La SNCC suspend le trafic ferroviaire entre Lubumbashi et Ilebo

Alors qu’elle se remet sur les rails grâce à un appui financier de la Banque mondiale, la société nationale relookée évoque le cas de force majeure du fait des conflits armés dans ses zones opérationnelles les plus lucratives.

Les faits qui se succèdent n’ont pas laissé indifférents les dirigeants de la Société nationale des chemins de fer (SNCC SA). Fin novembre 2016, un courrier a essuyé une pluie des flèches, à hauteur de la bourgade de Kongolo, de la part des pygmées opposés, voilà plusieurs mois, aux bantous-luba dans la province du Tanganyika. Sur l’axe, Lubumbashi-Kananga, quoique électrifié, un train a été intercepté à la mi-décembre 2016 sur la rivière Lubi, avant d’être relâché. Depuis, la SNCC SA  a eu vent d’une attaque de grande envergure des miliciens de Kamwena Nsapu qui font des menées subversives dans la région du Kasaï. La mesure du couvre-feu décrétée le 30 décembre 2016 sur la ville de Kananga, de 21 heures à 5 heures du matin, par le gouverneur de province, Alex Kande Mupompa, a dû sans doute dissuader l’entreprise à poursuivre ses trafics dans la région.

Politique prudentielle

Mieux vaut prévenir que guérir. La SNCC SA  a suspendu « provisoirement » la rotation des trains courriers entre Lubumbashi et Kananga suite au climat d’insécurité qui prévaut dans le territoire de Tshimbulu, bourgade situé à près de 30 km de Kananga, apprend-on du département nord de la Société nationale de chemin de fer. Les conditions sécuritaires autant pour les voyageurs que pour leurs biens que les trains courriers transportent, ne sont pas encore suffisamment garanties dans cette partie du Kasaï central, où les affrontements  entre les forces loyalistes et les miliciens de Kamwena Nsapu sont récurrents. La SNCC SA a préféré jouer à la prudence dans le souci de se mettre à l’abri d’une potentielle dégradation de la situation dans la région, font comprendre des sources autorisées du département nord de la SNCC SA. L’axe Lubumbashi-Kananga est pourtant la plus rentable du réseau SNCC SA. L’entreprise est dans un ambitieux projet d’acquisition progressif de 38 locomotives neuves de fabrication chinoise, dont 20 à acquérir sur fonds du gouvernement congolais, contre 18 sur financement de la Banque mondiale. Cette dernière soutient  financièrement le gouvernement de la RDC dans le projet sectoriel, Projet de transport multimodal (PTM).  La suspension du trafic sur la voie ferrée Lubumbsahi-Ilebo devrait pousser la SNCC SA à faire davantage du lobbying à travers son bureau syndical en vue de reprendre le monopole du transport des minerais dans la province du Katanga. Sinon que le gouvernement impose une taxe aux transporteurs des minerais par la voie routière qui les contraindrait à rétrocéder 30 % de ces recettes à la SNCC SA. Le gouvernement a accordé à la SNCC SA des exonérations des droits de douane et autres taxes qui représenteraient quelque 5 millions de dollars l’an. Une goutte d’eau au regard de ce que rapporte l’axe Lubumbashi-Kananga, selon des sources au département de la région nord de la SNCC SA.