Business Meeting Comment booster la croissance et la compétitivité de la RDC

L’économie de la RDC est face à des défis, dont les principaux ont été évoqués par le chef de l’État dans son adresse à la tribune de Sultani Makutano 5. Pour les relever, les responsabilités sont partagées entre l’État, le secteur privé et la société civile.

C’EST UN APPEL à l’unisson que Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a lancé, le 6 septembre, à Pullman Hotel Kinshasa : « Nous devons donc travailler ensemble pour réussir les paris de l’éducation, de la formation professionnelle, de la promotion de l’entrepreneuriat et plus généralement de la transformation structurelle de notre économie. » Dans cette démarche, le président de la République pense que « le programme des 100 jours constitue les prémices d’un vaste plan national de développement afin de faire jouer à la République démocratique du Congo son rôle dans le processus de l’intégration africaine ».

Défi des capacités, défi du financement et surtout défi de la volonté politique d’œuvrer pour l’intérêt de la nation dans un monde ouvert. Pour lui, le défi des capacités revêt de nombreux aspects : « Notre système éducatif n’est pas en phase avec nos grands défis économiques et humains. Le déficit en main-d’œuvre qualifiée dans de nombreux secteurs s’est aggravé, de même que la culture et l’éthique au travail. C’est pourquoi, j’ai dédié à la formation professionnelle un ministère à part entière avec l’objectif de multiplier les centres de formations professionnelles. » 

La vision du chef de l’État pour le Congo a toujours été de « mettre l’homme au centre de l’action du gouvernement et de faire de la promotion du capital humain une grande cause nationale ». Pour lui, « c’est notre plus grand chantier, sans lequel aucun des autres n’a de chance de prospérer ». Quant au financement de l’économie, « il est impossible d’investir sans capitaux ni crédit ». En effet, la RDC est l’un des pays les moins bancarisés du continent. Le ratio crédit à l’économie sur PIB est autour de 6 %, contre une moyenne de 45 % en Afrique et plus de 100 % dans les pays industrialisés. C’est pourquoi « le rôle des pouvoirs publics et la répartition des responsabilités doivent être réinventés ». Dans son rôle, « l’État, dont les ressources ordinaires sont extrêmement faibles au regard des besoins, doit œuvrer à résorber le déficit en infrastructures, en combinant des solutions financières et opérationnelles publiques et privées, afin de lever les multiples goulots d’étranglement qui obstruent l’essor de notre économie ». 

Les leviers innovants

La RDC regorge de potentialités et de perspectives prometteuses. En matière d’énergie, avec un potentiel combiné de plus de 200 000 MW, dont 100 000 dans l’hydroélectricité, ses ressources et sa position géographique lui permettent de s’affirmer comme « le noyau d’une véritable toile mondiale de l’énergie, une sorte de World-Wide Energy Web (WWEW) », qui pourrait s’étendre jusqu’en Europe méditerranéenne et en Asie du Sud-Ouest. Ce secteur peut à lui seul générer plus de 15 milliards de dollars de revenus publics annuellement ». Cet avantage comparatif inégalé, a déclaré Félix Antoine Tshisekedi, s’ajoutant à l’existence d’un vaste massif forestier, lui confère « le premier rôle sur le continent » en ce qui concerne la lutte contre le changement climatique, la préservation de la biodiversité, et partant, l’atteinte des objectifs mondiaux pour le Climat. La RDC dispose de plus de 65 % des forêts du bassin du Congo qui est la deuxième forêt tropicale mondiale après le Brésil et avant l’Indonésie. 

Par ailleurs, le potentiel agricole constitue le deuxième levier de croissance important, avec ses 80 millions d’hectares de terres arables et 40 millions de terres irrigables. « Le défi pour nous est d’amener la population rurale et agricole d’une production de subsistance à une production industrielle ». En outre, le pays possède 53 % de toutes les eaux douces d’Afrique et 13 % du monde. « À cet égard, mon pays peut résoudre le problème de la désertification qui menace l’Afrique au Nord comme au Sud. Une politique efficiente et solidaire de la gestion de l’eau s’impose à mon gouvernement ». 

L’économie nationale est caractérisée par son important secteur minier que d’aucuns considèrent comme notre principal atout. « Il est peu probable que ce grand potentiel minier, du reste épuisable, serve efficacement la cause du développement de notre nation tant qu’il ne sera pas consolidé par une véritable valeur ajoutée sur les produits d’extractions, issue de l’ingéniosité et du labeur des populations congolaises ». Le chef de l’État veut désormais que « les richesses minières puissent être investies dans le sol c’est-à-dire dans l’agriculture qui constitue le  durable. Ce serait une bonne revanche du sol sur le sous-sol ».

De ce point de vue, la diversification de notre économie est un impératif. Elle exige une grande maîtrise des savoirs, des sciences et des techniques dans les différents secteurs. « La RDC, avec les plus importants gisements au monde de cobalt et de lithium, constitue l’espoir de l’humanité en ce qui concerne la construction des véhicules à moteur électrique. 

À l’heure de la quatrième révolution industrielle, l’accès et la maîtrise des savoirs sont rendus plus aisés grâce au numérique. La progression fulgurante de l’utilisation des nouvelles technologies de la communication en témoigne. L’Afrique qui ne comptait que quelques millions de téléphones portables en 2010, en compte aujourd’hui plus d’un milliard. « Bien utilisés, ces moyens modernes feront que notre jeunesse sera mieux éduquée, mieux informée et surtout mieux connectée au reste du monde. Nous devons faire de ces moyens de communication modernes de véritables outils de l’entrepreneuriat et de la création de richesses », a insisté le président de la République.