Quelle réforme pour le développement durable?

Le constat est amer : dans les institutions, les services publics et les entreprises publiques, les agents passent le clair de leur temps à autre chose qu’au travail. Le clientélisme inhibe tout effort, influe sur le rendement et, par conséquent, la Fonction publique devient un obstacle au progrès.

 

Dans le pays, dans les populations et dans les milieux économiques, un consensus semble se dessiner sur la nécessité de réformer de fond en comble l’administration publique. Transformer et moderniser, tel est l’enjeu institutionnel majeur pour atteindre l’objectif de l’émergence à l’horizon 2030. Dans cette quête, quel est le rôle de l’administration publique et quelle est l’implication de son activité dans le développement du pays ? Au cours de l’histoire, nombreux se sont interrogés sur la finalité de l’activité de l’administration publique et ses conséquences sur la gestion de la cité.

Le constat est que l’efficacité de l’État reste largement tributaire des capacités de l’administration publique. De ce point de vue, sa réforme est donc nécessairement le point de départ pour la mise en œuvre d’un programme (gouvernemental) qui vise l’émergence à l’horizon 2030. Et pour que la République démocratique du Congo entre rapidement dans le concert des économies émergentes, elle doit in fine engager, d’une part, une réforme courageuse de son administration publique pour la transformer en véritable administration de développement et de fourniture des services, et d’autre part, renforcer significativement les capacités de ses structures.

Comme l’a dit l’ancien 1ER Ministre, Augustin Matata Ponyo, au moment d’engager la réforme et la modernisation de l’administration publique, « la transformation et la réalisation du saut qualitatif vers le développement résultent des conjonctures critiques qui réunissent : la demande de réforme favorisée par les crises aiguës apparaissant au cours de la vie de la nation, d’une part, et l’offre de réforme formulée par les véritables porteurs de réforme, d’autre part. » La réforme de l’administration publique est donc un processus sur le long terme, qui a pour objectif global de « rendre les services publics sensibles au besoin des citoyens et aux enjeux de développement du pays ».

Pour cela, le gouvernement s’est doté d’un cadre stratégique de la réforme et de la modernisation de l’administration publique. Un « dosage équilibré » entre les besoins de structuration du processus (rationalisation des missions et des structures, maîtrise des effectifs et de la masse salariale) et ceux liés à l’amélioration graduelle et progressive de la performance des services publics (qualité des services, renforcement des capacités).

Inquiétudes majeures

Pour optimiser les chances d’atteindre cet objectif global, il est fondamental de « bâtir » un véritable « contrat social » entre les institutions autour de la vision ainsi que des modalités de mise en œuvre de cette réforme voulue ambitieuse de l’administration publique. L’analyse de certains indicateurs clés notamment liés à la mesure de la qualité de la gouvernance administrative et institutionnelle en Afrique soulève quelques inquiétudes majeures quant à la suffisance des conditions nécessaires pour atteindre durablement le développement ainsi recherché au regard notamment des objectifs du développement durable (ODD). Comme l’a fait aussi remarquer Pascal Isumbisho Mwapu, ancien ministre de la Fonction publique, aujourd’hui encore plus qu’hier, la qualité des institutions ainsi que celle de l’administration publique constituent un véritable goulot d’étranglement pour bon nombre d’États africains.

De la même manière que la qualité de la gouvernance administrative et institutionnelle constitue une des variables très explicatives des conditions d’efficacité et d’efficience de l’État.

L’inefficacité de l’État est souvent la conséquence de la mauvaise gouvernance administrative et de la mauvaise qualité des institutions publiques. Et cela est beaucoup plus ressenti dans les contextes post-conflits, ce qui explique, par ailleurs, la fragilité des économies et l’augmentation des risques d’accélération de la pauvreté et d’approfondissement de fracture sociale dans certains pays, malgré la relative reprise du chemin de la croissance et de stabilisation du cadre macroéconomique. Il devient donc clair que pour réussir le challenge de l’émergence de l’Afrique, il faut davantage mesurer les enjeux et défis auxquels les administrations publiques respectives font encore face et partant, revisiter les politiques et stratégies pour garantir le changement des paradigmes.

C’est donc cette quête de performance qui exige des institutions et administrations publiques un dédoublement d’efforts pour répondre efficacement à une double obligation : celle des moyens et celle des résultats pour garantir l’efficacité, l’efficience, la rationalité et la transparence dans la conduite des missions et fonctions dévolues à l’administration publique.

C’est dans cette perspective que la RDC estime qu’il est urgent, sinon impérieux de repenser sérieusement le rôle ainsi que les attributions dévolues au ministère de la Fonction publique pour évoluer davantage vers des missions réformatrices et refondatrices de l’État, en réformant et en modernisant davantage les administrations du point de vue de l’organisation, du fonctionnement et de la gestion pour en faire de véritables instruments au service du développement.

Le cadre stratégique général de la réforme de l’administration de la RDC est un « cadre référentiel important » qui fait suite à la volonté manifeste du gouvernement de « disposer et de construire une administration publique plus forte, efficace et performante, qui répond aux besoins légitimes des citoyens et aux exigences de modernité », tout en restant beaucoup plus proche des citoyens et orientée vers les objectifs de politiques publiques et des réformes structurelles et sectorielles sous-jacentes.