Amnesty International dénonce l’exploitation minière au Katanga

KINSHASA, – Les mineurs artisanaux qui travaillent dans la province du Katanga, dans le sud de la République démocratique du Congo (RDC), sont maltraités, mal payés et soumis à des règles iniques, écrit Amnesty International dans un rapport détaillé.

“Les conditions de travail sur les sites miniers artisanaux sont déplorables et extrêmement dangereuses, de nombreux mineurs travaillent à main nue”, explique l’organisation de défense des droits de l’homme qui a enquêté en 2011 et 2012.

Entre 70.000 et 150.000 “creuseurs”, comme sont appelés ces mineurs artisanaux, travaillent sur ces nombreux sites miniers de la province riche en cuivre et cobalt notamment. Parmi eux se trouvent, selon le document daté du 19 juin, des dizaines de milliers d’enfants employés en raison de leur petite taille dans des galeries mal aérées qui s’enfoncent parfois à plus de 100 mètres sous le sol.

“Les creuseurs sont gravement exploités à la fois par les responsables des pouvoirs publics et les acteurs privés qui contrôlent les sites miniers”, explique Amnesty.

Des containers sont transformés en cachots où les mineurs sont enfermés plusieurs jours quand ils enfreignent les règles, ajoute le rapport.

Accidents, glissements de terrain, meurtres, expulsions forcées, exploitation, l’ONG dont le siège est à Londres, cite de nombreux exemples sur l’extraction des minerais, dont 600.000 tonnes de cuivre exportées de RDC en 2012. Outre le cuivre, ces mines renferment du colombo-tantalite, utilisé dans la technologie informatique.

Amnesty exlique notamment que les “creuseurs” sont obligés de passer par l’intermédiaire d’entreprises concessionnaires qui sous-payent le résultat de leur travail. Alors que dans un comptoir de vente la teneur du minerai est estimée à 18%, ces acheteurs ne paient que pour une teneur de 4%, explique l’ONG qui dénonce “le rôle des marchands” pour la plupart chinois. La Chine, premier producteur mondial de cobalt raffiné, tire l’essentiel de sa matière première de RDC.

“L’instabilité politique, la faiblesse des institutions, les sévères carences de l’appareil judiciaire, la corruption endémique et la fréquence de graves atteintes aux droits humains sont autant de problèmes qui affectent toute la RDC”, affirme Amnesty.

Dans un récit documenté, Amnesty raconte la mort d’Isaac Muteba Musala, surpris à sortir avec d’autres des sacs de minerai du camp de Tilwezembe, près de Kolwezi. Son corps sans vie, portant des traces de coups, a été déposé à l’hôpital par les gardiens de l’entreprise qui l’avaient arrêté.

A Luischa, à 80 kilomètres de Lubumbashi, capitale de la province, une entreprise chinoise a exproprié 3.000 familles pour établir un centre de traitement du minerai, ajoute le rapport.

Citant des noms d’entreprises, Amnesty International évoque aussi la responsabilité de l’Etat congolais qui ne fait pas respecter le code minier et les règles qui permettraient d’éviter ces abus.