L’ONUDI a l’idée d’une usine de transformation en énergie biomasse à Kinshasa

Kinshasa ploie sous le poids des immondices de tous genres. Selon le représentant résident de l’agence onusienne, le projet nécessitera quelque 20 millions de dollars et pourrait être réalisé sur une période de quatre ans.

LA TRANSFORMATION de déchets solides permettra non seulement à la ville de Kinshasa de mener une politique environnementale efficiente mais aussi à contribuer à combler le déficit enregistré dans le secteur énergétique, a fait comprendre, Andreas Karner, le représentant résident de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI). D’après lui, 4 millions de dollars du budget seront affectés à l’environnement. « Le projet va s’attaquer premièrement à résoudre quelques défis auxquels est confrontée la ville de Kinshasa, notamment les difficultés de la collecte des déchets dans une mégapole. Une fois que ces déchets arrivent sur le site, ils seront utilisés à bon escient pour leur transformation en énergie électrique », a déclaré le représentant de l’ONUDI en RDC. 

Ferme présidentielle de la N’Sele

Il sied toutefois de rappeler que l’expérimentation du biogaz méthane ou gaz domestique à base des excréments du bétail a été lancée, en 2011, à la ferme présidentielle de la N’Sele, dans la périphérie est de Kinshasa. Au cours de la même année, le gouvernement avait lancé le projet du système Bio économie intégré (BEI) avec l’appui le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et le Fonds international pour le développement agricole (FIDA). Ce projet consiste notamment à la production et à la vente du biogaz. À ce jour, même les excréments humains servent de matière première aux côtés des défécations des animaux et de la fiente des volailles. Il faut noter que d’autres matières peuvent également servir au biogaz dont les déchets végétaux, du bois mort, des résidus en plastiques, etc. La République démocratique du Congo dispose également d’un laboratoire de recherche sur le biogaz, qui est rattaché à l’université de Kinshasa. 

Selon, le PNUD, le biogaz, utilisé comme énergie, sert notamment à faire tourner les motos, les cuisinières et autres moteurs à gaz. Il peut servir également à l’éclairage. C’est pourquoi le PNUD veut aider la RDC à étendre la culture du biogaz à tout le territoire national, en associant des engrais biologiques pour obtenir plus de capacité énergétique. 

Pour cette agence de système des Nations unies, le biogaz a le mérite d’estomper, à long terme, le rythme de la coupe du bois.

Commercialisation 

Le ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques ainsi que celui de l’Agriculture gèrent la question du biogaz en RDC. Mais l’autorisation de l’installation d’une unité de biogaz en RDC revient au ministère ayant en charge l’énergie. En 2018, la redevance aurait rapporté près de 20 millions de nos francs, environ 20 000 dollars. Pour rappel, l’industrie du biogaz est encore à ses balbutiements en RDC. 

D’ailleurs, pour l’exercice 2019, l’État n’a avancé aucune prévision des recettes. Ce n’est qu’en 2017 que la RDC a encaissé ses premières dizaines de millions de francs sur le biogaz. 

Le ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques a, en effet, officiellement déclaré ses premières recettes sur le biogaz depuis que la taxe inhérente a été instaurée en février 2013. Selon la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et des participations (DGRAD), la taxe relative à l’autorisation d’installation des unités de biogaz a rapporté en décembre 2017 quelque 33 816 014 FC, alors même que le ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques, comme les années précédentes, n’y avait pas prévu des prévisions budgétaires. Mais l’énergie étant un des secteurs de plus enclins au coulage des recettes et ses corollaires (omission des prévisions budgétaires, fausses déclarations sur la clientèle, collaboration difficile avec la DGRAD, etc.), il est difficile de disposer des statistiques crédibles sur les producteurs de biogaz en RDC. Pourtant, le biogaz, comme technique de production d’électricité est en pleine expansion à travers le monde. 

En 2018, 26 foires et salons internationaux sur le biogaz se sont tenus dans 21 villes et 12 pays, dont six en Allemagne, quatre en France et deux en Chine. Le biogaz a un réel avantage pour l’environnement. Face à l’augmentation du volume des déchets rejetés par la population, il devient nécessaire de recycler ou bien de réutiliser nos ordures. De plus les énergies fossiles (pétrole, gaz naturel…) s’épuisent donc. Il faut trouver une nouvelle énergie renouvelable. 

La production de biogaz permet de valoriser les déchets organiques et donc d’éviter la pollution de l’environnement. L’utilisation de biogaz n’est pas seulement un avantage pour l’environnement, mais aussi un avantage pour la santé. Cuisiner au bois, au charbon et à d’autres combustibles sur des feux ouverts constitue la réalité quotidienne de plus de la moitié de la population mondiale. Or cette cuisine provoque une pollution de l’air à l’intérieur des habitations, ce qui fait courir un risque majeur de pneumonie. 

Une maladie qui tue plus de 2 millions d’enfants chaque année à travers le monde. Mais le coût de l’investissement est le premier obstacle à la mise en place de la production de biogaz.