La SNEL est frileuse sur le solaire

 Invité à l’Assemblée nationale, le directeur général de la Société nationale d’électricité a été peu enthousiaste à l’idée de développement de l’énergie solaire. Qui ne pourrait être efficace que pour des petits et moyens ménages. 

 

La Société nationale d’électricité (SNEL) dispose d’un projet qui consiste à alimenter en énergie les entreprises minières du Haut-Katanga à partir de la centrale photovoltaïque de Shilatembo, un village situé à près de 50 km de Lubumbashi, dans le territoire de Kambove. Pour mémoire, c’est ici que le tout premier 1ER  Ministre de la RDC, Patrice-Emery Lumumba, a été torturé,  tué  et plongé par un bain d’acide par ses tortionnaires belges en septembre 1960. Fin septembre 2017, à la faveur des assises des maires des villes d’Afrique sub-saharienne et à la convention des maires pour le climat et l’énergie (COM-SSA 2030) qui se sont tenues à Lubumbashi avec l’appui de l’Union européenne, la SNEL SA a, en effet, convié les minings de la région à financer les travaux de la centrale photovoltaïque de Shilatembo. 

Ancien directeur chargé de la gestion d’énergie électrique dans une entreprise minière (MMG) et ancien membre de la Commission énergie de la Chambre de mines/FEC avant sa nomination en juillet 2017 comme de DG de la SNEL, cet ingénieur civil électromécanicien est plutôt favorable à l’aboutissement des négociations entre, d’une part, la FEC/Mines et la SNEL SA et la société Eskom sur un contrat de fourniture du courant à la région minière de l’ex-Katanga. 

Énergies onéreuses 

Selon  l’Agence internationale de l’énergie renouvelable (IRENA), la biomasse est l’énergie renouvelable la plus abordable en moyenne (0,049 $/kWh), avec la géothermie et l’hydraulique (environ 0,058 $/kWh). L’éolien et le solaire restent les plus chers (respectivement 0,096 et 0,210 $/kWh). Cependant, cette différence tend à s’atténuer : il y a eu des réductions des coûts remarquables depuis 2014 avec des projets exemplaires (comme en Afrique du Sud) aujourd’hui concurrentiels avec des projets issus des combustibles fossiles. Après avoir pris part, fin avril, à Abu Dhabi, aux Émirats Arabes Unis, au Forum  international de l’Alliance solaire internationale, le ministre de l’Énergie et des Ressources hydrauliques, Jean-Marie Ingele Ifoto, a installé, fin mai, l’Institut national de l’énergie solaire (INES). 

Cette action s’inscrit dans le cadre de la visée stratégique du gouvernement, à savoir l’exploitation des énergies solaires, a-t-il indiqué. Une mission d’experts du gouvernement a déjà été dépêchée en provinces pour identifier les sites des premières centrales solaires pour une production de l’électricité à hauteur de 45 KW dans les six prochains mois, a renchéri le ministre de l’Énergie et des Ressources hydrauliques. Par ailleurs, le gouvernorat de la province de l’Équateur veut plutôt tenter l’expérience de l’énergie voltaïque en vue de l’électrification de la ville de Mbandaka. 

Le gouvernement central a déjà mobilisé, selon le Gouv’ de la province, des fonds pour ce projet. Dans le projet de loi de finances 2016, l’État a prévu 16.5 milliards de francs en vue notamment d’électrifier le chef-lieu de l’Équateur, rien n’est venu. Puis 3.5 milliards en 2017, pas de réalisation. L’électrification de Mbandaka ne figure pas dans le budget officiel 2018. Il sied de rappeler que la firme chinoise CREC a offert à l’État d’électrifier Mbandaka à partir d’Inga pour quelque 92 millions de dollars. Mais le projet n’a jamais connu de lendemain.

Keywell Solution Italia pour Kwango 

Voilà pratiquement trois ans qu’une délégation de Keywell Solution Italia conduite par son directeur général, s’est entretenue avec le  gouvernorat de la province du Kwango. La délégation de la firme italienne a présenté un projet de faisabilité (déjà bouclé) pour la construction des centrales photovoltaïques et la répartition de la production de ces centrales. Au total, 100 MW seront produits pour alimenter en énergie électrique les villes de Kenge et de Kasongo-Lunda (25 MW chacune), les cités de Kahemba et Feshi (20 MW) et la bourgade de Popokabaka (10 MW). 

La phase initiale du projet débutera par l’électrification du chef-lieu de la province du Kwango, Kenge, dont la centrale photovoltaïque sera construite à 7 km au Nord de la ville, dans la localité de Kingoma, chefferie de Pelende-Nord. Keywell Solution Italia n’a pas cependant annoncé la date du début des travaux ni leur durée, faute de convergence des vues avec l’administration provinciale. Le développement socioéconomique de la province du Kwango en particulier, et de toute l’ancienne province de Bandundu en général, piétine faute d’énergie électrique, alors que la province dispose d’une population plutôt active et essentiellement tournée vers les activités agropastorales. 

Voilà quasiment 7 ans que, dans le cadre de la Révolution de la modernité (nouvelle version du mégaprojet de Cinq chantiers lancé par Joseph Kabila Kabange avec le financement et l’appui technique chinois), la ville de Kenge, plus de 1 million d’habitants, attend jouir de quelque 56 MW de surplus de l’énergie d’Inga devant être soutirée de la ligne Bandundu-Maluku desservant le parc agroindustriel de Bukanga-Lonzo. Rien n’est venu à ce jour.

Incertitudes persistantes.

Par ailleurs, la connexion à la centrale hydroélectrique de Kakobola est loin d’être garantie, selon une source de la SNEL. Quoique les travaux de construction de cette centrale électrique par des Indiens à Gungu, dans la province du Kwilu, soient quasiment finis. Il ne resterait plus que, selon le ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques, les travaux de bétonnage, de raccordement des câbles ainsi que l’arrivée du transformateur principal. La centrale hydroélectrique de Kakobola qui a une capacité installée de 9 MW, va desservir les villes de Kikwit, Gungu et Idiofa… qui connaissent des difficultés d’accès à l’énergie électrique. Lancés en 2014, les travaux de construction de la centrale hydroélectrique de Kakobola ont coûté 55 millions de dollars.

L’autre projet d’électrification sur lequel la province du Kwango pourrait compter est celui d’Inga III. Mais le début des travaux de construction de cette centrale ne pourrait guère être fixé avant plusieurs mois. L’Agence pour le développement et la promotion du projet Grand Inga (ADEPI) a recommandé aux entreprises finalistes à la sélection du concessionnaire, en vue de la réalisation de la phase A, dénommée « Inga III », du Grand Inga, de se regrouper pour présenter un projet unique. Il s’agit, en fait, deux groupements finalistes, à savoir La China Tree Gorges Corporation représentée par Lu Guojun et la PROINGA, Accès espagnol, conduite par URS Brunner.