Depuis 2007, les exportations congolaises du bois Afrimosia étaient frappées de restriction. Le pays était autorisé à exporter seulement 25 000 m3 de bois. Avec ce nouveau feu vert, les autorités congolaises sont placées devant la responsabilité de redoubler d’efforts pour assainir un secteur qu’elles peinent à contrôler.
Cette décision a été prise en raison du commerce et coupe illégaux. La RDC peut, à nouveau, exporter librement son bois, après la levée de la mesure de sa suspension arrêtée par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore en voie d’extinction (Cites). Encore appelé Teck africain, l’Afromosia, qui est une espèce de bois tropical particulièrement recherchée, se retrouve au Nigeria, au Ghana, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Congo et en RDC. Ce dernier pays possède dans deux de ses provinces (Equateur et Province Orientale) les plus grandes réserves mondiales de cette espèce qui est menacée de disparition à cause du commerce illégal.
Le ministre congolais de l’Environnement, Conservation de la nature et Tourisme, Bavon N’sa Mputu Elima, a salué la mesure. Il a indiqué que cette décision était l’aboutissement des efforts engagés par le pays pour réguler ce secteur. « Nous nous sommes mis au travail pour assainir suffisamment le secteur. Nous avons répondu aux préoccupations exprimées par la Cites, notamment par l’élaboration d’un avis de commerce non préjudiciable sur le bois Afromosia. Cet avis de commerce non préjudiciable a été validé et accepté par le secrétaire général de la Convention », a-t-il déclaré.
Un fléau
Après la sanction, les autorités congolaises sont placées devant la responsabilité de redoubler d’efforts pour assainir un secteur qu’elles peinent à contrôler.
Le commerce illégal de bois constitue un véritable fléau dans les pays tropicaux en général et en RDC, en particulier. Il représente 15 à 30 % du volume du bois commercialisé internationalement. Parmi les maux dont souffre son secteur, on cite le non-paiement des taxes, le dépassement des quotas de coupe, la coupe d’essences protégées, le non-respect des communautés forestières, etc. Le bois illégal rime également avec déforestation et violents conflits sociaux. Il ne profite pas aux populations et impose une concurrence déloyale avec des filières légales en difficulté. Au niveau mondial, c’est un facteur majeur du dérèglement climatique avec des répercussions dramatiques en Afrique.
Les services du ministère de l’Environnement mettent régulièrement la main sur des grumes de bois en provenance des provinces de l’Equateur et Orientale. Il est reproché aux sociétés du secteur la fraude fiscale et le non respect de leurs engagements vis à vis de la population locale et des provinces. En effet, à en croire les services étatiques, ces sociétés n’ont jamais respecté les clauses sociales en termes de création d’emplois, de construction d’écoles et autres infrastructures hospitalières et routières, comme il a été convenu avec la population locale.
Les opérations de saisie sont légion. Elles sont souvent rendues possibles grâce aux alertes d’ONG à l’instar de Greenpeace ou du Fonds mondial pour la nature (WWF) et s’inscrivent dans le cadre de la politique de la transparence au niveau de l’exploitation des ressources naturelles initiée par le gouvernement de la République.
Le Fonds mondial pour la nature qui travaille avec le gouvernement de la RDC, a la mission de s’assurer que les entreprises d’exploitation des bois et d’autres respectent les clauses sociales convenues avec les communautés locales où ces entreprises exercent leurs activités.
Parmi les entreprises épinglées, on cite régulièrement Sicobois, une compagnie connue pour ses activités forestières illégales, provoquant d’incessants conflits sociaux à Lisala, dans la province de l’Equateur. En décembre 2013, Greenpeace avait effectué une mission avec des ONG locales dans le groupement Mondunga où la communauté locale rapportait avoir été victime de violences.
Des documents officiels et des témoignages de la population ont font état d’atrocités qui auraient été commises par des employés de Sicobois à l’encontre des populations locales. Par ailleurs, plusieurs personnes affirmaient avoir été arbitrairement arrêtées par des interventions policières et militaires orchestrées par la même entreprise.
Des ONG révèlent que les ports de Caen (France), Anvers (Belgique), Amsterdam et Rotterdam (Pays-Bas), Shanghai (Chine) sont des points d’entrée importants pour le bois illégal en provenance notamment de la RDC. L’Union européenne a pris une directive appelée Règlement sur le bois de l’Union européenne (RBUE), afin de contribuer à la protection des forêts congolaises et à la lutte contre le commerce illégal du bois. Depuis mars 2013, le RBUE est entré en vigueur. Censé s’appliquer dans tous les pays de l’Union, il prévoit qu’un importateur de bois s’assure, par tous les moyens, de la légalité de son bois. Une immobilisation, voire une saisie ou des sanctions pénales peuvent être prises. C’est en application de cette directive que les autorités allemandes avaient, dans un premier cas d’application en Europe, saisi deux cargaisons de bois illégal en provenance de la RDC l’année passée.