Exploiter puis reboiser

Les paysans du plateau des Bateke tirent une grande partie de leurs revenus de la fabrication de braise, dont le commerce devient florissant à Kinshasa. Actuellement, un sac de ce combustible coûte 20 000 francs sur les marchés, soit le double du prix d’achat auprès des paysans de Mampu. Sur un hectare, on peut produire 500 à 600 sacs de braise (5 à 6 millions de francs), confie un agroforestier de Mampu. Le commerce de braise rapporte certes des revenus aux paysans, mais il ne doit pas détourner l’attention sur les questions environnementales. Lorsque l’exploitation des arbres n’est pas encadrée, la production de braise peut causer des dégâts importants. L’Association d’abatteurs d’acacias pour la fabrication de la braise à Mampu sensibilise sur la pratique dite de coupe-feu pour limiter justement ces dégâts. « Avant l’abattage au moyen d’une tronçonneuse ou d’une hache, on fait le sarclage des herbes et des plantes. Sur un hectare qui comprend 7 lignes d’acacias, le travail d’abattage peut durer trois semaines. Après la coupe, on fait le débardage ou le ramassage par catégorie de bois : les joints (les plus petits), les cales (les moyens) et les grumes (les plus volumineux) », indique l’agroforestier.

Après ce tri, c’est le montage du four et l’enfournement, explique un membre de l’association. «Après avoir couvert le four avec de la paille, le charbonnier le couvre de terre et y met le feu. Pour un petit four, cela dure quatre jours tandis qu’un grand four prend trois semaines. Le défournement consiste à démonter le four pour charger la braise dans les sacs », poursuit-il. Aux défenseurs de la nature qui redoutent le risque de déforestation, les agroforestiers encadreurs des fermiers au plateau des Bateke soulignent que l’exploitation du bois pour la fabrication de braise ne présente aucun danger pour l’environnement. Un agronome conseille que l’on procède au reboisement après chaque abattage d’arbres, on procède au reboisement. À Mampu, les experts agroforestiers recommandent aux paysans l’abattage de l’eucalyptus et de l’acacia pour avoir de la braise. Jean Mbulungu, un ancien de l’Institut national pour les études et la recherche agronomiques (INERA/Yangambi), déclare que la braise provenant de l’eucalyptus est bonne pour la cuisine, la cuisson de briques et pour d’autres usages. Quant aux ratés (« Inkwi »), c’est-à-dire le bois qui n’a pas été totalement transformé, ils sont récupérés pour la pâtisserie ou la boulangerie.