Une mobilisation renforcée dans six secteurs clés peut aider à booster les recettes publiques

Les pays africains peuvent accroître leurs finances de 12 à 20 % du PIB à condition d’adopter un nouveau cadre d’action. C’est déjà un début de solution pour combler le déficit de financement estimé à 230 milliards de dollars par an, au minimum.

SELON les experts de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), il s’agit de faire des options en matière de politique budgétaire. D’après eux, l’ancrage de la politique budgétaire dans les stratégies nationales de financement à moyen terme pourrait permettre aux pays africains de tirer pleinement parti du potentiel de l’ensemble des recettes publiques – fiscales et non fiscales – au service d’une croissance accélérée et soutenue, fondée sur la stabilité macroéconomique.

Pour préserver cette stabilité, poursuivent-ils, les pays doivent alors aligner leur politique budgétaire sur le cycle économique, en améliorant la mobilisation des recettes et en réduisant les dépenses afin de limiter les pressions liées à l’offre, tout en réduisant les impôts et en augmentant les dépenses lorsque l’activité économique ralentit. 

Dans le même ordre d’idées, ils mettent le curseur sur les options en matière de politique fiscale. Les experts de la CEA recommandent aux gouvernements africains « d’élargir l’assiette fiscale en soumettant à l’impôt des secteurs difficiles à taxer, notamment l’agriculture, l’économie informelle, l’économie numérique et le secteur des ressources naturelles ». Sous cet angle, ils insistent que « les pays doivent réévaluer les incitations fiscales et supprimer celles qui ne répondent pas à l’objectif visé ». C’est question de limiter le recours aux incitations fiscales dans les secteurs de l’agriculture et des ressources naturelles pour juguler l’évasion fiscale et améliorer la perception des recettes. 

En matière de recettes non fiscales, les experts de la CEA plaident pour « l’investissement dans de meilleures méthodes et techniques de collecte des données » pour renforcer le suivi du recouvrement des recettes non fiscales et des cas de non-déclaration. 

Ils sont d’avis que le recouvrement des recettes non fiscales peut être amélioré par la mise en place des institutions solides dotées d’un haut niveau d’expertise, la construction de nouvelles infrastructures et l’établissement d’une coordination efficace entre les gouvernements centraux et les collectivités locales.

Mobiliser 11 % du PIB par an 

Vera Songwe, la secrétaire générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies et secrétaire exécutive de la CEA, regrette qu’à dix ans de l’échéance fixée pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), les pays africains continuent de rechercher les combinaisons de mesures susceptibles de les aider à accélérer la réalisation de ces objectifs. À son avis, si elle veut atteindre les ODD, l’Afrique devra, selon les estimations, mobiliser 11 % de son produit intérieur brut (PIB) par an sur les 10 prochaines années pour combler son déficit de financement.

Aujourd’hui, souligne-t-elle, ses recettes fiscales moyennes sont en-deçà de 16 % du PIB. Par conséquent, une mobilisation efficace et efficiente des ressources intérieures peut aider à combler une part importante de ce déficit de financement. Entre autres outils, Vera Songwe préconise la numérisation rapide qui offre aux pays africains des possibilités particulièrement prometteuses d’accroître les recettes, de réduire les coûts de recouvrement et d’étendre la fiscalité à certains secteurs difficiles à taxer, comme l’agro-industrie, l’immobilier et les services, tout en créant un environnement propice au développement du secteur privé et en particulier des petites et moyennes entreprises (PME).