Airbus A380 n’a toujours pas trouvé sa place

Plus vraiment un échec, pas encore un succès : Airbus fête le 27 avril les dix ans du premier vol de l’A380 sur un bilan contrasté. Certes, le super jumbo a quasiment réussi à sortir du marché le légendaire 747 de Boeing, dont la dernière version, le 747-8, n’a jamais vraiment trouvé son public. Certes, l’avion géant affiche tout de même 317 commandes chez 18 clients, dont 140 chez Emirates, et peut encore compter sur au moins quatre années de production. Certes, après des années de retards cumulés et de problèmes techniques, comme les microfissures sur les ailes, le programme A380 s’apprête à passer le point mort, c’est-à-dire qu’Airbus va enfin commencer à gagner de l’argent sur chaque exemplaire vendu.

Mais l’avionneur européen le sait : le plus dur reste à faire pour transformer définitivement cet essai à 18 milliards d’euros. «Nous produisons trente A380 par an quand l’idée était plutôt d’en assembler 45, reconnaissait Fabrice Brégier le 17 avril lors d’une rencontre organisée par l’AJPAE (association des journalistes professionnels de l’aéronautique et de l’espace). Cet appareil a peut-être été lancé dix ans trop tôt, entrant en service en pleine crise financière. Mais vous pouvez compter sur moi pour ne pas le laisser tomber. L’appareil, quand il est rempli, est le plus économique du monde.»

Malheureusement, de nombreuses compagnies rechignent encore à sauter le pas. L’A380 n’a pas encore conquis de compagnie américaine, alors que celles-ci font figure de débouché naturel, vu le nombre de leurs 747 à remplacer. En Chine, Airbus se contente de cinq commandes de son très gros porteur, une aberration vu la taille du marché et la saturation prévisible des aéroports. L’A380 n’a glané aucune commande en Amérique Latine et en Afrique, et n’a convaincu qu’un seul loueur, Amedeo, le géant ILFC annulant sa commande en 2011.

La question du marché des A380 d’occasion va aussi se poser : il faudra bien trouver des acheteurs pour les avions d’Emirates quand celui-ci les remettra sur le marché. Les compagnies américaines sont souvent citées comme débouché potentiel.