ZLECA : stimuler le commerce entre États africains pour changer la donne

Intensifier le commerce intra-africain est le moyen le plus efficace de booster la croissance et le développement en Afrique. C’est le point de vue que fait valoir le vice-président de la Commission de l’Union africaine.

 

Profitant de la tribune de la 51è session de la Conférence des ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique, élargie aux gouverneurs des Banques centrales, du 11 au 15 mai, à Addis-Abeba, le vice-président de la Commission de l’Union africaine (UA), Thomas Kwessy Quartey, a voulu passer un message. Le meeting d’Addis-Abeba a été placé sous le thème de « Zone de libre-échange continentale africaine : créer une marge d’action budgétaire en faveur de l’emploi et de la diversification économique ».

D’après lui, la capacité de l’Afrique à commercer avec elle-même changerait complètement la donne. Faisant des commentaires sur la récente signature de l’Accord de libre-échange continental africain (ALECA), dont il dit être un « événement historique », le vice-président de la Commission de l’UA a souligné que « le potentiel du commerce intra-africain pour stimuler la création de valeur est tangible et réel ».

Les conditions d’intégration

Mais dans le but de faire des échanges, « l’Afrique doit d’abord produire ». Et pas seulement des produits primaires. « Nous devons commencer à appliquer la science et la technologie à la production. Les données statistiques démontrent que le commerce intra-africain a tendance à se concentrer principalement sur les aliments transformés, c’est-à-dire les biens et les marchandises où il existe de la valeur », a-t-il laissé entendre. Kwessy Quartey est convaincu que la capacité de l’Afrique à commercer et à faire des affaires avec elle-même sera le moteur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA).

« Le potentiel de l’intégration africaine et du commerce intra-africain est énorme si nous pouvons tirer parti des économies d’échelle, de la création d’emplois et de la génération de revenus, de la mobilité des capitaux et de l’exploration de près d’un milliard de personnes », a-t-il exhorté. Et de poursuivre : « Bien que les avantages soient clairs et largement reconnus, il est également nécessaire de revoir les stratégies pour stimuler le commerce et l’intégration intra-africaines et dont les succès renforceront la place de l’Afrique dans l’économie mondiale et renforceront notre pouvoir de négociation dans les négociations internationales ».

Alors que le reste du monde se fragilise de plus en plus, le vice-président de la Commission de l’UA estime que « l’Afrique doit avancer son programme d’intégration et passer de 55 marchés fragmentés à un marché plus vaste avec des perspectives de PIB combiné de plus de trois mille milliards de dollars par an ». La ZLECA espère porter les dépenses de consommation à environ 1 400 milliards de dollars en 2020 et augmenter le commerce intra-africain de 35 milliards de dollars par an, soit 52 % de plus que la base de référence d’ici 2022. Pour cela, l’Afrique doit intensifier ses investissements dans les infrastructures afin d’améliorer les connexions entre et au sein des pays africains ; rendre le commerce plus propice en éliminant les obstacles non tarifaires au commerce, tels que les politiques restrictives en matière de voyages et les régimes de visas ; harmoniser les politiques commerciales. 

Problèmes de gouvernance

Elle doit aussi augmenter la capacité de fabrication et de transformation ; renforcer les liens entre les communautés rurales et les marchés urbains et vice versa ; mettre l’accent sur le renforcement des capacités en vue de participer à l’économie du savoir et être prêt pour l’économie numérique.

Vu de la Commission de l’UA, les Africains ne peuvent pas se permettre d’être « illettrés ou incapables de compter ». Selon Quartey, les nations doivent s’attaquer aux problèmes de gouvernance, de démocratie et d’impunité en donnant aux institutions les moyens d’être plus performants. « Nous devons nous concentrer comme un laser sur le renforcement des capacités humaines. Faisons des efforts délibérés pour éduquer et développer les compétences et les talents de nos jeunes et de nos enfants », a-t-il souligné. Convaincu que « sans un jeune diplômé et alphabétisé, nous continuerons de subir le poids de nos vulnérabilités démographiques. Avec l’éducation et la formation, nos jeunes développeront le capital humain, c’est-à-dire la valeur qui crée plus de valeur. » Tout comme il considère que pour que l’Afrique réalise ses objectifs, les nations doivent chercher à améliorer leurs mobilisations des ressources nationales. Il évoque également les réformes de l’UA affirmant que 22 États membres sont à différents stades d’actualisation de la décision de financement de l’Union, tandis que 12 États recueillent des fonds prélevés pour imposer le prélèvement de 0,2 % sur les biens importés admissibles. Il encourage plus d’États à mettre en œuvre la décision pour que l’UA soit autonome et assure un financement prévisible de ses activités et de ses projets.