Kinshasa compte parmi les villes où la qualité de l’air pose problème

La prérogative du contrôle de la qualité de l’air en RDC revient au ministère en charge de l’Environnement. Hélas, les moyens techniques et technologiques font défaut, si bien que l’éducation et la communication sur les changements climatiques sont prises en charge par des partenaires extérieurs.

LA RDC cofinance différents projets sur les changements climatiques à travers une Coordination nationale appelée RainForest. Malheureusement, le décaissement pose problème. Pour l’exercice 2018, par exemple, la République démocratique du Congo devait verser 1 milliard de nos francs mais à fin décembre  2018, aucun centime n’avait pas encore été versé à RainForest. Pourtant, Kinshasa compte parmi les grandes mégapoles où la qualité de l’air pose des problèmes de santé. 

Entre 2010 et 2016, les concentrations des polluants de l’air se sont aggravées dans presque 70 % des villes du monde entier. C’est ce que souligne un rapport des 27 institutions internationales publié le 29 novembre dernier dans la revue « The Lancet ». Aujourd’hui, les habitants de plus de 90 % des villes dans le monde respirent un air pollué, « toxique pour leur santé cardiovasculaire et respiratoire ». Et le problème n’a cessé de prendre de l’ampleur au cours des dernières années. 

Éviter le pire

Ainsi, entre 2010 et 2016, les concentrations des polluants de l’air se sont aggravées dans presque 70 % des villes du monde entier, notamment dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Avec des conséquences implacables. Rien qu’en 2015, les particules fines ont été responsables de 2,9 millions de décès prématurés. Le charbon a été la cause de plus de 460 000 (16 %) de ces décès. 

Visant à détailler l’impact des changements climatiques sur la santé, ce rapport est le fruit d’une collaboration mondiale entre 27 grandes institutions universitaires dont l’Organisation mondiale pour la santé (OMS), la Banque mondiale, l’University College London et l’Organisation météorologique mondiale. Ces institutions constatent d’abord que la vulnérabilité aux chaleurs extrêmes a augmenté régulièrement depuis 1990 dans toutes les régions du globe, avec 157 millions de personnes supplémentaires exposées aux événements caniculaires en 2017 par rapport à l’année 2000. 

« En moyenne, un individu a fait l’expérience d’1,4 jour de canicule supplémentaire par an sur la même période », note le rapport, en relevant que cela n’a pas été sans conséquence au niveau économique. En 2017, 153 milliards d’heures de travail ont ainsi été perdues en 2017 en raison de fortes chaleurs. Soit une augmentation de plus de 62 milliards depuis 2000. Mais les effets directs du changement climatique dépassent le seul cas de la chaleur, les conditions météorologiques extrêmes doivent être prises en compte. 

« En 2017, un total de 712 événements météorologiques extrêmes ont entraîné des pertes économiques à hauteur de 326 milliards de dollars (287 milliards d’euros), soit près du triple du total des pertes de 2016 », souligne le « Lancet », en relevant, que faute d’assurances, 99 % des pertes survenues dans les pays à faible revenu n’ont fait l’objet d’aucune indemnisation.

Combustibles propres

Autre constat : un tiers de la population mondiale, soit 2,8 milliards de personnes, vit sans accès à des combustibles ou à des technologies propres, durables et sans danger pour la santé. Un chiffre qui reste inchangé par rapport à l’année 2000. « Dans le secteur des transports, la consommation mondiale de carburant par habitant, liée au transport routier, a augmenté de 2 % entre 2013 et 2015, et les déplacements à bicyclette représentent moins de 10 % du total des déplacements effectués dans trois quarts de villes mondiales », indique le rapport.

Faut-il y voir un signe positif, de nature à mobiliser les opinions publiques et les responsables politiques ? Le « Lancet » souligne en tout cas que l’impact des changements climatiques est désormais bien plus largement abordé dans le débat public. « La couverture médiatique des aspects sanitaires du changement climatique a augmenté de manière significative entre 2007 et 2017. Le nombre d’articles de revues scientifiques publiés traitant du lien entre la santé et le changement climatique a presque triplé au cours de la même période », souligne le rapport. « Les vagues de chaleur prolongées constatées dans tout l’hémisphère Nord au cours de l’été 2018 pourraient bien opérer un virage dans la sensibilisation du public vis-à-vis de la gravité des changements climatiques », ajoute-il.