Une filière à relancer

En baisse depuis plusieurs années, la production de l’or vert est sur le point d’être relancée d’ici l’année prochaine grâce à une nouvelle stratégie impulsée par le gouvernement.

Le gouvernement vise à faire passer la production annuelle du café de 10 000 à 70 000 tonnes d’ici 2015. (DR)
Le gouvernement vise à faire passer la production annuelle du café de 10 000 à 70 000 tonnes d’ici 2015. (DR)

Depuis une dizaine d’années, la filière café bat de l’aile en raison, notamment, de son faible impact sur les marchés internationaux à cause de nombreux facteurs endogènes et exogènes. Sa contribution au budget national est quasi nulle. Selon les statistiques de l’Office national de café (ONC), la production du café, qui atteignait, dans les années 1980, plus de 100 000 tonnes en rapportant au pays plus de 350 millions de dollars, a lourdement chuté pour se situer, en 2011, dans la fourchette de 30 195 tonnes, pour une valeur estimée à 2,4 millions de dollars. Pour assurer la relance de ce qui fut appelé autrefois « l’or vert », des initiatives sont prises ici et là par des structures tant étatiques que privées. Au nombre de ces initiatives, l’on rappelle celle du gouvernement, dite « Stratégie de relance de la filière café » qui court de 2011 à 2015 et repose sur un partenariat public-privé. Elle vise, à échéance, à faire passer la production annuelle actuelle de 10 000 tonnes à 70 000 tonnes, dont 56 000 tonnes de café robusta et 14 000 tonnes d’arabica. Une partie, 60 000 tonnes, est destinée à l’exportation et 10 000 tonnes, à la consommation locale. L’ONC, qui est chargé de piloter cette stratégie, promet de poursuivre ses actions de sorte que le café retrouve sa place de premier produit d’exportation en RDC. Il doit, pour cela, mettre en marche l’ensemble des composantes de la chaîne : la recherche, la vulgarisation, l’encadrement, la production, la transformation, l’usinage, la commercialisation interne, la torréfaction et l’exportation. La stratégie englobe, en outre, tous les acteurs actifs et effectifs que sont les cultivateurs et planteurs, toutes catégories confondues, d’une part, et les agro-industriels, de l’autre, se trouvant dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, du Bandundu, du Bas-Congo, de l’Equateur et dans la Province-Orientale.

Un bilan provisoire satisfaisant 

S’agissant du niveau de la mise en œuvre de la stratégie, une année avant l’échéance, l’ONC se dit globalement satisfait des avancées de la relance de la filière, particulièrement au Nord-Kivu, alors qu’ailleurs il se pose un problème lié à la faible implication des acteurs et à l’attaque des caféiers par la trachéomycose. Au Nord-Kivu, le succès est dû, entre autres, à la campagne agricole 2013-2014. A la lumière des résultats actuels, la province se dit en mesure de produire à elle seule 50% des 70.000 tonnes espérées. De nombreuses stratégies ont été élaborées pour ce faire. Il s’agit de la distribution aux paysans de boutures saines et 1200 plantules de caféier à replanter sur une superficie de plus de 10 500 hectares et l’implication des démobilisés de la guerre dans les travaux agricoles, avec l’appui des structures locales, nationales et internationales. En plus du renforcement des structures paysannes, de la réhabilitation des entrepôts et des infrastructures de l’ONC, de la construction des usines de traitement de café de faible tonnage.

Combattre à tout prix la fraude  

« C’est déjà bon si chaque année nous faisons autant, la culture (du café) sera relancée. Ce sont donc des actions que nous devons continuer à appuyer, à systématiser et voir comment améliorer nos stratégies d’intervention pour relancer le secteur agricole », indique un responsable. Malgré cette embellie qui pointe à l’horizon, il faudra que les services opérant aux frontières travaillent d’arrache-pied pour endiguer la fraude dans l’exportation du café. Un rapport de l’ONC insiste d’ailleurs là-dessus : « La RDC exporte officiellement 8 000 tonnes sur une production annuelle de café estimée à 73 000 tonnes. Les tonnes restantes sont exportées frauduleusement au détriment du Trésor public et au mépris de la loi. Si rien n’est fait au niveau du Gouvernement pour combattre ce fléau, la RDC sera toujours absente sur les marchés internationaux. » Comme voie de sortie, l’ONC propose au législateur d’ajouter à la loi la créant une disposition contraignante pour réprimer l’exportation frauduleuse des produits agricoles d’exportation comme l’hévéa, le caoutchouc, le quinquina et le café. » Il y a lieu que l’ONC veille aussi à la traçabilité de la chaîne du café comme c’est le cas pour le diamant et les autres matières précieuses.