La maternelle s’installe dans les écoles publiques

Le monopole, de fait, des privés est brisé dans ce tout premier cycle de l’enseignement national, avec l’entrée en scène des établissements étatiques qui présentent l’avantage d’un coût réduit des frais.

Les enfants de l’école maternelle clôturant leur année scolaire dans une école privée de Kinshasa. (DR)
Les enfants de l’école maternelle clôturant leur année scolaire dans une école privée de Kinshasa. (DR)

L’école primaire 7, dans la commune de Ngiri-Ngiri, est l’une des toutes premières écoles à avoir mis en œuvre les nouvelles dispositions. Selon le directeur de cet établissement public, depuis l’année scolaire 2013-2014, l’enseignement maternel a été intégré au programme. D’autres écoles voisines, notamment les écoles primaires 8 et 13, lui ont emboîté le pas, en ouvrant la section maternelle, cette année. Longtemps considérée comme la chasse gardée des écoles privées agréées, la section maternelle est désormais opérationnelle dans les écoles publiques du pays, suite à la décision prise par le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel, Maker Mwangu Fwamba, qui met en application la loi-cadre de l’enseignement national du 11 février 2014 qui intègre la maternelle dans la filière officielle. Cette législation énonce notamment que « l’établissement d’enseignement maternel est le lieu où est dispensé l’enseignement préscolaire pour les enfants de 3 à 6 ans non accomplis. »  La création de ces établissements publics d’enseignement maternel relève de la compétence concurrente du pouvoir central et des provinces, avec pour but « d’assurer l’épanouissement de la personnalité de l’enfant, par une action éducative, en harmonie avec le milieu familial, social et environnemental. » De ce fait, « il concourt essentiellement à l’éducation sensorielle, motrice et sociale de l’enfant et à l’éveil de ses facultés intellectuelles, le préparant à accéder à l’enseignement primaire. »

La fin d’un monopole de fait   

Les écoles privées prennent les parents pour des vaches laitières en leur demandant des montants exorbitants en guise de frais scolaires, surtout en maternelle.

Espérant Mukoko,
enseignant

La décision du ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel a été accueillie favorablement par les enseignants du primaire. Espérant Mukoko est de ceux là. Pour lui, la reforme va progressivement, mettre fin à de nombreux abus constatés dans les écoles privées. « Ces écoles prennent les parents pour des vaches laitières, en leur demandant des montants exorbitants en guise des frais scolaires, surtout en maternelle », dit-il. Un autre enseignant de l’école primaire 8, à Ngiri-Ngiri, soutient que « la chance est donnée à tous les enfants des plus démunis à fréquenter aussi l’école maternelle pour être préparés à affronter le cycle primaire sans difficultés.» Le directeur de cette école espère recevoir dans les deux années qui viennent, un nombre important d’enfants au cycle primaire. « La section maternelle est considérée comme une pépinière. Tous les enfants qui vont y finir leur cycle intégreront directement nos écoles primaires. C’est ce qui a fait la force de plusieurs écoles privées. Pourtant, la qualité de l’enseignement dans ces écoles privées, à quelques exceptions près, n’est souvent pas à la hauteur », note-t-il.

Frais scolaires à la portée de tous    

Les frais scolaires, au niveau de la maternelle, tels que fixés par les écoles publiques restent relativement à la portée du plus grand nombre des parents. A l’école maternelle de la Gombe, ils s’élèvent à 120 dollars, pour toute l’année scolaire. En sus, les parents ne paient que 6 000 francs, pour le tablier de l’enfant. Dans les écoles primaires de Ngiri-Ngiri, ces frais sont fixés à 100 000 francs pour toute l’année, plus 3 500 francs, pour le tablier et l’insigne de l’enfant. Une enseignante de la maternelle, de l’école à la Gombe, affirme qu’il n’y a pas d’autres frais envisageables, en dehors de ceux-là. Les parents sont autorisés à acheter les fournitures demandées. Une autre éducatrice de l’école maternelle de Ngiri-Ngiri, confirme que, pour respecter la campagne « tous à l’école », aucun enfant n’ayant pas payé les frais ne sera exclu. Comparativement aux autres écoles privées, les frais dans le public sont jugés acceptables par les parents : Car, dans la majorité des cas, ils tournent autour de 300 et 500 dollars, sans compter les nombreuses et coûteuses fournitures. Dans les écoles maternelles privées de la commune de la Gombe, fréquentés par les enfants de nantis, les frais vont de 600 et 1200 dollars, sans compter les fournitures frais de fournitures.

INFO BOX

  • L’école maternelle de la Gombe est la toute première de ce type en République démocratique du Congo : elle a été ouverte en 1960.Créée par les Belges, elle était destinée à leurs enfants.