CBN organise une conférence sur le financement des start-ups congolaises

Le réseau international Congo Business Network est sur la brèche. Il va tenir à Kinshasa, le 5 septembre, une grande rencontre sur le rôle de crowdfunding.

L’OBJECTIF de cette rencontre est de créer un environnement dans lequel les entrepreneurs peuvent échanger des vues sur un sujet économique majeur, et proposer des solutions pour surmonter les obstacles concernant l’accès au capital devant aider à financer un business dans le pays. Les organisateurs ont  indiqué que cet événement servira également de cadre pour les participants venus de secteurs public et privé de développer des relations interprofessionnelles afin de parvenir au développement de leur business. Pour Congo Business Network (CBN), dans le monde des affaires, les relations constituent un atout très important que tout entrepreneur doit avoir, que ce soit avec des investisseurs, des clients, des fournisseurs ou des collaborateurs.

La source note également que le fondateur du CBN, Noël Tshiani, a souligné que cette conférence vise aussi à favoriser des opportunités de réseautage pour les membres qui viendront du Canada, des États-Unis, d’Europe et des experts en propriété intellectuelle basé à Genève. CBN est un réseau international de professionnels et d’entrepreneurs congolais. Sa mission est de connecter les professionnels et les entrepreneurs dans le monde de business, afin d’agir pour contribuer au développement économique du Congo. 

Plusieurs rapports et études démontrent, en effet, que les tech-entrepreneurs et innovateurs de la sous-région d’Afrique centrale sont ceux qui suscitent chaque année le moins d’intérêt de la part des banques, des organismes internationaux et des fonds d’investissement dédiés à l’innovation technologique. Depuis 2016, un volume d’engagement financier croissant est investi dans les entreprises numériques sur le continent, mais il est essentiellement absorbé par l’Afrique de l’Est, l’Afrique australe et dans une mesure non-négligeable l’Afrique du Nord et de l’Ouest. 

L’Afrique centrale est en effet invisible en termes d’innovation et cela se ressent sur l’intérêt des investisseurs pour la sous-région. L’Agence française de développement (AFD), dans son étude sur « l’innovation numérique en Afrique et dans les pays émergents » publiée en 2017, le remarquait déjà. Elle présentait, au regard des réalisations et du volume d’entreprises créées, les pays africains de culture anglo-saxonne comme les plus dynamiques, avec les nations d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe en tête. 

Investissements

Suivaient les pays d’Afrique du Nord emmenés par l’Egypte. Ensuite, intervenaient les pays d’Afrique de l’Ouest avec la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Sénégal en figures de proue. En Afrique centrale, seul le Cameroun sortait à peine la tête de l’eau. Une faiblesse dont l’impact se faisait directement ressentir sur la cote d’amour des investisseurs pour la sous-région. 

En 2017, la Société financière internationale (IFC), branche de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, estimait que le secteur africain des start-up avait été à l’origine d’une levée de 556 millions de dollars attribués à 124 start-up. Le volume financier affichait une augmentation de 53 % comparé à 2016. Sur les 54 nations du continent, l’Afrique du Sud, le Kenya, le Nigeria et l’Egypte confisquaient 84 % de ce financement. Les start-up d’Afrique du Sud totalisaient 167 millions de dollars captés, contre 147 millions de dollars pour les kényanes. Les start-up nigérianes réunissaient un total de 114 millions de dollars tandis que les égyptiennes s’en sortaient avec 37 millions de dollars. 

Les principaux secteurs dans lesquels tout cet argent a été investi ont été les technologies financières, l’énergie solaire hors réseau et le commerce électronique. En 2018, les start-up africaines ont réalisé une performance remarquable en termes d’investissement capté : 458 levées de financement pour une somme de 725,6 millions de dollars. Soit 300 % du montant total du financement capté en 2017, selon le Wee Tracker Venture Investments Report. En termes de sous-région dominante, l’Afrique de l’Ouest est passé en tête devant l’Afrique de l’Est et australe, habituellement au coude à coude.

Nigeria, RSA, Kenya…

Les start-up nigérianes ont arraché un total de 136 offres de financement sur les 458 levées de fonds enregistrées. L’Afrique du Sud est arrivée deuxième. Ses start-up ont capté 107 des offres de financement, suivie du Kenya avec 73 levées de fonds. Cette tendance présente un léger écart par rapport à l’année dernière où l’Afrique du Sud était en tête du classement.

Des pays comme l’Égypte, l’Ouganda, le Ghana et la Tunisie se sont joints à la course en 2018 comme destination préférée des investisseurs. Malgré cet engouement des investisseurs pour les start-up  africaines, l’IFC déplorait tout de même un certain retard du continent par rapport à l’Amérique latine qui atteint déjà près de 2 milliards de dollars de financement attirés. 

L’Inde avoisine déjà les 8 milliards de dollars. Dans cette Afrique, quelque peu en retard, mais tout de même riche en potentiel, l’Afrique centrale est demeurée sous-représentée, voire effacée. 

Des marchés amorphes

Georges Meka Abessolo, spécialiste en économie numérique, considère déjà que le désintérêt des investisseurs pour la sous-région Afrique centrale découle de la faible production de son tissu innovant. Les investisseurs ne sont attirés que vers des marchés dynamiques, qui réalisent des produits et solutions technologiques qui répondent aux besoins locaux. Le dynamisme de la créativité, il se lit à travers le nombre de centres d’incubation, de hubs technologiques, d’accélérateurs de start-up qu’abrite une région. Plus le nombre est important, plus les porteurs de projets qui veulent les porter à maturation sont nombreux, plus les entreprises innovantes se multiplient. 

Selon l’Association mondiale des opérateurs télécoms (GSMA), 442 hubs technologiques actifs étaient enregistrés en Afrique en 2018. Le nombre est en croissance comparé aux 314 comptabilisées en 2016. Cinq pays, l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya, le Maroc et la RDXC confisquaient 45 % de ces hubs technologiques. 

Alors que l’Afrique australe totalisait une cinquantaine de hubs, une quarantaine pour l’Afrique de l’Est, une cinquantaine pour l’Afrique de l’Ouest et du Nord, l’Afrique centrale n’enregistrait qu’une vingtaine à peine. Une morosité qui justifie également l’absence d’investissement de grands groupes technologiques, tels que Microsoft, Facebook ou encore Google, comme c’est le cas ailleurs. Au Kenya, au Rwanda, en Ouganda, en Afrique du Sud, au Nigeria, au Ghana, en Côte d’Ivoire, en Egypte, au Maroc, en Tunisie, locomotives des différentes autres sous-régions, des accords d’investissement initiés par plusieurs grands groupes se multiplient et témoignent du dynamisme de ces sous-régions.  

Absence de promotion 

Dans le groupe que forment le Cameroun, le Gabon, le Congo, le Tchad, la RDC, l’Angola, la Centrafrique, la Guinée Équatoriale et Sao Tomé et Principe, l’écosystème start-up qui existe n’est pas mature. 

Les quelques véritables tech entrepreneurs qui existent souffrent d’une absence de promotion au niveau international. Personne ne les connaît, leurs succès restent cachés. Il y a aussi le problème de solutions développées. Les start-uppers développent peu de solutions qui répondent aux besoins et aux réalités locales. Ils veulent directement développer une solution, une application ou un service inédit qu’ils espèrent introduire directement sur le marché international. « Or ce n’est pas  judicieux de s’introduire sans vision sur des marchés technologiques plus dynamiques et plus prolifiques. Il faudrait évoluer par niche de marché, convaincre déjà au plan local, national, puis s’ouvrir au régional, puis continental et après international. Un processus de plusieurs années en somme », souligne Georges Meka Abessolo.

Au-delà de la seule créativité des start-uppers, il indique que les autorités publiques doivent également contribuer au dynamisme de l’écosystème local en incitant à la recherche et à l’innovation. Les gouvernements sont les mieux au fait des domaines ou secteurs dans lesquels la technologie pourrait leur être d’une grande utilité. La commande publique peut ainsi être orientée dans ce sens à travers des appels d’offres pour des solutions numériques destinées à améliorer, faciliter, conforter l’efficacité de l’autorité publique dans ses missions de gestion publique (gestion des déchets publics, transport, etc.). La crédibilité des start-uppers, ainsi construite au fil des années avec la contribution des pouvoirs publics, ne pourra que susciter un vif intérêt des investisseurs privés nationaux et internationaux pour les tech entrepreneurs.