La poliomyélite en voie d’éradication grâce au financement extérieur

Sans l’appui financier conséquent des partenaires extérieurs de la République démocratique du Congo, le pays compterait beaucoup d’enfants atteints par cette épidemie.

Le gouvernement prend à coeur l’éradication de la polio. Ici, le Premier ministre et le ministre de la Santé.
Le gouvernement prend à coeur l’éradication de la polio. Ici, le Premier ministre et le ministre de la Santé.

VPI, pour dire vaccin antipolio injectable. C’est le sigle du nouveau vaccin contre le virus de la poliomyélite sauvage auquel il faut désormais s’accoutumer. Il  est  déjà disponible en République démocratique du Congo depuis avril, dans le cadre du Programme élargi de vaccination (PEV). La mise à disposition officielle a été faite  par le Premier ministre Matata Ponyo  à l’occasion de  la 5ème Semaine africaine de la vaccination, du 27 avril au 3 mai.  Cette introduction étant progressive, l’opération se poursuivra en septembre prochain et va évoluer parallèlement avec le vaccin oral contre la polio (VPO)  dont le retrait se fera aussi de façon progressive pour céder complètement  la place au VPI. Pour le chef d’antenne du Programme élargi de vaccination,  le docteur  Augustin Muteba, le VPI va aussi  jouer un rôle important dans la vaccination pour réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans, car il  a une bonne immunisation humorale. Il est équivalent au Vaccin antipolio oral  pour renforcer  l’immunité de la cavité buccale. Comme le VPO, il est aussi efficace pour  arrêter la transmission du virus de la poliomyélite sauvage qui menace la vie de l’enfant.

Zéro cas de polio en RDC

Contrairement à certains pays africains également engagés dans la lutte contre le virus de la poliomyélite sauvage comme le Cameroun, où cinq cas de ce virus ont été découverts,  la RDC , par contre,  après beaucoup d’efforts consentis, surtout par les bailleurs de fonds, a réalisé de grands progrès  et se trouve  sur la bonne voie pour l’éradication  complète de ce virus. Mais,  Jackie Matondo Nsimba, médecin et chef du service de la communication au PEV,  bien qu’optimiste, se réserve encore de parler d’une éradication complète du  virus en RDC en attendant la certification mondiale par le comité qui s’occupe de la lutte contre la polio. Elle signale quand même que le dossier de la RDC  est en cours d’étude par ce comité  mondial et espère  que  le pays RDC obtiendra cette certification parce que  la lutte contre la polio connaît une évolution très positive. Se référant à  la cartographie  vaccinale actuelle du pays, Jackie Matondo Nsimba affirme qu’aucun cas de virus n’a été détecté. Les cas de polio virus sauvage (PVS) sont passés de 13 en 2006 à 0 cas en 2012, 2013 et  2014. Alors qu’en 2010 et 2011 la sonnette d’alarme avait été tirée avec la découverte  de 93  et 100. Les cas de polio enregistrés au Cameroun n’inquiètent pas Matondo Nsimba, qui mise sur la surveillance continue des voyageurs provenant de ce pays au niveau des différentes  zones de santé nationales.  D’après elle, lorsque la cartographie vaccinale est bonne, la transmission ne sera pas facile même s’il apparaît des cas de virus parmi les enfants privés de vaccins par leurs parents, d’autant plus que  la population aura été de plus en plus immunisée.  Qu’à cela ne tienne, le PEV est déterminé  à atteindre une couverture vaccinale élevée en  introduisant  le VPI dans toutes les provinces  cette année.

Apport substantiel  de l’étranger

Les opérations de vaccination  contre la polio en RDC nécessitent beaucoup de moyens. Pour ce faire, le Programme élargi de vaccination  doit disposer d’un budget conséquent qui devrait en principe être  pourvu par le gouvernement.  Cependant, c’est le contraire qui s’observe dans la pratique. Le gouvernement  n’arrive pas à participer subséquemment à ce budget malgré toutes ses promesses d’accroître celui du  secteur de la santé. À ce propos, l’analyse de la situation financière faite dans « le Plan pluri annuel complet du PEV de la République démocratique du Congo, 2013-2015 révisé », révèle que l’écart reste encore grand pour atteindre 15% du budget national à réserver à la santé.  Ce pourcentage  oscille autour de 1 à 5% à ce jour.  Le gros des charges des activités de vaccination est supporté par des apports extérieurs. Les seules dépenses consenties par le  gouvernement ne concernaient que les salaires des agents du PEV. Aucune  dépense relative au fonctionnement n’a été prévue au budget. Exceptionnellement, précise le même document, en 2007 et 2008, des interventions sociales ont été menées pour le programme et en 2009 les salaires, le fonctionnement, les vaccins et l’appui à la campagne de vaccination ont été inscrits au budget.  Malgré cet effort, le PEV  déplore que la ligne budgétaire  « cofinancement », dans le cadre de l’introduction des nouveaux vaccins, ne soit toujours pas inscrite au budget. En guise d’illustration, ce document signale que le coût total du programme en 2011, considéré comme l’année de base,  s’est élevé à 164,653 millions de dollars dont 114,415 millions de dollars, soit 69,5% pour les activités liées à la vaccination de routine et  50,238 millions de dollars, soit 30,5% pour les campagnes de vaccination.  Dans le financement global du programme cette année, la part du gouvernement a été de 2,322 millions de dollars, soit 2,65% couvrant essentiellement les rémunérations des agents et le fonctionnement du programme. L’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation (GAVI)  prend la part la plus importante du financement du programme pour les achats des vaccins et seringues 64,441 millions de  dollars, soit 73,5%. Il a aussi financé pour 7,503 millions dollars, soit 8,56% pour les activités liées au renforcement de la chaine de froid et du fonctionnement du programme. Il est suivi de l’Unicef avec un montant de 4,565 millions de dollars, soit 5,21% pour les achats  de vaccins, seringues et autres intrants. L’OMS a mis la main à la poche avec 3,310 millions de dollars, soit 3,7% pour les activités liées notamment à la surveillance. La contribution la Banque mondiale  est estimée à 2,625 millions de dollars, soit 2,99%. In autre partenaire, l’USAID  a contribué à hauteur  de 2,184 millions de dollars, soit 2,49% pour l’appui au fonctionnement du programme.

Diminution progressive des besoins

Par rapport au coût global des besoins en ressources  évalués en  2013 à 181,010 millions de dollars, le programme élargi de vaccination constate que ses besoins en ressources ont diminué progressivement à partir de 2014 et 2015. Ils sont passés de 159,769 millions de dollars  pour l’année 2014 à 161,947 millions de  dollars en 2015. Cela porte ainsi le coût global à 502,727 millions de dollars pour les trois années  concernées.  Selon le Programme élargi de vaccination, le  décroissement de ses besoins s’explique par le fait que des gros investissements ont été planifiés en 2013.