Ces mamans solos qui trompent leurs conjoints restés au pays

Le phénomène n’est pas nouveau : dans « Mamou », une chanson décapante des années 80, Franco le dénonçait, comme lui seul savait le faire. Aujourd’hui, plus qu’une simple pratique sentimentale, c’est devenu une activité économique. La monoparentalité devient une situation de plus en plus fréquente et compliquée à gérer.

BIENVENUE au club !, pourrait-on ainsi dire. La vie en Europe est dure pour les mères qui élèvent, seules, leurs enfants. C’est une vérité de La Palisse. Mais pour les femmes qui vivent avec enfants en expatriation, loin de leurs maris (pour la plupart des politiciens, ministres ou DG, conseillers, généraux, etc.) restés au pays, cela paraît comme une partie de plaisir. On rapporte qu’elles reçoivent régulièrement de l’argent pour le ménage et autres besoins : entre 5 000 et 10 000 euros mensuels, sans travailler. 

Et comment font-elles pour leur volupté ou le désir de l’autre ? C’est simple, elles entretiennent des hommes, parfois sous leur toit, au grand dam et regret des enfants. Bizarrement, la situation de ces mamans solos fait des envieuses dans la communauté congolaise, notamment en France et en Belgique d’où nous parviennent des échos. Ce sont désormais les femmes résidentes en Europe qui recherchent des hommes en RDC pour les entretenir. Pourquoi ?

Jeannine, 42 ans, assistante sociale, vit dans la banlieue parisienne. Elle explique : « Être mère monoparentale n’est pas évident du tout. D’abord, il faut pallier l’absence du père auprès de l’enfant ou des enfants si vous en avez plusieurs, mais il faut surtout gérer les difficultés économiques. Quand on élève un enfant (surtout en bas âge) à deux, les décisions à deux sont plus rassurantes, et l’enfant a besoin de s’épanouir sereinement avec ses deux parents. »

En France tout comme en Belgique où il y a une forte communauté des Congolais, le principal souci pour les familles monoparentales, c’est la garde des enfants quand on travaille. « Difficile de tout faire en même temps, poursuit Jeannine. Si vous n’avez personne de votre famille et de vos amis pour vous aider, cela entraîne les dépenses d’assistance maternelle, de cantine, etc. Pour ceux qui ont la chance, papi et mamie vont prendre l’enfant à la sortie de l’école, ou l’emmener faire la promenade, ça fait plaisir. »

Les problèmes économiques

La gestion économique est donc la plus difficile parce qu’il n’y a qu’une rentrée d’argent. « Effectivement, épargner et économiser est primordial quand on vit en Europe », raconte Trinidade, 33 ans. Qui souligne que l’argent est un facteur de stress chez beaucoup de gens parce que cela a un impact sur le moral, celui que voient les enfants au quotidien. Dans ce contexte, comment s’en sortir, plutôt comment sortir des problèmes ? 

Et de poursuivre : « Actuellement, des mères monoparentales se sentent plus que débordées dans la gestion de leur quotidien. Elles se privent de temps avec les enfants si elles travaillent tous les jours. Elles cachent le problème aux enfants alors qu’il faut leur dire la vérité pour qu’ils comprennent la situation et pour qu’ils puissent soutenir leurs mamans ». Très souvent, ajoute Trinidade, on n’explique pas aux enfants pourquoi ils sont avec un seul parent, en l’occurrence la mère, et non avec leurs deux parents…

D’après Aurélie, 62 ans, les femmes restent majoritairement à la tête des familles monoparentales pour diverses raisons. « Dans la communauté congolaise de France ou de Belgique, on observe que de plus en plus de foyers sont composés d’un parent sans conjoint avec au moins un enfant mineur. Une mère monoparentale jongle entre éducation, gestion du quotidien, travail… prendre les responsabilités des deux parents à la fois. L’exercice d’une activité rémunérée n’embellit pas forcément le tableau, loin de là. Et pourtant, on ne peut pas reprocher aux mères seules de ne pas travailler. Elles ne peuvent en effet compter que sur elles-mêmes pour gérer leur ménage et subvenir aux besoins familiaux », fait-elle remarquer. 

Jacqueline, une cinquantenaire qui est partie en Belgique à l’âge de 12 ans, distingue quatre éléments qui peuvent entraîner la situation de monoparentalité. « Il y a la séparation ou le divorce, le décès, le fait d’avoir un enfant sans être en couple, et la situation en expatriation », énumère-t-elle. Et de souligner : « Pour les mamans solos qui vivent en expatriation, les difficultés économiques sont réduites parce que l’autre parent (le père) resté au pays s’occupe de transférer l’argent. Ce qui leur permet de vivre heureuses et épanouies. Et pour combler le vide, elles entretiennent des liaisons amoureuses pour leur volupté. C’est donc normal qu’elles fassent des envieuses auprès des compatriotes. »

Alors, comment faire pour s’en sortir ? Des femmes interrogées ont des avis partagés. « On voit de plus en plus de femmes résidentes en France ou en Belgique rechercher des hommes au pays, capables de les entretenir financièrement. Quand on pose la question, la réponse est vite donnée : à Kinshasa, les hommes au pouvoir dépensent sans compter. Je connais une dame qui reçoit régulièrement de son mari politicien entre 10 000 et 20 000 euros mensuels, alors que les compatriotes qui travaillent ici ne gagnent qu’entre 1 500 et 4 000 euros », rapporte Jeannine. Qui renchérit : « Je connais des mamans solos qui se rendent souvent à Kinshasa auprès de leurs amants, et quand ces derniers viennent en séjour en Europe, elles prient gentiment leurs compagnons de faire vide car le bailleur de fonds est là. ». Si cette problématique courante semble gêner, des personnes interrogées s’estiment mal informées sur le phénomène pour aborder frontalement ce sujet complexe empiétant sur la sphère personnelle. Cependant, René Mavinga, sociologue, résident à Paris, raconte dans son livre « Le Boss est là, surtout pas de bêtises » comment le phénomène devient presqu’à la mode. Il y décrit, avec moult détails, les absurdités de la gestion du « foyer » chez les Congolaises, surtout celles qui vivent en expatriation. 

Alors, existe-t-il un remède ?

La tendance depuis des années, écrit René Mavinga, est d’envoyer en expatriation femme et enfants. Faute de données fiables, cette tendance témoigne néanmoins de l’état d’esprit actuel et de l’aspiration à une vie meilleure, de la quête d’une éducation de meilleure qualité, ou tout simplement d’un lieu de vie plus sûr. « L’expatriation des familles ne répond donc pas, ou dans très peu de cas, à des motivations économiques parce qu’à Kinshasa les gens s’enrichissent sans cause pourvu que l’on fasse la politique », souligne le sociologue. 

« Du coup, les mamans solos deviennent la proie des prédateurs gigolos, qui cherchent à vivre à leurs crochets. À l’inverse, les femmes lorgnent les politiciens aux pays pour bien vivre sans travailler en Europe », poursuit René Mavinga. Mais qu’est-ce que tout cela signifie pour la communauté ? « Il faut considérer les impacts sociaux et économiques. Ce sont là des questions importantes, certes, mais nous ne devrions pas ignorer les raisons pour lesquelles ces mamans solos trompent leurs maris restés au pays ». 

« Avant tout, nous devons admettre qu’une expatriation persistante est en général le symptôme, et non la cause, d’un problème sous-jacent. On devrait donc s’attaquer à ces enjeux de fond en adoptant des postures visant à préserver l’éducation des enfants », souligne ce sociologue. Jeannine, l’assistante sociale estime que « le moyen le plus efficace à long terme pour endiguer le phénomène est avant tout de dissuader les femmes de quitter le pays ». Comment ? « En leur donnant une raison de rester ou de rentrer au pays, c’est selon, c’est-à-dire en leur assurant de meilleurs emplois, davantage de perspectives et un niveau de vie plus élevé. Élever seule ses enfants ne devrait pas constituer un risque de précarité », souligne-t-elle.