C’est finalement le béninois Cofima qui va auditer le CAB5

Malgré son offre la moins disante, soit 23 385 dollars, de tous les six soumissionnaires, le cabinet Price Waterhouse Coopers/RDC n’a pas été retenu par la Société congolaise de fibre optique sur le critère de scores techniques. POLD LEVI MAWEJA

C’EST FAIT. La Société congolaise de fibre optique (SOCOF SA) devra verser quelque 34 740 dollars au cabinet béninois Confirma, en dehors de toutes les taxes inhérentes à l’audit attendu. La mission porte, en pratique, sur l’audit financier et comptable du projet Central African Backbone (CAB5). 

Il est attendu de Confirma une opinion professionnelle sur les états financiers, y compris les comptes désignés et les relevés des dépenses du projet à la fin de chaque exercice comptable, mais aussi de s’assurer que les ressources mises à la disposition du projet sont utilisées aux fins pour lesquelles elles ont été octroyées en vue de l’atteinte de l’objectif du développement de la fibre CAB. 

Annoncé depuis plusieurs mois, l’audit financier du CAB 5 aurait été gelé à cause des « chinoiseries administratives » dont on accuserait la Banque mondiale en ce qui concerne la République démocratique du Congo. 

Chinoiseries administratives

En tout cas, on rapporte sans vraiment en fournir les preuves les marchés « juteux » financés en RDC par l’Association internationale de développement, mieux connu sous son sigle anglais IDA, seraient toujours remportés par des firmes ouest-africaines. Est-ce un constat ou la réalité ? 

L’audit sur la fibre optique qui devait initialement porter, aussi, sur l’exercice 2017, ne le sera finalement que pour les exercices 2018 et 2019, ainsi que pour la période de clôture du projet. 

La facture du cabinet béninois sera, en réalité, payée par la Banque mondiale. Le projet CAB5 est appuyé par un financement déjà bouclé de l’institution de Bretton Woods de 92 millions de dollars. Le plan global du réseau CAB5 repose sur trois pôles : le pôle Ouest couvre l’axe 1, Kinshasa-Muanda dans la province du Kongo-Central, en redondance à la Société congolaise des postes et des télécommunications (SCPT) jusqu’à Muanda, avec une interconnexion avec la République du Congo et l’Angola. 

Le pôle Est porte sur l’axe 4, faisant une liaison entre Kalemie (province de Tanganyika)-Bukavu (province du Sud)- et Beni (province du Nord-Kivu) en suivant les routes nationales RN2 et RN5 pour déboucher sur une interconnexion avec le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda, sur quelque 990 km. Le pôle Sud, quant à lui, s’étend sur l’axe 6 qui part de la liaison entre Lubumbashi (province du Haut-Katanga), Bukama et Kalemie, d’abord le long du chemin de fer SNCC jusqu’à Bukama, ensuite en longeant la route nationale RN33 pour réaliser une interconnexion avec la Zambie et l’Angola sur 1 026 km.

Jusqu’à la mise en place de la SOCOF, fin 2016, le Comité de pilotage de la réforme des entreprises publiques (COPIREP) a servi d’agence d’exécution au projet CAB5. Pendant cette période, c’est l’IDA, filiale du Groupe de la Banque mondiale, qui a financé l’exécution du projet CAB5. L’accord de don a été conclu en juillet 2014 avec le gouvernement. En septembre 2016, Hubert Mamba Mabudi, investi directeur général par le conseil d’administration de la SOCOF, a pris les commandes du projet CAB5. Qui est, en pratique, la cinquième phase du projet Central African Backbone (CAB) en vue de l’interconnexion sous-régionale des 11 pays d’Afrique centrale. 

Fluidité de l’internet

Le projet CAB5 entre dans le cadre d’appui au déploiement des liens manquants dans le réseau national de la fibre optique afin de connecter les pôles économiques les plus peuplés de Kinshasa (Ouest), Goma (Est) et Lubumbashi (Sud). 

En reliant les trois pôles économiques, ce réseau fournira aux opérateurs de télécommunications l’opportunité d’offrir des services à travers le pays. Le projet permettra également l’interconnexion avec les pays frontaliers que sont l’Angola, la Zambie, la Tanzanie, le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda, la Centrafrique, le Congo-Brazzaville et le Soudan du Sud. 

Le projet apporte  plusieurs avantages, notamment une meilleure fluidité dans les communications, la transmission des messages par téléphone, l’internet, la radio et la télévision. Il ouvre également de bonnes perspectives fiscales et économiques, indique-t-on au COPIREP. « L’objectif du développement du projet CAB5 est d’aider à accroître la portée géographique ainsi que l’usage des infrastructures régionales haut débit et pour réduire le prix des services et améliorer l’accès aux technologies de l’information et de la communication. Ce Projet a pour rôle de permettre à un public plus large d’accéder à la fibre optique », commente un expert du COPIREP. 

Le projet CAB 5 vient, en effet, en appui au plan global du Backbone national de la RDC. Son déploiement devrait totalement s’accomplir courant 2019. 

Dans le canevas du financement de ce projet, il est également prévu que les opérateurs privés fournissent un investissement au coût du réseau pour couvrir l’équipement actif. Le projet est mis en œuvre à travers un partenariat public-privé suivant le principe d’« open access ». 

Il se décline en 3 composantes : l’appui au ministère des Postes, des Télécommunications et des Nouvelles Technologies de l’information et de la communication (PT&NTIC) pour une émergence numérique (13,2 millions de dollars), l’appui au ministère du Portefeuille pour la construction, la gestion et la commercialisation de l’infrastructure CAB5 par le partenariat public-privé (71,6 millions de dollars) et l’appui à l’Autorité de régulation des postes et des télécommunications (ARPTC) pour améliorer l’efficacité réglementaire (7,3 millions de dollars). 

La première composante consiste à renforcer les capacités du ministère des PT&NTIC, en particulier dans la gestion du nom de domaine .cd, à la gestion des e-Déchets (le processus de recyclage de l’équipement électronique), l’intranet du gouvernement ainsi que la réhabilitation de la liaison Kinshasa-Muanda de la SCPT.