RDC, l’espoir sud-africain

Le déficit en électricité oblige l’Afrique du Sud à se tourner vers l’extérieur. En plus du projet Grand Inga, Pretoria continue à renforcer la coopération avec Kinshasa dans ce secteur en visant d’autres sources énergétiques du pays.

La coopération économique et commerciale entre la République démocratique du Congo et l’Afrique du Sud se consolide. Les deux pays ont signé, début septembre, à Cape Town, un autre accord de coopération en matière d’énergie. Selon Bruno Kapanji, ministre des Ressources hydrauliques et de l’Electricité, le souci majeur est d’offrir des meilleures conditions de vie aux populations par la production conjointe de l’énergie, non seulement du site d’Inga, mais aussi des autres sites hydroélectriques de la RDC dont le potentiel, dans l’ensemble, est estimé à 100 mille mégawatts (MW). L’accord vise également le transfert de technologie et la coopération dans le domaine de la recherche et du développement. L’intérêt de l’Afrique du Sud pour l’électricité congolaise est la conséquence de son déficit interne. Depuis quelques années, sa compagnie publique d’électricité, Eskom, est en grande difficulté. Elle avait récemment mis en garde contre des délestages qui pourraient survenir à tout moment, demandant aux industriels de réduire leur consommation. Il s’agit du quatrième avertissement, cette année, en moins de quatre mois, qui démontre que le pays n’est pas à l’abri d’une panne d’électricité. « Eskom a déclenché la procédure de crise », avait indiqué le fournisseur public dans un communiqué, mentionnant des problèmes techniques sérieux et un déficit d’approvisionnement en charbon parmi les raisons de ce manque de capacité. En juillet, une décision de la justice avait interdit aux employés de cette entreprise « stratégique » d’arrêter le travail pour ne pas perturber ses activités. Numsa, le syndicat qui représente une partie des employés de la compagnie nationale d’électricité, Eskom, fulminait et menaçait de lancer une grève sauvage, s’il n’obtenait pas satisfaction. « Il s’agirait d’une coupure totale, sans délestages », disait son porte-parole. S’exprimant dans un colloque annuel de l’Association mondiale du nucléaire, le 11 septembre, Phumzile Tshelane, directeur général de la Société d’énergie nucléaire de l’Afrique du Sud (NECSA) a, lui aussi, épinglé ce malaise. Il a indiqué que son pays fait face à un impératif consistant à élargir son bouquet énergétique, à la fois pour répondre à ses besoins en électricité et pour lui permettre de réduire les émissions de dioxyde de carbone liées à l’utilisation du charbon dans la production de l’énergie thermique. Ainsi, la RDC aidera-t-elle à fournir de l’énergie hydroélectrique en dehors du nucléaire et de l’énergie thermique.

RDC, un début de solution ?      

Bien qu’elle soit la première puissance économique du continent, l’Afrique du Sud tourne avec un réseau électrique à la limite de ses capacités. D’ailleurs, en 2008, elle avait connu de nombreux délestages qui ont eu un impact négatif sur l’économie. Les potentialités énergétiques de la RDC intéressent, depuis, les dirigeants du pays le plus industrialisé du continent. Dans le récent accord de coopération, le ministre des Ressources hydrauliques et de l’Electricité ainsi que son homologue sud africaine, Tina Joemat Pettersson, ont soutenu que cet engagement prévoit notamment l’échange d’informations relatives aux politiques des deux pays dans le secteur de l’électricité, leurs arrangements institutionnels et leurs cadres réglementaires respectifs. Le ministre congolais a même pris part, à Pretoria, au débat sur la validation du traité sur le Grand Inga, au Parlement sud-africain. Parmi les engagements pris il y aura, notamment, l’identification et le développement des projets conjoints entre les deux parties et les tiers, dans les domaines de la construction et de la maintenance d’infrastructures hydroélectriques, d’énergies renouvelables pour garantir l’efficacité énergétique. Il est programmé de visites réciproques de décideurs politiques et d’experts de techniques. Sans oublier la promotion de formations spécialisées sur le secteur de l’électricité, destinées à des experts de deux pays et l’assistance, dans la mesure du possible, pour les formalités et démarches requises, pour les étudiants voyageant dans le cadre du présent accord. Par ailleurs, dans les 4800 mégawatts que le Grand Inga va produire, seuls 2300 seront destinés à la consommation locale, selon le ministre des Ressources hydrauliques et de l’Electricité.