Des hommes d’affaires congolais en route pour la Belgique

Une délégation d’entrepreneurs des secteurs banquier, des télécommunications et des assurances est attendue à Bruxelles et à Luxembourg à l’initiative de la représentation économique et commerciale à Kinshasa des régions bruxelloise, flamande, wallonne et luxembourgeoise.

Le Premier ministre et le vice-Premier ministre belge.
Le Premier ministre et le vice-Premier ministre belge.

Pendant une semaine, soit du 24 au 31 octobre, la mission économique congolaise aura du pain sur la planche en Belgique et au Luxembourg. « C’est l’occasion de rencontres personnalisées avec plusieurs sociétés et décideurs belges et luxembourgeois des secteurs concernés », affirme Jérôme Roux, conseiller économique et commercial près l’ambassade de Belgique à Kinshasa.  L’objectif, souligne-t-il, est de faire connaitre aux hommes d’affaires belges et luxembourgeois les opportunités qu’offre la République démocratique du Congo dans des domaines comme les télécommunications, la banque et les assurances. Mais également de chercher à favoriser des partenariats  concrets entre les opérateurs économiques des trois pays.

Les hommes d’affaires congolais auront ainsi  l’occasion de parler à leurs interlocuteurs, par exemples, des possibilités d’investissement dans le secteur des télécommunications, qui connaît une croissance du nombre d’abonnés à la téléphonie et à l’Internet mobiles. Selon le bulletin d’actualité économique Beltrade, publié par la mission économique et commerciale, les abonnés, qui étaient 158 000 en 2001, sont passés à 37,383 millions en 2014. Le bulletin indique, par ailleurs, que la téléphonie rurale en République démocratique du Congo représente un marché  potentiel de 35 millions de clients supplémentaires. En quinze ans, signale la même source, le secteur de la téléphonie a réalisé une performance allant de 300 000 à 35 millions de clients.

Les opérateurs économiques congolais du secteur pourront expliquer à leurs hôtes l’offre de service à valeur ajoutée par les réseaux de troisième génération (3G), le Mobile Banking et le Mobile Payment en République démocratique du Congo. Le nombre d‘abonnés à l’Internet mobile a dépassé les 6 millions en 2014, soit dix fois plus qu’en 2012. Cela représente un taux de pénétration de 7 %.

Autre opportunité offerte par le secteur : la fibre optique. Le réseau à fibre optique remonte à 2013. Une liaison souterraine de 637 lignes relie la ville  de Muanda, dans l’ex Bas-Congo, à Kinshasa. Il s’agit d’une liaison reliée au câble  sous-marin à très large bande  West Africa Cable System (Wacs) allant  de l’Afrique du Sud à l’Europe via l’Afrique occidentale. En République démocratique du Congo, le nombre d’opérateurs de téléphonie mobile a doublé depuis 2012. Les premiers opérateurs ont pour noms Vodacom, Bharti Airtel et Tigo. Depuis 2014, trois autres se sont ajoutés à la liste : Orange RDC, Africell et Yozma Timetiurns (orthographe à vérifier).

 Banques en croissance

Des  opportunités d’affaires s’offrent également dans le secteur bancaire qui, à en croire des spécialistes, est en pleine croissance. En 2010, la RDC comptait six banques commerciales avec 50 000 comptes bancaires et un bilan de 200 millions de dollars. En 2015, précise le bulletin Beltrade, le nombre des comptes bancaires s’élève à 3 millions. Bilan des dix-huit banques présentes : 4 milliards de dollars. La bancarisation de la paie des fonctionnaires lancée  fin 2011 – plus d’un million de personnes – a été le principal moteur de l’augmentation du nombre des comptes bancaires. Près de 87 % des dépôts bancaires et 75 % des prêts sont détenus en devises étrangères, principalement le dollar, dans le système bancaire congolais. Mais il y a, dans le système, des risques liés à l’épargne et qui concernent les saisies arrêts opérés par les tribunaux. Ce qui pousse les opérateurs économiques privés à investir directement leurs profits ou à les rapatrier. Le cadre réglementaire étant  problématique, les banques ne peuvent pas, par conséquent, se prévaloir des pertes sur des crédits non remboursés au titre de déductions fiscales, les pertes étant augmentées de taxes.

La République démocratique du Congo présente en outre, dans le cadre du financement de petites et moyennes entreprises et industries, quelques opportunités. C’est le cas de la recapitalisation à hauteur de 30 millions de dollars la Société financière de développement (SOFIDE). Autres pistes : les lignes de crédit accordées aux banques locales par des agences internationales  telles que la Société financière internationale, filiale de la Banque mondiale ; l’Agence française de développement et la Banque européenne d’investissement.

La loi sur le crédit-bail adoptée cette année résout en partie la question du financement à moyen terme  des PME/PMI. Cette loi s’inscrit dans le cadre  de l’Organisation pour l’harmonisation du droit  des affaires en Afrique (OHADA). Le secteur bancaire offre en plus des services et produits depuis 2010. C’est le cas du guichet  automatique bancaire qui facilite l’utilisation de la monétique et de la télé-compensation en ligne des opérations bancaires  mise sur pied par la Banque centrale du Congo. Les transactions en monnaie nationale sont, par ce mécanisme, facilitées sur tout le territoire national. Il en est de même de la gestion automatique des paiements en devises étrangères et des mouvements des capitaux entrants et sortants.

Dans le domaine des assurances, les hommes d’affaires devront aussi évoquer  le potentiel du marché des assurances qui, actuellement, avoisine les 2 milliards de dollars. Le nouveau code des assurances, promulgué cette année, ouvre le marché à la concurrence. Cette loi oblige les entreprises et les individus à souscrire une assurance locale.

Aussi, la BCC a signé, début juin, un partenariat d’assurance avec l’Agence pour l’assurance du commerce en Afrique (ACA ). Ce partenariat  pourra permettre aux banques commerciales de réduire de 50 % les risques encourus en accordant des crédits à leurs clients.

La mission d’hommes d’affaires congolais intervient un mois après celle des entrepreneurs belges, qui avait été conduite par Jean-Claude Marcourt, ministre de l’Économie, de l’Industrie et de l’Innovation numérique et de l’Enseignement supérieur. La délégation belge avait, à cette occasion, noué des partenariats avec des Congolais, notamment en matière d’amélioration de la qualité de l’eau et d’énergie.