Ces 52 milliards de FC qui ont mis la RDC à l’abri du marasme

Au dernier trimestre 2016, les mines, les hydrocarbures et les bois qui constituent l’essentiel des exportations de la RDC n’ont rapporté officiellement que 56,9 millions de dollars au Trésor public.

Et au premier trimestre 2017, un peu plus de 166 millions de dollars. Cet écart fait débat à l’Assemblée nationale. Selon le ministère du Budget, Augustin Matata Ponyo avait légué à son successeur, Samy Badibanga Ntita, un déficit béant de près de 310 milliards de francs. Plutôt 530 milliards, d’après son prédécesseur et ex-haut cadre au Budget, Adolphe Muzito, dans l’une des ses dernières tribunes. En termes simples, l’État était donc tétraplégique, en quasi cessation de paiements, à fin décembre 2016.

Un rapport disponible au ministère du Budget note que la gestion de Samy Badibanga a dégagé un solde global positif de 52 milliards de francs à fin avril 2017. Sans doute que le 1ER Ministre issu de l’Accord d’octobre 2016 pouvait mieux faire s’il n’avait pas hérité des effets dévastateurs d’une décision du précédent gouvernement portant interdiction de l’importation du ciment gris ainsi que la suspension de la perception de la TVA sur les importations des miniers jusqu’à fin août 2017. Cette décision entraîne un manque à gagner de 30 milliards de francs par mois, selon la DGDA (douane). Toutefois, l’amendement du décret sur l’importation des véhicules d’occasion de plus de 10 ans porté à 20 ans par Badibanga devrait rapporter de substantiels revenus à la douane, soit au bas mot 15 millions de dollars.

Au 8 février 2017, Badibanga avait déjà redressé tant soi peu les finances publiques avec un solde positif de 5 milliards de francs.

De toute l’intelligentsia congolaise, seuls Adolphe Muzito et le professeur Ngonga Nzinga ont ovationné cet exploit de l’ancien 1ER Ministre Badibanga. Il s’en est montré, cependant, modeste. Pas de conférence de presse grandiose, ni d’émissions radio-télé pour une diffusion et rediffusion en boucle.

Régime d’airain.

Par contre, l’homme a soumis à la primature au régime de pain sec: alors qu’à fin décembre 2016, les dépenses de fonctionnement de la primature se chiffraient à plus de 44 milliards de FC, elles seront considérablement comprimées en 5 petits milliards, et ce, échelonnées sur trois mois. Badibanga s’est abstenu également de toucher aux fonds d’investissement sur ressources propres mis à sa disposition, alors qu’à fin décembre 2016, plus de 52 millions de francs avaient été utilisés notamment pour l’acquisition du matériel informatique.Par ailleurs, les effets du grand gouffre de l’exercice 2016 continuent de rudoyer les finances publiques et par ricochet le social. Dans son speech de la rentrée, le 15 septembre 2017, Aubin Minaku y est revenu avec fougue.

« D’aucuns se posent plusieurs questions sur la situation socioéconomique actuelle du pays. Pour une frange de l’opinion, on se demande pourquoi, contre toute attente, nous nous sommes retrouvés dans une situation de profonde précarité au moment où le pays devait bénéficier des retombées d’une croissance proche de 10% enregistrée sur trois exercices… ». La Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et des participations (DGRAD) aura toutefois noté la volonté manifeste de Samy Badibanga à mobiliser davantage des recettes.

En effet, d’après ce rapport comparatif de la DGRAD portant sur les recettes des services d’assiette en 2015, 2016 et le régime des crédits provisoires, ce n’est que sous Badibanga que certaines recettes de l’administration ont été derechef retracées dans le budget de l’État. Il s’agit notamment des droits sur les visas de transit aller-simple ou aller-retour, des droits de délivrance du formulaire de demande de passeport perçus par le ministère des Affaires étrangères, des pénalités du fait des astreintes pour non dépôt et dépôt tardif des tableaux de synthèse (ministère des Finances), les pas de porte sur revisitation des contrats miniers et les royalties des entreprises minières d’exploitation (ministère des Mines), le bonus de production, les droits de vente des rapports, des cartes géologiques ainsi que des résultats de recherches géologiques et pétrolières (ministère des Hydrocarbures).

La liste des actes générateurs des recettes réactivées sous Badibanga n’est pas exhaustive. Il sied de relever aussi que tous les droits et taxes relevant du ministère de l’Intérieur ont été collectés à plus de 290 % à fin mars 2017.

Une première! Élections…acquises. Sans doute, si Badibanga était toujours à la Primature, les soucis financiers de la CENI auraient été balayés et le rendez-vous électoral de fin 2017 serait tenu. Si, en 2016, sur les 248 milliards de FC des crédits prévus, la Centrale électorale n’a reçu que 167,9 milliards, le cabinet Badibanga a, d’entrée de jeu, effectué des dépenses exceptionnelles, d’un montant de 84,3 milliards de FC dont 55,8 milliards de FC au bénéfice de la CENI, contre une prévision de 73,3 milliards de FC, soit 115,0% de taux d’exécution, dans le souci d’accélérer le processus électoral. Selon ce Dircaba de l’ancien Premier ministre, la CENI était suffisamment financée, en son temps, 30 à 40 milliards de FC le mois, à tel point que Corneille Nangaa a dû solliciter au gouvernement de postposer un décaissement en faveur de la centrale électorale. La CENI devrait recevoir 100 milliards de FC au moins pendant les mois d’échéance fiscale. Ainsi, l’organisation de la présidentielle et des législatives étaient-elles acquises. Hélas, au motif de la mise en application de l’Accord de la Saint Sylvestre, Samy Badibanga quitte la Primature…la tête haute, fort de ses réalisations vérifiables en un temps record. Jamais, sous sa gestion, la rémunération de l’administration publique n’était aussi chaotique qu’à ce jour. Au premier trimestre 2017, le taux d’exécution de la paie de la Fonction publique, y compris l’armée et la police, a été de 98 %, selon le ministère du Budget.