Comment faire de Bandundu un hub de développement ?

Une dizaine de ressortissants de cette ville de l’Ouest se sont constitués en association momentanée pour promouvoir son image à l’extérieur et au pays. Pour le moment, ils font l’inventaire de ce que cette agglomération a comme atouts pour son décollage économique.

 

D’anciens cadres de la territoriale, tous des natifs de la ville de Bandundu, réfléchissent sur l’avenir de cette localité. Ils caressent le rêve d’en faire un hub de développement. D’après Yvon Muwenga, l’un des treize membres du Groupe de réflexion pour le devenir de la ville de Bandundu, le travail d’inventaire des opportunités de développement touche à sa fin. À partir de l’année prochaine, les membres du groupe vont se lancer dans une campagne de plaidoyer. Le premier atout de développement de Bandundu c’est sa position géographique. « Nulle part dans le pays, une ville n’est baignée par trois cours d’eau (le Kwilu, le Kwango et le Kasaï) comme le chef-lieu de l’ex-province du Bandundu. Grâce à ces trois cours d’eau poissonneux et navigables, la ville est reliée à la capitale. Cette position géographique est propice à une pêche industrielle. L’implantation d’une pêcherie contribuera à coup sûr à assurer la sécurité alimentaire de la population », explique Yvon Muwenga.

Par ailleurs, Bandundu se trouve entre, Kinshasa et Mbandaka, chef-lieu de l’ex-province de l’Équateur. C’est également une opportunité de développement dans la mesure où les projets réalisés à Mbandaka auront une incidence sur Bandundu. La voie ferrée destinée à relier Kinshasa à Mbandaka passera par Bandundu. Dans le cadre du transport du courant électrique entre Inga et Shaba, il avait été prévu l’installation d’une station de soutirage à Mbandaka. D’après un membre de ce groupe, cadre à la Société nationale d’électricité (SNEL), Bandundu aurait dû en bénéficier si ce réseau n’avait pas été détourné au profit de Kinshasa.

Le rêve d’une mégapole

Alors que de nombreuses villes du Congo sont à la merci des érosions, des éboulements et d’autres catastrophes liés à l’état du sol, Bandundu est construite sur une terre ferme. Elle peut s’étendre avec la vocation de devenir une grande agglomération. Des ingénieurs en bâtiment encouragent l’utilisation de matériaux moins coûteux, notamment la brique de terre stabilisée et la brique en argile cuite pour la  construction. La brique cuite avait fait ses preuves à l’époque coloniale dans la construction des missions catholiques, souligne Yvon Muwenga. « Notre ville dispose d’immenses carrières d’argile. Si les hommes d’affaires s’y mettent, il n’est pas impossible d’imaginer que l’argile puisse un jour donner lieu à une véritable industrie de la brique cuite ».

Avec un sol fertile, surtout dans ses abords vers Ito et Mushie Pentane, cette localité a toujours été considérée comme une contrée favorable à la culture de la canne à sucre. Si le projet de la sucrière de Mushie Pentane se précise, Bandundu deviendrait une zone industrielle avec la transformation de la canne à sucre en sucre et en produits dérivés. Un autre atout, pas des moindres, pour l’industrialisation de cette localité, c’est son réseau électrique. L’énergie électrique conditionnant le développement industriel, la SNÉL en a à revendre à Bandundu qui n’en profite pas assez. Le Groupe de réflexion pour le devenir de cette ville exhorte ses ressortissants à faire preuve de dynamisme afin d’inciter les hommes d’affaires à investir dans l’industrie légère.

Le groupe lorgne les Libanais, les Indiens, les Pakistanais et les Chinois. « Pourquoi n’iraient-ils pas y implanter des usines, notamment de plastiques, alors qu’il y a une grande clientèle qui se rend à Kinshasa pour s’approvisionner en produits plastiques et autres ? », se demande Yvon Muwenga. « Il faut sans doute les y intéresser d’une façon ou d’une autre, en commençant par les informer des opportunités locales », souligne-t-il. Le groupe de réflexion déplore l’arrêt depuis plus de vingt ans de la seule unité industrielle de la ville : la Société des brasseries de Bandundu (SOBRABAND). Bandundu n’est pas une ville exclusivement administrative et commerciale ; elle a la vocation de devenir un important pôle de développement économique. Pour atteindre cet objectif, elle devra compter sur « sa jeunesse si dynamique, si industrieuse, si imaginative, si volontariste ». Pour que cette jeunesse participe effectivement au développement de sa ville, il faut un encadrement responsable. Et c’est ici qu’intervient le rôle des dirigeants placés à la tête de la ville ou des personnes qui la représentent au Parlement.