Ted Mvutu, CEO/Founder d’Easy Commerce Corp.: « Pour parler partenariat avec les Américains, il faut aller puiser à la source »

Il faudra désormais s’y habituer. À l’origine, une branche de l’Association des entrepreneurs de la RDC, Easy Commerce devient une société américaine enregistrée dans l’État de Caroline du Nord (SOSID 1920112), sous la forme juridique de corporation. Au niveau de l’État fédéral, elle est enregistrée sous EIN 84-3767428 et est officiellement membre de la US Chamber of Commerce et de la National Black Chamber of Commerce.

Business & Finances : Pourquoi investir aux États-Unis ?

Ted Mvutu : Après trois ans d’activités, nous avons décidé d’aller investir aux États-Unis car nous avons estimé que pour parler partenariat avec les Américains, il faut aller à la source afin d’y puiser. 

BEF : Puiser quoi et pour en faire quoi ?

νT. M. : En tant qu’investisseurs congolais, nous voulons attirer les investisseurs américains vers notre pays. Or, ce n’est pas facile d’aller faire le porte-à-porte aux États-Unis tout en étant une société étrangère. C’est donc plus facile d’y faire la campagne de la RDC et aussi de l’Afrique, en étant une société américaine. Easy Commerce devient ainsi une chambre de commerce qui fait la promotion du Congo et de l’Afrique aux États-Unis, particulièrement des entreprises de la classe moyenne. La plupart d’entre elles manquent d’accompagnement et n’ont pas vraiment accès à certaines informations.

BEF : Y a-t-il d’autres motivations à cette transformation ?

νT. M. : Quand nous avons organisé un forum économique à Atlanta l’année dernière, plusieurs entrepreneurs noirs américains qui y sont venus, étaient très enthousiastes à l’idée de venir investir en Afrique. Easy Commerce veut et va donc jouer ce rôle d’organisation qui oriente, facilite et garantit les investisseurs américains en République démocratique du Congo et aussi en Afrique. 

Dans cette dynamique, la plateforme Congo Profile d’Easy Commerce change également. Elle devient Easy Commerce Corporation. Cela veut dire que tous les Américains à la recherche des partenaires en RDC et en Afrique y sont les bienvenus, en s’y inscrivant seulement. La conception de cette plateforme est finie et va être lancée courant février. C’est un produit qui est désormais conçu par les Américains pour que la plateforme puisse répondre aux standards de sécurité américains. Avec un très gros budget d’investissement, la plateforme a vocation de faciliter aux Américains la recherche de bons partenaires pour éviter l’arnaque.

BEF : Pourquoi avez-vous choisi la Caroline du Nord ?

T. M. : Dans cet État américain, la loi sur les investissements est souple, et les taxes abordables… Easy Commerce y est enregistrée comme une corporation C capable de générer pas moins de dix millions de dollars en deux ans.

BEF : En tant que société américaine, que compte faire Easy Commerce ?

T. M. : Désormais, en tant que marque déposée, Easy Commerce Corp. va organiser des Easy Trade Show, c’est-à-dire des salons d’affaires simplifiés. Où même ceux qui n’ont pas suffisamment de gros budgets ou de moyens suffisants, peuvent venir exhiber leurs produits pour trouver des clients américains, et où également les Américains viendront exposer au Congo pour chercher les clients et les partenaires.

BEF : Quels sont déjà les partenaires d’Easy Commerce Corp. aux États-Unis ? 

T. M. : Du point de vue des avantages comparatifs, Easy Commerce est officiellement membre de la US Chamber of Commerce. C’est la première chambre nationale américaine à nous motiver, encourager et féliciter. Elle est disposée à nous accompagner dans tout ce que nous allons faire en Afrique. Easy Commerce est également affiliée à la National Black Chamber of Commerce (NBCC). C’est la plus grande chambre de commerce des Afro-Américains. 

C’est là où vous avez tous les grands investisseurs afro-américains. Ils sont vraiment motivés à revenir en Afrique pour y investir. Ils sont prêts à le faire. Mais c’est à nous de mettre en place un dispositif d’accueil qui facilite leur intégration car ils ont une autre perception de la vie et des affaires… Il faut que nous nous adaptions aux businessmen américains parce que nous avons beaucoup de déficiences avec les hommes d’affaires africains. Par exemple, ils ne respectent ni les rendez-vous, ni les contrats, etc. C’est donc à Easy Commerce de hisser les entrepreneurs congolais au niveau international afin qu’il n’y ait pas d’écarts quand il s’agit de traiter affaires avec les autres.

BEF : Quelles sont les activités qui sont déjà inscrites à votre agenda ?

T. M. : Cette année, nous organisons le Trade Show USA-RDC comme cela avait été prévu avec nos différents partenaires américains à Kinshasa. Ensuite, nous y irons organiser, le 30 octobre prochain, aux États-Unis l’événement sous le nouveau label d’Easy Trade Show.

BEF : En dehors des États-Unis, quels sont les autres partenaires d’Easy Commerce Corp. ?

T. M. : Après tout ce que nous avons organisé, l’écho a atteint même l’Europe et l’Afrique du Nord. Nous avons reçu plusieurs sollicitations et demandes de partenariat de la part des hommes d’affaires qui veulent aussi investir au Congo. Il faut le dire : la RDC est l’épicentre d’Easy Commerce Corp. C’est dans cette perspective que nous soutenons la vision de Félix Antoine Tshisekedi, le président de la République, qui arpente le monde à la recherche des investisseurs. Il sait pertinemment bien que dans les dix prochaines années, la RDC sera le pays qui va attirer beaucoup d’investisseurs, notamment dans les secteurs de l’énergie, l’agriculture, l’environnement, les infrastructures, l’eau, etc. De gros projets sont en cours et la RDC sera au cœur de cette dynamique… Qui sait si elle ne vendra pas ses eaux comme l’Arabie Saoudite vend son pétrole ? Dans dix ans aussi, la Zone de libre-échange continentale (ZLECA) sera d’application, et Easy Commerce Corp. facilitera le commerce entre la RDC et les pays frontaliers. En 2020, nous allons donc apporter plus d’informations aux Américains concernant l’Afrique et surtout sensibiliser la diaspora. 

BEF : Pourquoi sensibiliser la diaspora ?

T. M. : Elle ne joue pas du tout le rôle qu’elle doit jouer. Peut-être elle le fait dans la politique. Mais du point de vue économique, elle n’est même pas informée sur la manière d’investir au Congo. Ça fait vraiment mal au cœur de voir des gens dépenser 50 000, voire 100 000 dollars, rien que pour acheter des fringues ou une voiture de luxe. Or, avec 100 000 dollars, on peut bien investir utilement en RDC et faire de l’argent. Notre souci est de battre une campagne d’éveil de conscience patriotique. C’est de leur dire à nos compatriotes de la diaspora que si les Afro-Américains commencent à s’intéresser à l’Afrique, pourquoi pas eux…

Qu’attendez-vous des autorités congolaises ?

Si nous, Congolais, sommes allés investir aux États-Unis, avec un gros montant et un business plan qui va générer beaucoup d’argent à long terme, c’est pour que les Américains viennent investir en RDC. Et pour cela, nous devons être le modèle. Nous avons donc montré l’exemple. C’est pourquoi nous demandons aux autorités du pays que l’assouplissement du climat des affaires en RDC ne soit pas un vain mot ou un simple slogan. Ça doit être une réalité vécue sur le terrain. 

Par exemple, accorder aux entrepreneurs américains qui vont venir des facilités notamment fiscales et à l’information, comme à l’instar du secteur minier, afin de leur assurer la stabilité des investissements. Sinon ils vont fuir pour aller voir ailleurs. À partir du moment où il y a fuite des capitaux, il n’y aura pas création d’emplois. Par exemple, Easy Commerce Corp. a créé de l’emploi aux États-Unis en employant pas moins de 5 personnes. Un petit bureau mais qui va générer beaucoup d’argent… Nous allons donc faire ce plaidoyer pour les Américains au Congo et pour les Congolais aux États-Unis. Souvent les gens pensent qu’aller aux États-Unis, c’est seulement pour visiter le pays. 

Que non ! C’est la première puissance économique ! Pourquoi ne pas y aller pour expérimenter le rêve américain, c’est-à-dire devenir hyper-riche du jour au lendemain ? Beaucoup ne savent pas qu’avec 500 000 dollars, on est investisseur résident aux États-Unis avec toute sa famille. Il y a toute une politique qui favorise et incite les investisseurs à immigrer aux États-Unis. C’est le genre d’informations qu’Easy Commerce Corp. apporte maintenant : dans quels secteurs investir aux États-Unis.