Pour ou contre la micro assurance agricole

Le coût des catastrophes naturelles de ces dernières années, la nécessité d’accroître la compétitivité sur un marché libéralisé et l’amélioration des techniques de modélisation des risques ont pour effet d’éveiller l’intérêt pour une protection en faveur des agriculteurs.

L’agriculteur futé, c’est celui qui anticipe les changements. Les uns sont prévisibles comme les coûts de l’énergie et du transport, le manque d’eau ou les réglementations. Les autres, tels que les aléas du climat, sont beaucoup plus difficiles à anticiper. Il est nécessaire d’initier et d’instaurer la micro assurance agricole pour aider à amortir les risques qui sont souvent trop chers pour les petits agriculteurs en milieu rural. L’assurance sur les cultures, le bétail ou d’autres biens est un instrument efficace de gestion des risques.

Très répandue au Nord, elle est bien moins courante dans les pays du Sud. Le Congo ne compte que moins de 3 % du total des primes d’assurance agricole.

Les opportunités

« Un planteur peut faire enregistrer ses plantations auprès d’un fonds et verser une prime annuelle pour une couverture. Ses cultures sont alors assurées pour les trois cycles de la production annuelle », explique Florentin Silasi Nadi, un technicien de développement rural du diocèse de Kenge.

D’après lui, l’agriculture est une entreprise à « haut risque » où un éventail impressionnant de calamités menacent les producteurs : ouragans, sécheresse ou pluies diluviennes, sans oublier les fluctuations des prix et les dégâts des ravageurs et des maladies. « Il est impossible d’éliminer totalement les risques mais on peut les réduire », conseille-t-il.

Les petits agriculteurs sont réticents pour investir dans de nouvelles cultures ou technologies. Les banques rechignent à prêter aux producteurs non assurés, fait remarquer Florentin Silasi. Selon un rapport de la FAO, le développement des marchés de l’assurance agricole au Congo sera l’une des clés de la réussite de toute stratégie agricole.

Ce rapport met en relief les opportunités pour le secteur privé qui pourrait devenir leader dans la création et la gestion de projets d’assurances. « Les assurances classiques ont leurs limites : des primes élevées, des difficultés logistiques à évaluer les demandes d’indemnisation dans les zones reculées et une clientèle peu familiarisée avec les services financiers », indique Florentin Silasi. Partisan de de la micro assurance agricole en faveur des petits agriculteurs, il propose que des institutions de micro finance, des ONG ou des coopératives s’y intéressent. « Elle est moins chère, concerne des groupes et elle est associée à d’autres produits tels que le crédit ou les engrais », plaide-t-il.

Dans des milieux ruraux, les producteurs sont dispersés, le regroupement des assureurs peut permettre de faire baisser les primes.

Certains experts agricoles estiment que l’assurance n’est pas forcément le meilleur choix. D’autres mécanismes de gestion du risque sont importants, par exemple la diversification des produits ou la vaccination des troupeaux. Une formation est aussi cruciale car, pour de nombreux agriculteurs, l’assurance est un concept nouveau, soutiennent-ils. Au Congo, la formule de partenariat est souhaitable, poursuit Silasi, parce qu’elle implique le gouvernement, les compagnies d’assurances privées, les institutions de recherche…