Claude Nyamugabo replace le FFN au cœur de l’action de reboisement

Après avoir visité les installations du Fonds forestier national, le ministre de l’Environnement et du Développement durable a eu des discussions avec le banc syndical le mardi 5 novembre. Le Fonds traverse actuellement une zone des turbulences.

CLAUDE Nyamugabo Bazibuhe, le ministre de l’Environnement et du Développement durable, promet de s’impliquer personnellement dans le réchauffement des activités du Fonds forestier national (FFN), afin qu’il contribue activement au programme national de reboisement. Surtout que dans la vision environnementale de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la République, il est question de pouvoir replanter 200 millions d’arbres (espèces botaniques) par an durant le quinquennat en cours. 

C’est dans cette perspective que le ministre de l’Environnement et du Développement durable est en campagne de sensibilisation des institutions au changement climatique qui est une question transversale. Récemment, il est allé à la rencontre des parlementaires (députés et sénateurs) membres de la commission d’environnement. 

Point n’est besoin de dire que dans la lutte contre le réchauffement climatique, le FFN est au cœur de l’action. Claude Nyamugabo a donc invité le personnel du Fonds forestier national à la paix sociale, au travail et à la sérénité. Le FFN a été créé en mai 2012, en vue de « rationaliser les recettes du secteur forestier ». Cependant, les recettes générées par le FFN ont toujours été en-deçà des assignations, à cause de la corruption et la fraude qui gangrènent le secteur. 

Lever les hypothèques 

À la suite de la Conférence de l’ONU sur le climat ou la COP24, le problème de gestion des forêts en République démocratique du Congo est redevenu d’actualité. C’est en tout cas ce que laissent croire les conclusions du Forum des parties prenantes sur la gestion durable des forêts et le processus des réformes de gouvernance forestière, organisé à Kinshasa du 6 au 8 décembre 2018. À l’issue de ce forum, des recommandations ont été formulées pour les décideurs. 

Des ONG à Kinshasa approuvent la démarche de sensibilisation du ministre de l’Environnement et du Développement durable, qui consiste à renouer le dialogue entre le gouvernement et les parties prenantes. Beaucoup de barrières, soutiennent ces ONG, restent à lever avant qu’un projet de gestion durable des forêts et de bonne gouvernance forestière ne devienne réalité en RDC. De juin 2002 à février 2007, puis en février 2018, le moratoire (d’interdiction de coupe) sur la conversion des titres forestiers en contrats de concession forestière a été violé. En 2017, les défenseurs de forêts ont organisé une conférence à Kinshasa et ont fait le constat selon lequel la RDC est en mal pour mettre de l’ordre dans le secteur de la forêt. L’autorité de l’État est bafouée avant tout par ceux-là mêmes qui devraient la rendre effectif. 

Les forêts de RDC jouent un rôle crucial dans la régulation du climat dans le monde. Elles constituent l’un des poumons de notre planète, encore relativement intact, avec une très grande dépendance en moyens de substance et d’existence pour des populations locales et des peuples autochtones. Si les coupes forestières se poursuivent au rythme actuel, le pays risque de perdre 40 % de ses forêts dans les 40 prochaines années. L’exploitation des concessions a des répercussions environnementales, notamment dans la zone des tourbières (145 000 km²). Les tourbières qui consacrent près de 30 milliards de tonnes de carbone, ne peuvent rendre service à l’environnement que quand elles sont gardées humides et intactes.

Les états des lieux

Le forum des parties prenantes de décembre 2018 avait pour objectif de faire les états des lieux de la gestion durable des forêts et de la gouvernance forestière en RDC, de partager et consolider les informations pertinentes sur les initiatives existantes de contributions aux réformes en cours (révision du code forestier, politique forestière, réflexion sur le moratoire). Mais aussi de produire la note de contribution en termes de consensus minima sur base des initiatives de contribution aux réformes forestières existantes, et bien évidemment d’identifier et formuler pour les décideurs des stratégies ainsi que des recommandations pertinentes pour la gestion durable des forêts en RDC.

Les participants qui ont clarifié et actualisé les données du problème, ont produit un Mémo destiné au président, au gouvernement et aux parlementaires issus d’élections de décembre 2018 sur la nécessité de préserver et de gérer durablement les forêts de la RDC. Selon les données du ministère de l’Environnement et du Développement durable, la RDC dispose d’une superficie forestière estimée à 155 millions d’ha. Par ailleurs, le pays est doté d’immenses ressources naturelles qui sont un atout indéniable pour assurer son développement socioéconomique harmonieux, à condition que ces forêts soient gérées durablement, avec une gouvernance améliorée, en intégrant dans la mesure du possible toutes les parties prenantes dans le processus de prise de décisions concernant les ressources naturelles, en particulier les ressources forestières.

À ce jour, on estime que les forêts de RDC peuvent jouer un rôle économique, environnemental, social, culturel majeur si des mesures d’assainissement efficaces (courageuses, inclusives et méthodiques) du secteur forestier sont mises en œuvre. Dans le passé, Joseph Kabila Kabange, alors président de la République, avait promulgué la loi n°011/2002 du 29 août, portant code forestier pour régir la gouvernance forestière en RDC. Mais son application pose problème. 

C’est ainsi que les observateurs avertis en appellent à sa révision pour le mettre en phase avec l’évolution des circonstances et des thématiques émergentes ayant une incidence réelle sur les forêts. Les mêmes observateurs soulignent la nécessité d’une politique forestière qui aurait pu se mettre en place avant même l’adoption du code forestier.