Déraillement de train à Kamina, des réformes s’imposent

Naufrages réguliers sur ses eaux intérieures (lacs, rivières et fleuve),  déraillement sur les chemins de fer, accidents des routes, crashs d’avion à un rythme qui rappelle les films Western : la série noire n’est pas prête à s’arrêter.   Plus de 500 morts pour ces trois derniers mois si on tient compte de 250 victimes du  naufrage du lac Albert,  ajoutés à la centaine connue lors du déraillement de Kamina, sans compter plusieurs centaines de morts signalés régulièrement sur les routes du Bas Congo, du Bandundu et du Katanga …  La cadence de malheurs qui s’abattent sur ce géant au cœur de l’Afrique prend l’allure d’une série noire et fait penser à la poursuite d’un signe indien. Les principales raisons de ces accidents sont notamment la vétusté des infrastructures ou des outils de travail quand la formation du personnel n’est pas remise en cause. Sur proposition de plusieurs institutions spécialisées et des bailleurs de fond, l’Etat a entrepris plusieurs réformes  pour  infléchir et redresser finalement  la courbe négative. Les sociétés ainsi que les régies de transports (SCPT, ex Onatra, SNCC, RVA, RVM, RFV….) sont sous les poids  des reformes qui tardent encore à produire leurs effets.

SNCC : Etat de lieu de la réforme

Outre la vétusté et l’insuffisance de l’outil de travail, la SNCC devra continuer à gérer une situation sociale explosive avec des agents qui; au passage, comptent près de 80 mois d’impayés
Les observateurs

En 2006, le rapport de plusieurs études initiées par la Banque mondiale, le FMI et la BAD, et  appuyées par plusieurs cabinets financiers, décrivaient le manque de performance et  une situation financière, sociale et structurelle lamentable des plusieurs entreprises publiques de la RDC dont la SNCC. Toutes ces entreprises ont été victimes pendant plusieurs décennies  des gabegies successives des régimes précédents (zaïrianisation, nationalisation, etc.) . La SNCC, comme toutes les entreprises publiques, affichaient de tristes  records : une décennie   de salaires impayés,  pléthore d’employés, journaux de caisse non tenus, absence de revue management, etc. Ainsi, à un moment, il a semblé adéquat d’user des faits l’urgence et de la nécessité pour reformer, c’est-à-dire pour passer du statut d’entreprise publique à celui d’entreprise commerciale : il n’y aurait pas meilleur moyen de rendre ces entreprises rentables si ce n’était qu’à travers la modernisation de leur gestion.

Mais aujourd’hui, le bilan semble bien modeste : l’entreprise a passé plusieurs années à régler des grèves, des procédures contestées de mise en retraite du personnel vieillissant, de la contestation des nominations des managers, aux sorties mouvementés des syndicalistes paralysant la société pendant plusieurs jours.

Signes d’une timide renaissance 

Après plusieurs années de dures réformes dans un climat délétère de méfiance entre travailleurs et dirigeants, le bilan peut se résumer en l’acquisition d’un lot important de 200 Tonnes  de rails pour moderniser tout le réseau ferroviaire de la SNCC(en provenance de Dar-es-Salam en Tanzanie sur un total des 4 000 attendues) ainsi que 15 locomotives au mois de juin 2013 . Cette acquisition s’est effectuée dans le cadre du projet de transport multi modal (PTM) financé par la Banque mondiale. Le programme vise le renouvellement et la sécurisation de la voie ferrée sur une distance totale d’environ 700 kilomètres en commençant par l’axe  Tenke-Dilolo, réputé pour son trafic lourd en minerais.

La SNCC, qui est confrontée à plusieurs difficultés (dont  la vétusté de l’outil de production et l’irrégularité dans le paiement des salaires de ses agents),  compte 3 641 kilomètres des voies dont plus de la moitié est affectée.  Le dernier épisode du malaise qui couve au sein de cette entreprise est la nomination, au mois de mars dernier  d’un nouvel ADG, le professeur Ilunga Ilunkamba.

Tout le monde reconnaît  que la tache de cet ancien    secrétaire exécutif du Comité de pilotage de la réforme des entreprises du portefeuille de l’Etat (Copirep),  jusqu’à sa nouvelle nomination,  s’annonce complexe. Outre la vétusté et l’insuffisance de l’outil de travail,  il devra continuer à gérer une  la situation sociale explosive avec  des agents qui au passage, comptent près  de 80 mois d’impayés.