Polémique et tension politique à Mbuji-Mayi, après la fermeture de Bipemba Aéro

Ouf de soulagement, après la décision d’interdire les vols sur l’aéroport de Bipemba, le lundi 24 septembre. La veille, un cargo de la compagnie Gomair a failli faire les frais du mauvais état de la piste à son décollage.

LE 23 SEPTEMBRE, dans la soirée, un avion cargo de la compagnie Gomair a arraché une large partie du bitume de la piste de l’aéroport national de Bipemba à Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï-Oriental. La direction locale de la Régie des voies aériennes (RVA), en accord avec Alphonse Ngoy Kasanji, le gouverneur du Kasaï-Oriental, a vite fait de réagir en interdisant le trafic sur cet aérodrome. 

De l’aveu même des agents de la RVA, Bipemba aurait dû être fermé depuis des lustres pour une réhabilitation efficiente. La RVA dispose, en effet, depuis les années 1990, d’un projet de modernisation de Bipemba mais qui exige, au préalable, la fermeture de l’aéroport. La dernière fois que l’aéroport de Mbuji-Mayi a connu des travaux de viabilité remonte à mi-août 2017, à la faveur du déploiement du matériel militaire (autos blindées, engins automoteurs et autres véhicules de transport) d’un contingent sud-africain de la MONUSCO dans la ville chef-lieu du Kasaï-Oriental. Sous le régime de Mobotu, le projet de modernisation de Bipemba s’était toujours heurté à un refus autant de l’élite que de l’opinion, estimant que le pouvoir de Kinshasa voulait, en réalité, étouffer économiquement une province réputée réfractaire et bastion de l’opposition. 

Depuis, le projet a crashé. Et pourtant, au jour le jour, la piste de Bipemba s’est détériorée sous l’effet des têtes d’érosion et du poids de l’âge. 

Risque de crash

Principale voie d’accès aux provinces enclavées de l’espace kasaïen, l’aéroport de Bipemba rapporte gros. Ici, tout ou presque, est acheminé par voie aérienne : produits manufacturiers, ciments et même du carburant. « Mais avec un gros porteur, le risque d’un crash est toujours imminent sur Bipemba. Rappelez-vous de cet Antonov bourré de cargaison qui a manqué son décollage, dépassé la piste et foncé sur le marché Type K en janvier 1996 à Kinshasa… Bilan, 350 morts ! », redoute cet ancien pilote des Lignes Aériennes Congolaises (LAC). 

Dans le souci d’aménager Bipemba d’une exploitation qui pousserait à sa fermeture sur une longue durée, des compagnies de transport auraient convenu de ne plus aligner des gros porteurs sur cette piste. Fin décembre 2015, du temps du directeur général Claude Kirongozi, Congo Airways avait dû suspendre ses vols à destination de Mbuji-Mayi, à la suite d’un atterrissage mouvementé de son Airbus A320. 

Des pierres se détachaient, en effet, de la piste et heurtaient violemment la carlingue de l’avion. Depuis Congo Airways dessert Mbuji-Mayi avec des appareils de moyen tonnage. Les transporteurs aériens faisaient pression sur l’Autorité de l’aviation civile (AAC) et de la RVA. 

Une nouvelle infrastructure

À Mbuji-Mayi, le projet d’un nouvel aéroport est à l’ordre du jour. Le gouvernement provincial a déjà rassuré de la matérialisation de ce projet. Mais il va falloir attendre l’après-élection. Une éternité pour cette ville réputée bastion de l’opposition. 

Pourtant, mi-novembre 2017, une délégation grecque des entrepreneurs et financiers du consortium, regroupant les sociétés DCA/Africa Construction SARL et Fidelity SARL, a convenu avec les experts de la RVA du projet de construction d’un nouvel aéroport de la province du Kasaï-Oriental, dans la localité de Tshipuka dans la chefferie de Bakwa Kalonji, en territoire de Tshilenge, à quelque 20 km au sud de Mbuji-Mayi. Dourkas Anastasios, le chef de la délégation du consortium grec, avait d’ailleurs, officiellement, présenté le projet aux autorités de la province dont le gouverneur Alphonse Ngoyi Kasanji.