Conditions d’exercice précaires

Dans le pays, il y a comme pratiquement autant d’UPI que de ménages. C’est dire l’importance économique des activités informelles pour la population, surtout en milieu urbain. En moyenne, chaque ménage urbain tire tout ou partie de ses revenus en dirigeant une unité de production informelle. Environ 10 % de ces unités informelles sont dirigées par des personnes dans le cadre de leur emploi secondaire. Lorsqu’elles sont ainsi associées à un emploi secondaire, le chef de l’unité de production exerce pour un tiers des cas son emploi principal dans le secteur formel.

Le secteur informel est alors perçu comme un complément de son activité formelle. Dans ce cas, l’activité secondaire est majoritairement une activité de services, dans la plupart des cas.

Par ailleurs, l’absence de numéro d’identification fiscale apparaît comme le critère le plus déterminant d’appartenance au secteur informel, puisque 98,9 % des unités de production informelles n’en disposent pas. Lorsqu’une micro-entreprise est référencée par l’État, elle tient généralement une comptabilité. Les commerces informels sont spécialisés dans le commerce de détail hors magasins (55,6 % à Kinshasa et 41,6 % dans les autres villes), en particulier dans la vente de produits agro-alimentaires à destination des ménages Dans l’industrie, la transformation de produits agro-alimentaires concentre près de 40 % des activités aussi bien à Kinshasa que dans les autres villes provinciales. En ce qui concerne les services, la restauration et les transports (taxis, taxis-bus, bus) constituent également des activités importantes (26,4 % des établissements de services informels à Kinshasa et 29,5 % pour les autres centres urbains).

Selon une enquête nationale de l’Institut nationale de la statistique (INS), d’il y a 12 ans, pour l’ensemble des agglomérations urbaines, le secteur informel est le principal employeur avec 77,1 % de l’emploi total. Les emplois commerciaux représentent environ 40 % des emplois informels alors qu’ils représentent moins de 7 % des emplois formels. Par ailleurs, les activités agricoles emploient 27,8 % de la main-d’œuvre informelle contre moins de 2 % de la main-d’œuvre formelle. Le secteur formel (privé et public) se rassemble davantage dans les branches de services (et notamment les services administratifs, au travers des emplois publics), avec 76,9 % des emplois. La spécialisation par branche des emplois dans les deux secteurs (formel et informel) tend ainsi à montrer qu’ils sont plutôt en situation de complémentarité que de concurrence directe.

À Kinshasa, le secteur informel reste le principal pourvoyeur d’emplois malgré le caractère administratif de la capitale : les UPI y emploient 70,9 % de la main-d’œuvre totale, dont la moitié dans le petit commerce. Kinshasa compte donc en proportion presqu’autant d’emplois dans l’informel que pour les autres capitales d’Afrique de l’Ouest (76,2 % en moyenne pour l’UEMOA).

Le travail à domicile 

Plus de la moitié des UPI fonctionnent sans local professionnel spécifique et 31,2 % exercent leur activité à domicile. Le travail à domicile est même majoritaire pour les UPI industrielles (55 % des unités). Le commerce est la branche où l’on trouve les plus forts contingents d’activités non localisées (58,1 % des unités informelles commerciales sont abritées dans des installations de fortune, ambulants, postes fixes ou improvisés sur la voie publique, etc.). La précarité des locaux prive d’accès aux principaux services publics (eau, électricité, téléphone) la plupart des UPI.

Les secteurs des services (hôtellerie, restauration, réparation…) sont les mieux équipés sur le plan de l’accès aux services publics de base : près de la moitié des établissements informels de services disposent de l’électricité. Les raisons invoquées par les promoteurs d’UPI pour s’être mis à leur compte dans l’informel sont principalement pour obtenir un meilleur revenu (27 %) ou parce qu’ils souhaitent devenir leur propre patron (20 %), ou encore parce qu’ils ne sont pas parvenus à trouver un emploi de salarié dans le secteur formel (13 %) ou informel (13 %).