Province Orientale : plus de viande sauvage dans les assiettes

La décision des autorités provinciales d’interdire la chasse n’est pas appliquée. Dans des marchés, ces viandes continuent à être vendues, dans la clandestinité.

La chasse aux gibiers interdite pendant 4 ans. (Photo DR)
La chasse aux gibiers interdite pendant 4 ans. (Photo DR)

Le ministre provincial de l’Environnement a décidé, durant quatre mois, de ne plus chasser les gibiers, animaux ou oiseaux. Jusqu’au 30 novembre prochain, les habitants de la Province Orientale sont appelés à s’abstenir de manger la viande de gibier dans le souci de reconstituer la faune, selon le Coordonnateur urbain, Médard Jawoto. Cette période de fermeture de chasse inquiète les habitants de Kisangani, habitués à la consommation de la viande sauvage. Sur le terrain, la campagne lancée semble ne pas produire des effets, car les viandes de chasse sont vendues en cachette dans des marchés. Sous les étalages, les clients intéressés aperçoivent la marchandise interdite et s’arrangent avec les vendeuses. « Nous n’avons pas d’autres alternatives. Notre survie en dépend », affirment une vendeuse. Mais, une bataille rangée s’observe entre ces femmes et les opérateurs de surveillance placés à chaque point de contrôle. Elles accusent l’administration de prendre des mesures sans rien proposer en retour. Juste contrôler l’écoulement des derniers stocks de viande dont ils ignorent la quantité et réprimer les récalcitrants.

Dans le territoire de Wamba, la coordination de la Réserve de faune à Okapi procède déjà à l’implantation des bornes. Les habitants des villages environnants trouvent en cette opération une tentative d’étouffement de la part des autorités qui empêcheraient l’accès à cette aire protégée, espace de survie pour eux. La société civile de Wamba a dénoncé dans une correspondance, le placement des bétons et de pancartes en bois mentionnant « RFO ». La population locale n’apprécie pas cette opération dont l’objectif serait de les éloigner de leurs activités agricoles, de pêche, de la chasse et de la cueillette. Les villageois de la chefferie de Wamba se demandent comment se procurer les charbons de bois. « Nous nous attendions plus à la réalisation des œuvres sociales, notamment la construction des écoles et de centre de santé », s’étonne un villageois. Pour le Directeur provincial de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), Paulin Tshikaya, ce bornage n’a rien à voir avec la décision d’interdire la chasse. « C’est juste une délimitation géographique pour maîtriser l’étendue réelle de la réserve », dit-il en précisant les trois zones de l’espace en question: agricole, chasse et conservation.

Retour des okapis

C’est dans la partie de conservation que l’on a découvert plus de trois mille okapis à l’état sauvage. Gédéon Lokumu, nouveau directeur de la réserve, l’avait annoncé en juin, indiquant que la capture de ces mammifères est pour bientôt. Les okapis vivent dans la réserve d’Epulu, au Sud-Ouest de Bunia. En juin 2012, les miliciens de Paul Sadala alias Morgan ont décimé les quinze okapis qui étaient en captivité. Des fonds sont mobilisés pour replacer ces animaux dans la réserve. L’animal a l’allure d’un zèbre et d’une girafe. Il vit exclusivement en Ituri en RDC. Depuis 1993, la réserve d’Epulu figure sur la liste des espèces menacées, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La population d’okapis est estimée entre 10 000 et 35 000 individus. La tendance de leur reproduction serait à la baisse.

INFO BOX

  • La réserve de faune à okapis :
  •  Patrimoine mondial de l’UNESCO ;
  • Située dans la forêt de l’Ituri au nord-est de la RDC, avec une superficie de 13 726 km2 ;
  • 1996, 3900 à 6350 okapis estimés ;
  • Tire son nom de la rivière Epulu ; 
  • Fondée en 1928, comme centre de recherche et station de capture et de conservation des okapis sauvages