Déficit énergétique Le tour du pays

D’Inga à Lubumbashi, de Kipushi à Kolwezi, de Kinshasa à Goma, de Kikwit à Kisangani, de Mbandaka à Beni, de Kindu à Mbuji-Mayi, l’électricité est un vrai casse-tête. Et bien sûr, 2018, c’est l’échéance de l’EDPT. Quid de la politique de la SNEL face à la pénurie et du mix ?

Malgré son potentiel hydroélectrique immense, la République démocratique du Congo connaît un déficit énergétique depuis plusieurs années. Pour inverser la tendance, le gouvernement a mis en place une stratégie dite « Énergie durable pour tous » (EDPT). Cette stratégie comprend trois objectifs ambitieux : doubler à l’échéance 2018 le taux d’accès à l’électricité (de 9 % à 18 %), lancer de grands travaux d’ouvrages hydroélectriques à travers le pays, et prendre des mesures incitatives en rapport avec la nouvelle loi qui libéralise le secteur de l’électricité en RDC. En attendant la mise en application de cette loi qui casse son monopole, dans l’objectif d’attirer les investisseurs privés en leur offrant un cadre juridique sécurisant, la Société nationale d’électricité (SNEL) continue à jouer son rôle de gestionnaire du secteur pour compte de l’État. 

Face à la situation qui se traduit par la demande sans cesse croissante et les pannes récurrentes des groupes dans les centrales, la SNEL a défini une politique en deux phases pour parer au problème du gros déficit énergétique.

En premier, il s’agit de la récupérer la puissance par la réhabilitation des groupes dans les centrales et des lignes associées. En second, il s’agit de construire de nouvelles centrales. La réalisation des grands travaux devant se faire avec l’appui financier de différents bailleurs de fonds, dont la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD), IDA…

Récupération de puissance 

S’agissant de la récupération de puissance par la réhabilitation des groupes dans les centrales et des lignes associées (1ère phase), trois grands Projets ont été retenus. D’abord, le Projet des marchés de l’électricité en Afrique australe (SAPMP). Il a été approuvé le 11 novembre 2003, financé par l’IDA (une structure de la Banque mondiale : prêt IDA 177,5 millions de dollars, dons IDA 160,4 millions et 201,5 millions de dollars), la Banque européenne d’investissement (prêt BEI 57 millions de dollars) et la SNEL (11,9 millions de dollars) pour un coût total de 539,4 millions de dollars. Le projet qui a démarré le 17 mai 2004 et qui devait en principe se clôturer le 30 septembre 2016, a pour ambition de porter de 280 MW à 560 MW la capacité de transit du corridor d’exportation de l’électricité de la RDC vers les pays de l’Afrique australe. 

Il est exécuté par la Coordination des Projets/SNEL. Les principaux marchés consistent en la réhabilitation du système courant continu Inga-Kolwezi, des postes 220 kV du Katanga (100 %), la construction des nouvelles lignes 220 kV, la réhabilitation des lignes THTCC et HTCA du Katanga. Ils portent aussi sur la fourniture et l’installation de la fibre optique d’Inga à Kasumbalesa, et l’installation des équipements de télécommunication, la construction des infrastructures communautaires dans 7 villages au Katanga, la commercialisation de la capacité excédentaire de la fibre optique. Le marché est en cours d’attribution à Airtel pour une paire de fibre. Comme difficultés, le projet est en cours de clôture sans les services de l’ingénieur conseil, le retard dans plusieurs marchés à cause des problèmes d’interface, l’incapacité technique et financière de certains contractants, la mauvaise performance d’autres contractants, le non-respect des obligations contractuelles par certains contractants, l’obtention tardive des licences d’importation…

Ensuite, le Projet de développement des marchés pour la consommation domestique et à l’exportation (PMEDE). Comme le SAPMP, le PMEDE est aussi financé par l’IDA, la BEI mais également par la BAD pour un montage financier de 681millions de dollars (dons IDA 269,4 millions et 239,8 millions de dollars, prêt BEI 75,8 millions de dollars, KfW 26,5 millions de dollars, BAD 56,7 millions de dollars et SNEL 12,8 millions de dollars). Le projet a été approuvé en 2007 et mis en route le 2 avril 2008. Date limite prévue : le 30 juin 2018. État d’avancement : les travaux sont en cours. Le PMEDE vise à améliorer l’efficacité opérationnelle du secteur de l’électricité, renforcer la capacité de production de l’électricité, de transport et de distribution, afin de mieux satisfaire la demande intérieure en électricité et favoriser l’intégration du marché régional de l’électricité. C’est la Coordination des Projets/SNEL qui exécute les travaux. 

Les principaux marchés portent sur la réhabilitation des groupes G21 et G22 d’Inga II (fin probable en juin 2017), du groupe G14 d’Inga I (fin probable en avril 2017), des groupes G11 et G15 (fin probable en décembre 2017), du groupe G12 (depuis avril 2014 avec l’apport de 55 MW sur le réseau). Ils portent également sur la construction de la deuxième prise d’eau (fin probable en juin 2018), de la nouvelle ligne 400 kV Inga-Kinshasa ; l’électrification de Kimbaseke par l’implantation des réseaux MT et BT (fin en décembre 2017), des poches noires de Malweka, Mpasa et Kisenso (fin probable en juin 2018) ; la construction du poste 220/20 kV de Kimbanseke (fin probable en juin 2017).

Les marchés consistent également à compenser l’énergie réactive au poste HT de Kimwenza, placer des transformateurs 220/30 kV à la sous-station de l’UPN, au Poste Mitendi, à la Cellule 30 kV (fin probable en juin 2018) ; renforcer les capacités des sous-stations par l’ajout d’un transformateur de puissance ; construire des lignes aériennes 30 kV pour fiabiliser la boucle 30 kV de Kinshasa ; poser et raccorder des cabines MT/BT.

Les principales difficultés sont le glissement des délais dû aux contraintes d’exploitation, aux problèmes techniques rencontrés dans les machines, aux règlements des paiements des indemnisations des personnes affectées par le projet, aux difficultés rencontrées avec la Direction générale des douanes et accises (DGDA) pour le dédouanement des équipements commandés malgré l’exonération, au non paiement des factures en souffrance de la contrepartie SNEL…

Enfin, les Projets d’électrification périurbaine et rurale (PEPUR). Appuyés par la BAD à hauteur de 106,9 millions de dollars (don FEF/FAT 91,11 millions de dollars, don FAD 14,71 millions de dollars, SNEL 1,05 million de dollars), ils ont obtenu leur approbation le 15 décembre 2010 et sont entrés en vigueur le 10 août 2011 grâce à la signature des deux accords des dons FAD et FEF. Date de clôture : le 31 décembre 2017. Une prorogation va être demandée du fait que la SNEL va démarrer deux nouveaux marchés dont la durée d’exécution est de 18 mois. Le PEPUR a pour ambition de développer des infrastructures de distribution de l’énergie électrique à Kinshasa et dans quatre centres à l’intérieur du pays, contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations et soutenir le développement économique et social du pays, ainsi qu’à l’élaboration d’un portefeuille « Projets Énergie » crédibles et bancables en RDC. C’est la Cellule d’exécution des études et projets/SNEL qui est en charge des travaux. Les principaux marchés concernés sont le Poste 220/20 kV de Makala et l’électrification de la poche noire associée ; le renforcement de la sous-station Badiadingi et l’électrification des poches noires associées, des sous-stations Campus, Kinkole et Nsele et l’électrification des poches noires associées ; l’électrification rurale de Ngombe-Matadi et Nkamba ; l’assainissement et le renforcement de la capacité des réseaux MT & BT dans les communes de Kinshasa-Ouest et Kinshasa-Nord (contrats en négociation) ; l’assainissement et le renforcement de la capacité des réseaux MT & BT dans les communes de Kinshasa-Ouest et Kinshasa-Nord. Les offres reçues étaient encore en cours d’analyse ; l’électrification rurale de Dima et Bendela (provinces de Kwilu et de Maï-Ndombe), de Yakusu (province de la Tshopo), de Kabare (Sud-Kivu).

Les principales difficultés sont les retards enregistrés dans les processus de mise en œuvre (retards dans les avis préalables de la Banque sur certains dossiers) ; celles rencontrées en début d’exécution des contrats dans le processus d’obtention des licences d’importation ; les problèmes d’apparition d’érosions dans certains sites des travaux, particulièrement à Badiandingi et à l’Université de Kinshasa.