Kinshasa et Kigali veulent accélérer le processus d’exploitation

Un accord d’exploitation du gaz méthane contenu dans le lac Kivu a été signé à la mi-novembre entre les deux capitales. Une attention particulière va être portée sur la surveillance du lac qui reste une bombe à retardement.

L’exploitation du gaz méthane représente une opportunité pour le développement économique de la région.
L’exploitation du gaz méthane représente une opportunité pour le développement économique de la région.

Kinshasa et Kigali regardent à nouveau dans la même direction pour l’exploitation commune du gaz du lac Kivu. En prévision de l’exploitation du gaz méthane côté congolais, la République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé le 19 novembre à Gisenyi un accord qui porte essentiellement sur la surveillance du lac. La tragédie du lac Nyos au Cameroun est encore dans toutes les mémoires et les experts congolais et rwandais redoutent les effets de la forte concentration en gaz de ce lac. Raison pour laquelle, à l’occasion de la cérémonie de signature, Aimé Ngoy Mukena, ministre des Hydrocarbures, a mis l’accent sur l’attention que requiert l’utilisation du gaz qui a conduit les deux pays à penser à la surveillance du lac Kivu. Il n’a pas manqué de souligner que le gaz méthane n’est toujours pas bon aussi bien pour l’environnement que pour le corps humain.  Il a en outre insisté sur la nécessité de protéger les populations riveraines du lac de la République démocratique du Congo et du Rwanda en veillant bien à toutes les conditions techniques et technologiques pendant l’exploitation. Pour le moment, la RDC n’exploite pas encore le gaz contenu dans le lac Kivu, alors que depuis 2014, le gouvernement avait pourtant annoncé qu’il allait bientôt commencer son exploitation. Au Rwanda, le gaz méthane est déjà exploité, près de la localité de Rubavu. À ce jour, un projet expérimental soutenu par Kigali produit 2 mégawatts d’électricité à partir du gaz méthane.

Les Américains intéressés par le projet

En 2014, Contour Global, une société américaine a signé une concession de 25 ans et un accord avec l’entreprise publique de production et de distribution d’électricité au Rwanda (EWSA). Ce projet énergétique d’exploitation et de transformation du méthane en énergie, dénommé KivuWatt, devrait permettre au Rwanda de quasiment doubler sa production électrique annuelle qui avoisine les 115 mégawatts. Le projet a nécessité un investissement de près de 200 millions de dollars, financé à hauteur d’environ 45 % par des prêts d’institutions internationales d’aide publique au développement. Situé entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, le lac Kivu, long de 89 km et large de 48 km, a une profondeur moyenne de 240 m. Sa superficie est de 2 700 km². L’exploitation du gaz méthane qu’il contient représente une opportunité pour le développement économique de la région. Les villes de Goma et Bukavu sont voisines du lac Kivu. Au Rwanda, ce sont les villes de Gisenyi, Kibuye et Cyangugu.

C’est dans ce lac que l’on trouve Idjwi, la plus grande île à l’intérieur du continent africain avec une longueur de 40 km et une superficie de 285 km². Le niveau précis de risque fait encore l’objet d’analyse et de discussion, mais le lac Kivu est l’un des trois lacs identifiés dans le monde entier susceptibles d’éruptions limniques graves. Avec  le Nyos et le Monoun au Cameroun, il renferme de très fortes concentrations en gaz, quelque 60 km³ de méthane dissous et environ 300 km³ de dioxyde de carbone, pouvant remonter par des cheminées volcaniques. Ce qui représente plus de 300 fois la quantité de gaz contenue dans le lac Nyos qui, lors de son éruption avait fait 1 700 morts. Un lac méromictique est un lac dont les eaux de surface et de profondeur se mélangent moins d’une fois par an, et pour certains moins d’une fois par décennie ou siècle.