A. Moustapha Ndiaye : « La Banque mondiale devrait peut-être se concentrer sur un nombre beaucoup plus réduit de projets »

Représentant du Groupe de la Banque mondiale pour la RDC et la République du Congo depuis janvier 2015, Ahmadou Moustapha Ndiaye partage sa vision de la voie à suivre et de la transition de la RDC vers une économie émergente.

Quel bilan faites-vous de vos cent premiers jours en qualité de Directeur des opérations en RDC ?

Ahmadou Moustapha Ndiaye : J’ai passé ces premiers mois à essayer de comprendre l’environnement congolais. J’estime, en effet, qu’une bonne compréhension de cet environnement est indispensable si l’on veut réellement aligner les programmes de la Banque mondiale aux priorités du gouvernement et des populations congolaises. J’ai pu constater qu’aujourd’hui cet alignement existe. Les différents projets de notre portefeuille contribuent de manière significative à améliorer les conditions de vie des populations de la RDC. Le pré-bilan est donc très positif parce que nous évoluons dans un environnement favorable avec une très bonne relation avec le gouvernement tant au niveau central que sectoriel. Notre programme est riche et répond aux priorités de la RDC. C’est un excellent point de départ. Aujourd’hui, la question que je me pose, au-delà de la valeur ajoutée que nous apportons déjà au développement social et économique du pays, est de savoir comment améliorer l’efficacité de notre assistance. Il reste encore de nombreux défis, notamment dans le secteur de la santé, de l’environnement ou en matière de réforme du climat des affaires. Certains d’entre eux sont liés à l’immensité du pays. L’important aujourd’hui est de bâtir sur l’existant pour obtenir des résultats durables.

Y a-t-il, selon vous, des axes prioritaires à privilégier dans les interventions de la Banque mondiale ?

La diversité de notre portefeuille témoigne de l’importance des défis. Il y a des besoins dans tous les secteurs. C’est pour cela que la Banque mondiale est présente sur l’ensemble des secteurs que je viens d’évoquer et dans d’autres secteurs comme l’éducation, l’agriculture, etc. L’enjeu, pour nous, est de choisir entre intervenir dans tous les secteurs et sur l’ensemble du territoire ou de concentrer nos efforts sur des secteurs précis pour un impact beaucoup plus visible et plus durable. Il ne s’agit pas d’un choix facile, mais nous devrons cependant nous y atteler. Nous allons justement profiter de la revue à mi-parcours de notre programme d’assistance à la RDC pour faire le point sur ces questions et examiner la possibilité d’opter pour une plus forte consolidation de notre portefeuille. L’idée à retenir est que la Banque mondiale devrait peut-être se concentrer sur un nombre beaucoup plus réduit de projets avec un volume d’investissement beaucoup plus important afin d’avoir un impact plus durable.

Avez-vous identifié les défis à surmonter pour que la Banque mondiale incite la RDC à s’engager sur la voie de l’émergence ?

Je crois que le défi qui se pose à nous c’est de pouvoir articuler davantage nos interventions sectorielles et nos interventions géographiques. Ainsi nous pourrons mieux aider le pays à prendre une trajectoire de développement vers l’émergence économique. Notre contribution sera justement de travailler avec le gouvernement pour déterminer cette trajectoire et les objectifs à atteindre. Lorsque ces objectifs seront clairs, il sera plus facile d’allouer des ressources. Nous ne voulons pas faire d’allocation aléatoire. Je crois également que la RDC gagnerait à avoir une vision provinciale du développement afin de permettre à chaque province d’avoir un plan global de développement qui contribuerait au plan national de développement, l’objectif étant de faire en sorte que chaque Congolais se reconnaisse dans cette vision. Globalement, c’est l’approche que nous allons discuter avec le gouvernement lors de la revue à mi-parcours de notre programme.