de taxes sur les importations au Royaume-Uni et par une chute de la livre sterling. « Ces deux facteurs induiraient une augmentation cumulée des coûts pour les constructeurs automobiles. Si cette hausse de coûts se répercute sur le consommateur, le prix d’un véhicule produit en France augmenterait de 21 %, soit +4 000 euros en moyenne », selon l’étude.

La baisse des ventes de véhicules au Royaume-Uni représenterait une perte de chiffre d’affaires annuel de 1,7 milliard d’euros pour l’industrie automobile française (constructeurs et équipementiers). Les profits baisseraient aussi de 36 %, soit 88 millions d’euros de bénéfices en moins chaque année. À titre de comparaison, les conséquences sur l’emploi seraient dix fois plus fortes en Allemagne, où 18 000 emplois de la branche automobile seraient en danger, toujours selon Deloitte. Les constructeurs allemands représentaient plus d’une immatriculation sur trois au Royaume-Uni (34 %) en 2016, leur premier marché d’exportation dans le monde.

L’impact désastreux

La version radicale du Brexit ramènera le Royaume-Uni dix ans en arrière, au plus fort de la crise financière. Tel est le constat dressé par l’étude de Deloitte, parue le 8 février. Dans son enquête, le cabinet a évalué l’impact de la sortie de l’Union européenne sur l’industrie automobile et il apparaît que les pertes seront abyssales, dès 2019. Dans ce scénario du pire, Deloitte estime que le marché va retomber à 2,28 millions d’immatriculations en 2019, contre 2,19 millions d’unités en 2009. En comparaison, IHS Automotive tablait sur un total de 2,83 millions mises à la route, en cas de maintien du Royaume-Uni dans la zone économique, en 2019. Certes, les productions locales seront avantagées en progressant de 17 % (+60 000 unités), mais la France perdra 83 000 exportations (-36 %, à 144 000 unités) et les Allemands pas moins de 255 000 unités (-31 %, à 555 000 unités). Le reste de l’Europe accusera un repli 312 000 unités (-36 %, à 556 000 unités), au profit des productions en provenance du reste du monde (+40 000 unités, soit +7 %, à 610 000 unités).

Traduits en pièces sonnantes et trébuchantes, ces reculs s’élèvent à 12,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Pour l’Allemagne, cela correspond à une perte sèche de 6,7 milliards d’euros, à 15,1 milliards d’euros. La France rendra alors 36 % de chiffre d’affaires, à 3 milliards d’euros, selon Deloitte. Le Royaume-Uni gagnera 17 %, à 11,6 milliards d’euros. Le « hard Brexit » coûtera 900 millions d’euros, dans la colonne du profit, qui s’élèvera en 2019 à 3,7 milliards.

De l’avis des experts du cabinet Deloitte, il en résultera une mécanique d’augmentation des prix. Dans le cas d’un Brexit ferme, un véhicule vendu au Royaume-Uni coûtera en moyenne 15 % de plus, si la hausse des coûts de production et les taxes d’importation sont répercutées sur le consommateur. Il faudra donc compter 3 700 euros de plus dans les concessions (à 27 600 euros).

Une production française prendra en moyenne 4 300 euros (à 25 100 euros), tandis qu’un véhicule en provenance d’Allemagne grimpera de 5 600 euros (à 32 100 euros). Si les véhicules venus du reste du monde limiteront l’impact, avec 2 300 euros de hausse (à 25 500 euros), ceux originaires d’Europe accuseront 4 300 euros de hausse (à 27 900 euros). Même les productions locales subiront une inflation de 800 euros (à 27 700 euros).

L’étude de Deloitte a de quoi inquiéter de l’autre côté de la Manche. En France, 5 000 personnes participent au commerce de véhicules destinés au marché britannique, dont 3 400 sur les chaînes de production. Potentiellement, les conséquences d’un Brexit seraient alors la suppression de 1 800 emplois en France.