Hydrocarbures : la source d’espoir du développement de la RDC

Toutes les attentes sont désormais tournées vers ce secteur qui, s’il tient ses promesses, est susceptible de contribuer énormément au décollage de l’économie nationale.

Crispin Atama Tabe, ministre des Hydrocarbures. (DR)
Crispin Atama Tabe, ministre des Hydrocarbures. (DR)

Placée sous le thème « les Hydrocarbures, un nouveau levier de développement en RDC », la journée a permis de mener une profonde réflexion sur les différents segments du secteur pétrolier national. Le ministre des Hydrocarbures, Crispin Atama, a, par la même occasion, indiqué que son ministère allait bientôt intensifier les activités d’exploration-production des ressources pétrolières et gazières ainsi que d’approvisionnement en produits pétroliers, sur toute l’étendue de la République. Après la domination du secteur agricole et le boom minier des années 1980, a-t-il fait remarquer, les donnes ne sont plus les mêmes. L’exploration pétrolière des trois bassins sédimentaires renseigne la présence des potentialités énormes en hydrocarbures, dont la mise en production fera effectivement du secteur, le nouveau levier de développement de la RDC. Il a souligné qu’avec la production marginale du bassin côtier, le secteur se classe parmi les grands pourvoyeurs de l’Etat, en recettes financières, avec une contribution au budget de l’Etat de plus de 400 millions de dollars, pour une production d’à peine 25.000 barils par jour.

Crispin Atama a indiqué que son ministère allait bientôt intensifier les activités d’exploration-production des ressources pétrolières et gazières ainsi que d’approvisionnement en produits pétroliers, sur toute l’étendue de la République.

A l’en croire, la RDC dispose d’un potentiel important, à travers ses bassins sédimentaires qui font l’objet d’intenses campagnes de recherche par les experts du ministère, depuis 2012. Parallèlement à ces travaux de recherche, des sociétés pétrolières en contrat poursuivent l’exploration de grande envergure dans les blocs pétroliers leur attribués. La sismique effectuée par Oil of DRC, dans les blocs I et II du Graben Albertine, présente les ressources pétrolières estimées à plus ou moins 3 milliards de barils. Ces ressources, une fois confirmées par les travaux supplémentaires de forage et sismique 3 D, permettrait à la RDC de réaliser 75.000 barils, par jour.

Un comité de « local content »

Pour mieux tirer profit des ces opportunités, il a institué un comité de « local content », un ensemble de retombées économiques et sociales induites par l’activité pétrolière en RDC. La mise en place de cette structure va favoriser, selon le ministre, la participation des entreprises nationales ayant l’expertise d’arriver dans la sous-traitance pétrolière, de l’amont à l’aval. C’est dans ce cadre qu’il a invité les Petites et moyennes entreprises (PME) et Petites et moyennes industries (PMI) congolaises, à s’intéresser au secteur des hydrocarbures.

Source de richesse

D’autres exposés ont été faits au cours de cette journée, notamment celle de l’Administrateur directeur général ai de la Cohydro, Liliane Ilunga Kayumba. Elle a exposé sur « l’apport de la Cohydro dans le secteur des hydrocarbures ». Pour Liliane Ilunga, « les hydrocarbures sont une source de richesse. Elle génère des revenus considérables pour l’Etat, à titre de fiscalité et de dividende et elles présentent un intérêt stratégique pour la sécurisation du pays. » C’est dans cette optique que l’Etat a créé sa société pétrolière nationale, à l’instar des autres pays africains, producteurs de pétrole, a-t-elle expliqué. Elle a rappelé que cette société existe « dans le but de faire face à la situation de monopole entretenue dans le pays par les filiales des multinationales opérant dans le secteur de la distribution des produits pétroliers. » Par la suite, « dans le souci de maîtriser l’exploration et l’exploitation des ressources pétrolières du pays et de constituer une expertise nationale en la matière, le gouvernement a favorisé l’entrée de la Cohydro dans l’amont pétrolier, par l’acquisition des actions dans les entreprises opérant dans ce secteur. Parmi les missions confiées à la société, elle a cité « la recherche, l’exploitation et la production des hydrocarbures dans les bassins sédimentaires du pays ; la commercialisation du pétrole brut de la société ; l’implantation et le développement de l’industrie de raffinage, de pétrochimie et de production des biocarburants, seule ou avec des partenaires nationaux ou étrangers ; les activités de stockage et de transport des produits pétroliers, la distribution commerciale : importation, exportation et commercialisation des produits pétroliers et dérivés et la prise de participations dans les sociétés du secteur des hydrocarbures et la création des filiales. » Dans l’amont pétrolier, elle réalise, en association avec les sociétés pétrolières multinationales, les travaux d’exploration et de production des hydrocarbures dans les bassins sédimentaires. Depuis 2002, elle produit du pétrole brut dans le bassin côtier, en association avec le groupe Perenco. En ce qui concerne l’exploration pétrolière, la Cohydro participe, depuis 2006, aux travaux d’exploration dans les différents bassins sédimentaires du pays, en association avec les sociétés multinationales qui ont signé des contrats de partage de production (CPP). Il s’agit, entre autres, de Surestream (bloc Yema-Matamba et Makanza), Eni (bloc Ndunda), Energulf (bloc Lotshi), Soco EP-DRC (bloc V dans le graben albertine). Dans l’aval pétrolier, sa contribution s’exprime en termes d’approvisionnement du pays en produits pétroliers, du transport des produits vers l’intérieur et de l’implantation des infrastructures pétrolières de stockage et de distribution à travers le territoire national. Sa flotte fluviale représente 58 % de la capacité de transport fluvial de toute la profession pétrolière. Elle possède dix-huit wagons-citernes et un camion-citerne. En ce qui concerne le stockage, elle est propriétaire de quatre dépôts de plus de 23.000 m3. Elle détient des actions dans le capital social des sociétés de production ainsi que dans la société de service SEP-Congo. Pour leur part, les opérateurs privés du secteur « aval pétrolier » ont profité de cette rencontre pour dénoncer les « discriminations » dont ils seraient victimes. Ils ont affirmé payer 22 dollars le m3, au titre de droit de passage des produits dans les installations SEP. Ils ont plaidé pour la suppression de certaines taxes qui gonflent inutilement la structure de prix, la redevance informatique dans le système Sidonia, mis en place par la Direction générale des douanes et accises, l’accès au crédit bancaire par le bénéfice de conditions favorables etc. Le collectif des PME-PMI a également fait un plaidoyer en faveur de la promotion des importations destinées à l’intérieur du pays et l’implantation des infrastructures des infrastructures d’acheminement et de commercialisation (pipelines, barges et stations-services).


Frontières maritimes RDC-Angola : dans l’attente d’une harmonisation des vues  Les experts angolais et congolais vont se retrouver à Kinshasa, courant août, pour harmoniser les vues sur le développement des activités pétrolières dans l’offshore. L’annonce a été faite le 9 août par Crispin Atama Tabe, à l’occasion de la « Journée des hydrocarbures » organisée à Kinshasa. Il s’agit, pour les deux parties, d’avoir le même entendement sur les termes de référence dans le dossier controversé, portant délimitation des frontières maritimes entre les deux pays. Le contentieux porte respectivement sur les blocs 1,15 et 31 que la RDC revendique, au titre de prolongement naturel de son territoire. Pour rappel, un premier accord entre les deux pays avait été négocié, en 2003 et revisité en 2007. Il portait sur le développement commercial de l’exploration-production pétrolière dans la zone d’intérêt commun de recherche d’une longueur de 10 km sur 375, sur l’océan. C’était un premier pas dans la résolution du contentieux relatif à l’exploitation des hydrocarbures, au large du littoral congolais. Avec la reprise des pourparlers, les deux parties semblent se rapprocher pour aplanir leurs divergences.  La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, signée en 1982 à Montego Bay, précise que les États côtiers disposent de droits souverains sur l’exploitation des ressources du sol et du sous-sol des fonds marins, notamment les ressources en hydrocarbures.