Plaidoyer pour la culture de l’igname

Pour les nutritionnistes, cette filière  doit être exploitée et l’igame et intégrée  dans la nouvelle politique et  les stratégies agricoles en RDC. La production de ce tubercule devrait elle aussi être considérée comme essentielle pour la sécurité alimentaire au même titre que le manioc, la banane et la patate douce.

 

Face au dérèglement climatique, la RDC est appelée à formuler des programmes de diversification alimentaire et promouvoir certains produits vivriers à l’échelle nationale.  Actuellement, l’igname représente 1 % sur cette échelle, contre 73% pour le manioc,  8% pour la banane plantain,  4% pour le maïs,  2% pour le riz et   2% pour la patate douce,  selon les chiffres du  ministère de l’Agriculture. Le changement climatique n’est pas seul en cause pour justifier la nécessité promotion de l’agro-biodiversité. De nombreux projets nationaux et internationaux ont été initiés en faveur du manioc en raison de son importance sur le plan national : sélection des variétés locales résistantes, introduction et acclimatation de variétés étrangères. Le changement climatique mondial, d’après les spécialistes, apporte sécheresse et famine dans certains coins du globe. Les retards et l’insuffisance des pluies ont compromis les récoltes,  engendrant des chutes de production qui, quelquefois, sont compensées par des importations.

Promouvoir la culture de l’igname

Pour les tenants de la promotion de l’igname, cela trouve son fondement dans le fait que, selon les espèces et les variétés,  cette amylacée contient  jusqu’à  huit  fois plus de protéines et un pouvoir de conservation élevé par rapport au manioc. En plus, c’est  un aliment de base pour bon nombre d’habitants des régions forestières du monde, en  particulier en RDC. Pour  les nutritionnistes, une meilleure alimentation doit être variée. Un programme de diversification des tubercules alimentaires est plus que nécessaire pour  répondre à cette exigence nutritionnelle.  Dans la catégorie des avantages par rapport au manioc, l’igname combat la kwashiorkor et ne provoque ni le goitre, ni  nanisme ni aucune autre forme d’empoisonnement au cyanure comme le manioc mal roui. Il y a quelque temps, l’on a célébré l’année internationale de la pomme de terre puis On parle aussi d’’une année à consacrer à l’igname, pour marquer l’importance  de ces cultures  dans le cadre de la diversification des produits vivriers. Elles sont non seulement importantes sur le plan nutritionnel mais aussi sur le plan des revenus générés. En ce qui concerne la pomme de terre, 1 hectare cultivé  peut donner 4 ,5 voire 6 fois plus que le capital initial. Il en est de même pour l’igname qui peut produire 20 à 40 tonnes à l’hectare en moins d’un an et se conserve assez facilement pendant plusieurs mois. Les spécialistes estiment que la valeur marchande de l’igname est actuellement supérieure à celle du manioc. En règle générale, l’igname n’a pas besoin d’une opération de détoxification comme le manioc. Sa racine tubéreuse se conserve également plus longtemps.

Attentes réitérées 

Face aux défis de la sécurité alimentaire, il est probable de parier sur une année de l’igname d’ici 2021 pour que la production comestible puisse grimper à  8% comme la banane plantain,  en vue de l’amélioration et d’une diversification quantitative et surtout qualitative de la ration alimentaire de la population. La RDC peut compter sur la variété de son climat, l’altitude et les sols  arables propices à la culture de différents produits pour améliorer la qualité de l’alimentaire quotidienne des  congolais. Ce potentiel  mérite d’être mis en valeur pour limiter l’importation des denrées alimentaires de base. Des études menées dans neuf provinces ont révélé que, depuis 2012, l’igname occupe la quatrième position après le manioc, le riz et le maïs dans la province de l’Équateur  et à Kinshasa ; la deuxième au Bas-Congo; la troisième au Bandundu et au Nord-Kivu. Dans la province de l’Equateur, l’igname vient en première position parmi les cultures vivrières les plus cultivées à Bumba.

Une richesse variée

L’igname appartient à la famille  dioscorea, qui compte environ 600 espèces actuellement connues. Elle est présente en RDC et en Afrique depuis toujours et possède une grande richesse et une très large diversité génétique. Ce qui n’est pas le cas avec le manioc, venu il y  a  seulement cinq siècles en petite quantité, d’Amérique du Sud. Les jeunes pousses et les feuilles de quelques espèces sont aussi consommées traditionnellement comme légumineuses. Elles poussent en savane comme en forêt. On compte huit à dix espèces cultivées avec un rendement moyen,  en Afrique, de 10 tonnes à l’hectare.. Les partenaires techniques et financiers de la RDC, dans le secteur agricole,  entendent appuyer la  filière igname, comme contribution à la sécurité alimentaire, car  l’igname constitue un aliment de base dans les régions forestières.