Un port et une voie ferrée pour relier Kinshasa à la zone franche de Maluku

L’Agence japonaise de coopération internationale pourrait financer les travaux de construction du nouveau port fluvial de Kinshasa à Maluku et de la voie ferrée qui partira de la banlieue est de la capitale vers le centre-ville kinois. 

AU TERME de la mission d’exploration fluviale réalisée mi-septembre, à bord du bateau MB Gungu, par des investisseurs japonais, en partant du port public à Maluku, à près de 50 km de la capitale, la direction générale de la Société commerciale des transports et des ports (SCTP), annonce la construction du nouveau port de Kinshasa dans la commune rurbaine de Maluku. Ce port sera relié à la capitale par une voie ferrée. 

Les pourparlers sur le montage financier pour l’exécution de ces deux projets sont très avancés avec l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), rassure-t-on à la SCTP. La coopération japonaise serait également intéressée par la modernisation du port maritime de Matadi ainsi que par le chemin de fer Matadi-Kinshasa. Mais aucun chiffre n’a été avancé par la partie nippone. Seule certitude, la venue à brève échéance d’une autre mission d’inspection japonaise est programmée dans les prochains jours, en vue de l’élaboration d’une étude de faisabilité pour la matérialisation de ce projet.

De l’avis des experts, les deux projets – port et chemin de fer de Maluku – s’inscrivent dans l’ambitieux projet d’intégration régionale chère au NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement). Ce projet consiste en la construction d’une route, d’un pont de chemin de fer combiné entre Brazzaville et Kinshasa et la connexion au futur chemin de fer Kinshasa – Ilebo. 

Maloukou et Maluku

En janvier 2017, la Communauté économique des États d’Afrique centrale, (CEEAC) évoquait un montant de 400 millions d’euros pour la réalisation de la section du projet pont route – rails, y compris le poste frontalier unique. Et ce, en annonçant l’intention de la Banque africaine de développement (BAD) à débloquer 250 millions d’euros alors que les deux gouvernements s’apprêtaient à mobiliser 110 millions d’euros. 

Les 40 millions restants devraient provenir d’autres bailleurs surtout que le mode de financement est le partenariat public-privé. À Brazzaville, un terminal à containers est en construction à Maloukou, juste en face de Maluku, la banlieue kinoise. Tout porte à croire que les deux contrées constituaient une même entité avant la colonisation. Elles seront derechef reliées pour servir de grands intérêts financiers. 

En plus du chemin de fer Congo-Océan qui relie le port de Pointe-Noire à Brazzaville, une route à huit bandes doit également rapprocher les deux villes. La jonction de la route et du chemin de fer se fait près de Maloukou là où les ponts route-rail sur le fleuve relieront à Maluku. C’est-à-dire là où la Zone économique spéciale (ZES) ainsi que le marché international de Kinshasa seront implantés.  

Le gouvernement a d’ailleurs lancé un concours pour recruter le futur manager général de la ZES de Maluku. La Banque mondiale a apporté le financement pour approfondir des études sur l’implantation d’autres ZES, dont l’unité pilote est celle de Maluku. Mais l’exécution du projet lambine. À ce jour, la ZES de Maluku ne compte qu’une fabrique de fer à béton. Il y a près de 2 ans, les jalons d’une usine de batteries pour automobiles ont été posés. 

Et au ministère de l’Industrie, l’on indique que grâce au concours de la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale, des zones logistiques, au site de la N’Sele, où seront traitées les marchandises (entrée et sortie) sortent de terre, de même que la zone franche (hors taxes et droits de douane), des parcs pour la transformation industrielle et des zones de production agricole. 

Le ministère de l’Industrie poursuit que des équipements (eau, électricité, infrastructures routières, de télécommunications, de santé, banque, etc.) nécessaires à la zone sont en cours de réalisation. Conçu pour les « synergies industrielles pérennes », rappelle-t-on, ce site-pilote devrait proposer de nombreuses opportunités de création au sein d’un environnement privilégié.

Zones franches 

Les promoteurs de l’initiative soulignent que l’entrepreneur y trouvera toutes les conditions d’une diversification réussie. Dans le concret, la RDC fournira les matières premières et la main-d’œuvre, tandis que l’entrepreneur créera l’outil et apportera sa technologie. Les produits qui y seront transformés seront en partie consommés en RDC et en partie exportés. Les groupes industriels, les petites et moyennes entreprises (PME), les petites et moyennes industries (PMI), les experts et les porteurs de projets sont invités à s’informer sur les modalités d’implantation auprès du ministère de l’Industrie car les accords sont conclus au cas par cas avec les structures définies par la nouvelle loi sur les ZES. 

Il s’agit d’un organe national de régulation des ZES, dénommé « Agence des zones économiques spéciales » (AZES). Elle a été créée en avril dernier par un décret du 1ER Ministre, cosigné avec le ministre de l’Industrie. Outre l’AZES, un établissement public pour réguler les aménageurs et les gestionnaires des ZES, la loi prévoit également la création d’un conseil technique des ZES. Ce conseil sera composé des délégués des administrations concernées par la mise en œuvre des ZES. 

La loi sur les ZES a été votée en mai 2013. Pour la création effective des ZES, la loi prévoit aussi la collaboration de l’AZES et du Conseil technique avec les opérateurs économiques nationaux ou étrangers ayant signé un contrat d’aménagement et de gestion de ZES ; ou avec les opérateurs ayant signé avec l’aménageur d’une ZES un contrat de gestion ou de maintien de certains éléments critiques du patrimoine immobilier de cette dernière. Les industries attendues dans les ZES sont l’agro-alimentaire, les matériaux de construction, les produits chimiques et pharmaceutiques, les bio-carburants, les pièces de rechange, les machines et outils agricoles, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, les mines, le bois et dérivés, le pétrole.