EDF et Londres officialisent un accord pour bâtir deux EPR au Royaume-Uni

PARIS,

AFP PHOTO/CARL COURT
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Londres et le géant français EDF, allié à des groupes chinois, ont officialisé lundi un accord portant sur la construction de deux réacteurs nucléaires EPR au Royaume-Uni, marquant ainsi le coup d’envoi du renouvellement du parc britannique.

“C’est un jour historique”, a lancé le ministre britannique de l’Energie Ed Davey en présentant à Londres cet investissement chiffré à 16 milliards de livres (près de 18,9 milliards d’euros) aux côtés d’Henri Proglio, le PDG d’EDF, et de Vincent de Rivaz, le patron d’EDF Energy.

Aucune centrale n’avait en effet été construite en Grande-Bretagne depuis celle de Sizewell B, inaugurée en 1995.

“Nous faisons face à une crise énergétique imminente au cours de la prochaine décennie” et “nous ne pouvons pas mettre tous nos oeufs dans le même panier”, a ajouté M. Davey, pour défendre le renouvellement du parc alors que quinze des seize réacteurs en activité dans le pays doivent fermer d’ici dix ans.

Le Royaume-Uni est l’un des rares pays à rester fermement engagé en faveur de l’atome même après la catastrophe de Fukushima.

Cet accord, intervenu après de longues négociations serrées, prévoit notamment un prix de vente garanti pendant 35 ans pour l’électricité produite par la centrale de Hinkley Point C (sud-ouest de l’Angleterre), qui regroupera ces deux réacteurs.

Ce prix sera fixé à 89,50 livres par mégawattheure si EDF décide par la suite de poursuivre son projet de construction de deux autres EPR à Sizewell, dans l’est de l’Angleterre. Dans le cas contraire, il s’élèvera à 92,5 livres.

Des montants très élevés par rapport aux cours de l’électricité outre-Manche, ce qui alimentait la polémique sur la hausse des prix qui est au centre des débats depuis la proposition fin septembre d’un gel des prix par le leader de l’opposition travailliste Ed Miliband.

Mais EDF et le ministère de l’Energie, qui se félicite que cette centrale soit construite sans faire appel à l’argent public, assurent que le nouveau programme nucléaire “permettra aux ménages d’économiser 74 livres (environ 87 euros) par an en prix courant d’ici à 2026-30”.

Ces deux réacteurs seront des réacteurs de 3e génération de type EPR (réacteur européen à eau pressurisée), le modèle phare et à forte puissance (1.650 mégawatts) du groupe public français Areva.

Ce dernier devrait d’ailleurs prendre une part de 10% dans le projet, aux côtés des groupes chinois CGN et CNNC qui devraient disposer à eux deux de 30 à 40%, alors que le ministre britannique des Finances Georges Osborne a donné son feu vert la semaine dernière à des participations chinoises dans des centrales en Grande-Bretagne.

EDF, qui devrait détenir 45 à 50%, est par ailleurs en discussions avec d’autres investisseurs qui pourraient participer jusqu’à hauteur de 15%.

Mise en service en 2023

Mise en service en 2023

Maintenant que l’accord de principe est scellé, la décision finale d’investissement pourrait intervenir “d’ici juillet 2014” pour une mise en service “en 2023”, selon EDF et Londres. A condition d’obtenir le feu vert de Bruxelles.

Saluant un “très grand jour” pour le pays et la création attendue de 25.000 emplois, le premier ministre David Cameron a indiqué pour sa part espérer que cet accord soit “le premier de plusieurs autres”.

Outre EDF, la société Horizon, revendue au japonais Hitachi par les allemands E.ON et RWE, et le consortium NuGeneration, composé de l’espagnol Iberdrola et du français GDF Suez, sont également sur les rangs pour bâtir d’autres centrales. Au total, au moins dix réacteurs répartis dans cinq centrales devraient être construit dans le pays, en comptant ceux d’EDF.

Le patron d’EDF, Henri Proglio, a évoqué de son côté un “moment clef dans l’histoire d’EDF”, dans le prolongement du rachat de l’exploitant du parc nucléaire britannique British Energy qui a fait du français le premier producteur d’électricité outre-Manche, tandis que l’Elysée a salué un “investissement historique”.

Les deux EPR de Hinkley Point C devraient à eux seuls couvrir jusqu’à 7% de la demande d’électricité au Royaume-Uni et aider Londres à remplir ses ambitieux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

L’opération est également un succès majeur pour Areva, qui vise à récolter 10 commandes d’EPR d’ici 2016 alors qu’il n’a écoulé que 4 exemplaires de son réacteur dernier cri jusqu’à présent.