Jean Hélène, journaliste de RFI assassiné en Côte d’Ivoire, décoré par Abidjan

 AFP PHOTO/ SIA KAMBOU
AFP PHOTO/ SIA KAMBOU

 

ABIDJAN, Jean Hélène, journaliste français de la radio Radio France Internationale (RFI) assassiné par un policier à Abidjan en 2003, a été décoré à titre posthume lundi par les autorités ivoiriennes, dix ans jour pour jour après sa mort, a constaté l’AFP.

“Comme la torche toujours allumée, ses reportages révélaient la profondeur de la crise ivoirienne”, a observé Henriette Rose Dagri Diabaté, la Grande chancelière de l’Ordre national de la République, une décoration qu’elle a remise à Thierry Baldensperger, le frère de Jean Hélène, né sous le nom de Christian Baldensperger.

“Cette décoration est le témoignage de la gratitude et de la reconnaissance du gouvernement ivoirien pour tout ce que Jean Hélène a accompli”, a affirmé Afoussiata Bamba, ministre de la Communication.

“Je souhaite que cette cérémonie ne soit pas triste mais plutôt une occasion pour tous les Ivoiriens de revisiter attentivement le passé récent de notre pays, d’en méditer les leçons et d’honorer la mémoire de toutes les victimes de la haine et de l’intolérance”, a ajouté la ministre.

“Jean Hélène est presque une victime symbole pour celles tombées dans ce pays”, a remarqué Marie-Christine Saragosse, PDG de France Médias monde, qui regroupe notamment RFI et France 24.

Présente pour l’occasion à Abidjan, Mme Saragosse s’est dite “frappée de constater” l’impact que Jean Hélène et sa mort ont pu avoir “dans toute l’Afrique”. “Les auditeurs ont vécu son décès de manière personnelle, familiale. Ils l’appelaient +Jean Hélène l’Africain+. C’est tout le continent qui était solidaire.”

Le 21 octobre 2003 au soir, le policier Théodore Dago Séri avait abattu Jean Hélène, correspondant de Radio France Internationale (RFI), âgé de 50 ans, d’une balle de kalachnikov dans la tête alors que ce dernier attendait à proximité du siège de la police nationale, à Abidjan, la libération de onze opposants. Cet assassinat a eu lieu dans un climat de haine à l’encontre de la presse étrangère, exacerbé par le pouvoir ivoirien d’alors qui reprochait aux médias internationaux d’être partisans dans la crise ivoirienne opposant le président Laurent Gbagbo à la rébellion des Forces nouvelles et aux partisans de l’actuel président Alassane Ouattara.

Le sergent de police a été condamné le 22 janvier 2004 à Abidjan à 17 ans de prison pour “homicide volontaire”.

“Mon frère avait fait du vaste continent africain sa propre patrie, a déclaré Thierry Baldensperger. S’il était là aujourd’hui, il partagerait cette distinction avec toutes celles et ceux qui ont eu la douleur de perdre un proche, un parent, un ami, de quelque bord que ce soit.”