Vers un développement de l’entreprenariat des jeunes agriculteurs

 La Banque africaine de développement (BAD) travaille depuis quelques jours avec la primature, les ministères des  Finances, de l’Agriculture,  de  la Jeunesse, des Sports et Loisirs, pour un éventuel appui aux initiatives de la jeunesse qui se lance dans le secteur agricole et l’agro-industrie.

Un jeune maraîcher arrosant son champ.
Un jeune maraîcher arrosant son champ.

Depuis un bout de temps, l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA) a initié un programme IITA jeunes entrepreneurs agricoles-Kinshasa (IYA-KIN), pour renforcer leurs  capacités pour des performances optimale et l’auto-emploi dans l’agriculture. L’IITA, qui fait de la recherche-développement sur le manioc, rejoint ainsi la préoccupation du gouvernement de créer des emplois pour les jeunes  universitaires qui sont déversés chaque année sur le marché du travail.

Tous les jeunes concernés sont sélectionnés par l’IITA pour la production et la transformation du manioc. Un responsable de cette institution a laissé entendre que, dans le cadre de ce programme d’appui à l’entreprenariat agricole des jeunes, l’IITA est à l’étape de montage d’un plan d’affaires pour chaque séquence de la chaîne des valeurs. Le manioc, en tant que matière première de base, présente une multitude de produits dérivés pour cette jeunesse décidée à s’auto-employer.

Appui de la BAD au programme

Le gouvernement a demandé à la Banque africaine de développement (BAD) d’appuyer ce programme qui n’a pas laissé  indifférente l’institution financière. Elle a ainsi accepté de le financer à hauteur de 35 millions de dollars, avec l’assistance technique de l’IITA. C’est une façon d’encourager ceux qui ont choisi de  s’intéresser à la terre pour leur épanouissement. Il s’agit surtout de jeunes diplômés des universités. Pour le directeur des opérations de la BAD, Chiji Ojukwu, cette frange de la population est souvent ignorée dans les politiques gouvernementales africaines. Une vingtaine de pays africains, dont la République démocratique du Congo ont souscrit à ce type de programme et attendent de la BAD un appui substantiel pour la concrétisation du projet. Elle sera le premier pays bénéficiaire de cette allocation de la BAD en Afrique.

En attendant, la BAD prévoit d’organiser en 2016 une conférence des bailleurs de fonds pour attirer les ressources devant servir à la mise en œuvre de ce programme centré sur la jeunesse dans l’agro-business. Le projet à exécuter sur le terrain sera axé sur la formation,  pendant dix-huit mois,  de jeunes universitaires qui voudront s’impliquer dans l’agriculture comme hommes d’affaires, avec l’appui de l’IITA.  À la fin de la formation, la BAD entend identifier les institutions financières qui seront en mesure d’accorder des crédits aux regroupements des jeunes pour faire leur business. Pour cela, elle estime former par an près de  200 jeunes comme entrepreneurs dans l’agriculture, à qui on accordera des moyens financiers pour gérer leurs affaires.

Des crédits à des taux d’intérêt raisonnables

Aussitôt formés, ces jeunes Congolais se tourneront vers les institutions financières pour avoir les capacités nécessaires dans le démarrage de leurs activités. La banque, affirme-t-on, pourvoira en formation et en capital de démarrage. Quant au gouvernement il négociera les conditions d’octroi des crédits auprès des institutions financières à des taux d’intérêt raisonnables. L’approche ici, selon le directeur des opérations de la BAD, c’est de promouvoir les chaînes de valeurs, de la production à la commercialisation des produits issus du manioc. Ces groupes de jeunes entrepreneurs se doivent d’élaborer des projets faisables et bancables pour des activités qu’ils auront choisies dans la chaîne de valeurs. La finalité est que, dans deux à trois ans, que ces jeunes universitaires soient bien établis comme des hommes d’affaires dans le secteur agricole.

L’exemple du Nigeria

Le premier exemple  d’un programme de jeunes a commencé au Nigeria en 2012, selon le directeur général de l’IITA, Sanginga Nteranya, lors  d’une exposition, à Kinshasa, de produits dérivés du manioc. « La RDC doit travailler dur », a-t-il dit. Avant d’inviter le gouvernement congolais à œuvrer dans l’optique de promouvoir des initiatives de jeunes dans le secteur agricole afin d’attirer d’autre donateurs. Aujourd’hui, l’expérience menée au niveau du Nigeria  a montré que ce programme a pu changer la mentalité des jeunes qui ont vu leurs revenus passer de 0 à 1 300 dollars,  à partir de la transformation du manioc. Une quarantaine de produits dérivés du manioc sont ainsi transformés et commercialisés dans ce pays, faisant de l’agriculture, en trois  ans, une alternative réelle à l’or noir. La RDC peut aussi renverser la tendance face aux mines. Déjà, de telles initiatives ont commencé à Bukavu (Sud-Kivu), à Kisangani (Province-Orientale) et à Kinshasa, où des produits du manioc peuvent être commercialisés et générer des revenus en plus d’emplois.