Jusqu’où irait le boycott de Huawei par les sociétés américaines ?

Le géant chinois n’a plus le droit de préinstaller les applications phares de Facebook sur ses smartphones. Selon des analystes, cela pourrait avoir des effets sur les ventes du constructeur chinois, surtout dans les marchés émergents. Après Google, Facebook, Twitter et Booking pourraient suivre.

APRÈS Google, c’est le tour de Facebook de lâcher Huawei. Le 7 juin, déjà, Reuters a annoncé que Facebook n’autorisait plus le géant chinois à préinstaller sur ses terminaux les diverses applications détenues par la firme californienne (Whatsapp, Instagram, Messenger et bien sûr Facebook). Auparavant, les smartphones Huawei embarquaient, dès le premier allumage, ces applications populaires. Désormais, les futurs clients de la marque chinoise devront les télécharger une à une. Reuters a ajouté que le Facebook ban s’applique à tous les mobiles pas encore sortis d’usine. 

Mettre la pression

Twitter et Booking, également installés par défaut sur les mobiles Huawei, pourraient suivre. Un coup dur. Mieux une estocade de plus portée au géant chinois dans un contexte de guerre économique entre les États-Unis et la Chine, les deux premières puissances mondiales. Mi-mai, Donald Trump, le président américain, plaçait la firme chinoise sur la liste noire des entreprises « à risque » pour la sécurité de son pays. Dans la foulée, Google annonçait qu’il n’équiperait plus les mobiles de Huawei de son système d’exploitation Android. Sans nouvelles avancées dans les négociations entre Washington et Pékin, les futurs clients de la marque n’auraient pas accès à Google Play, le marché d’applications d’Android. Expirant en août, un délai de trois mois a été accordé aux entreprises américaines pour se préparer à l’après-Huawei.

En prenant les devants deux mois avant terme, Facebook vient d’accentuer la pression sur le géant chinois, deuxième vendeur de smartphones au monde avec 200 millions d’unités écoulées en 2018. De quoi mettre en péril les ventes du groupe? La préinstallation est un raccourci, une mise en avant qui facilite l’expérience de l’utilisateur. Les geeks contourneront facilement l’obstacle et téléchargeront l’application en quelques clics. Mais pour la masse des utilisateurs, qui ignore ces manipulations, l’absence d’un Facebook préinstallé peut s’avérer gênante, soulignent des analystes.

Une gêne qui se ferait surtout ressentir dans les marchés émergents, en Afrique notamment, où Huawei opère dans quarante pays. Au Maroc, les études montrent que les utilisateurs se concentrent autour des grands réseaux sociaux et sont peu enclins à essayer de nouvelles plateformes, explique cet analyste du marché marocain des smartphones. Ici plus qu’ailleurs, un problème avec Facebook pourrait fortement impacter les ventes de Huawei. Car les gens vont commencer à se poser des questions. 

Après Facebook, qui va suivre? WhatsApp? Instagram? Depuis l’annonce d’Android, les revendeurs de téléphone parlent déjà d’une réticence des clients à acheter les produits Huawei. Une réticence qui s’expliquerait par le comportement des consommateurs. Aujourd’hui, tous les constructeurs se bagarrent sur l’expérience utilisateur. Elle doit être la plus simple, la plus limpide possible, adaptée à des comportements « paresseux ». Quand il a le choix entre deux smartphones, le client se dirigera toujours vers celui qui est immédiatement prêt à l’emploi. 

La réaction de Huawei

Dans un communiqué, la maison mère a certifié que Facebook peut « être installée et utilisée sans problème » sur les téléphones de la marque. Dans ses déboires, la firme de Shenzhen pourra néanmoins compter sur un soutien de choix. En effet, selon le Financial Times, Google a alerté la Maison-Blanche sur les effets pervers de « l’US Ban ». Selon le groupe de Mountain View, la stratégie qui consiste à priver Huawei de mises à jour et de patchs revient à laisser proliférer les bugs et les failles de sécurité sur le système d’exploitation Android. Ce qui le rend vulnérable aux attaques des hackers. Une situation dangereuse pour la sécurité intérieure américaine, précisément celle dont Donald Trump voulait se prémunir en plaçant Huawei sur sa liste noire.

Huawei explique que Facebook, Messenger, WhatsApp et Instagram continuent de fonctionner normalement sur ses smartphones. La décision de Facebook de s’éloigner de Huawei et de plus autoriser l’installation par défaut de ses applications n’a en fait que très peu d’impact. Certains utilisateurs se sont alors inquiétés du fait de ne plus pouvoir utiliser les applications de l’écosystème Facebook sur leur mobile Huawei ou Honor. « Tous les smartphones et tablettes Huawei déjà vendus ou ceux disponibles à la vente pourront utiliser et télécharger ces applications normalement ».

Et si vous envisagez d’acheter un smartphone ou une tablette de la marque, il est possible que Facebook, Messenger, WhatsApp et Instagram ne soient pas installés par défaut. Mais ce n’est pas un problème : vous pouvez les télécharger et les installer vous-même via le Google Play Store ou en récupérant le fichier APK des applications via un site comme APK Mirror. Le président américain est prêt à réduire les sanctions envers Huawei, si les négociations avec la Chine avancent. Reste à savoir si un accord pourra être trouvé entre les deux puissances en ces temps troubles et tendus. Donald Trump confirme que Huawei semble être une victime collatérale et un moyen de pression dans la guerre commerciale opposant la Chine aux États-Unis.