La consommation d’électricité dans le monde pourrait doubler d’ici 2050

Le nucléaire est une énergie d’avenir. Selon l’AIE, il sera inévitablement une partie de la réponse, à côté des énergies renouvelables. C’est un marché considérable qui se dessine, synonyme de création d’emplois et de richesses. 

Les États se doivent de maintenir leurs compétences techniques et industrielles en développant de nouvelles unités, références à l’export, et accroître leur effort de R&D sur les réacteurs du futur. Gageons que la raison l’emportant sur les idéologies aveugles, l’exemplarité de la France en matière énergétique et de faibles émissions de GES sera préservée par la prochaine politique pluriannuelle de l’énergie (PPE). Celle-ci doit acter de manière claire une politique qui s’inscrit dans le prolongement de celle mise en œuvre depuis près de 50 ans. L’épisode de ces dernières années apparaîtra alors comme un hoquet de l’histoire !

Au-delà du pétrole: les majors en quête de diversification. Le rachat de Direct Energie par Total illustre la volonté des groupes pétroliers de se diversifier face à la pression croissante pour développer des énergies plus propres. Le géant pétrolier et gazier met ainsi la main sur le principal fournisseur alternatif d’électricité et de gaz en France, concurrençant frontalement EDF et Engie. Total avait déjà lancé en 2017 une offre destinée aux particuliers sous la marque « Total Spring ». Le groupe vise désormais plus de 6 millions de clients en France et plus d’un million de clients en Belgique à l’horizon 2022. Royal Dutch Shell avait aussi annoncé en décembre 2017 l’acquisition de la compagnie britannique d’électricité et de gaz First Utility. Elle compte 825 000 ménages clients au Royaume-Uni. L’italien ENI fournit déjà du gaz et de l’électricité aux particuliers en France. « La demande en électricité croît plus vite mondialement que la demande en énergie – parce qu’on le voit, il y a plein de développements de l’usage de l’électricité », remarque le PDG de Total, Patrick Pouyanné. Total avait mené ces dernières années une série d’acquisitions en rachetant les batteries Saft, le fournisseur belge d’électricité et de gaz Lampiris et dernièrement pris une participation dans le producteur d’énergie renouvelable EREN RE.

« Mesure défensive »

Ces développements interviennent alors que les producteurs d’hydrocarbures cherchent à se diversifier face aux initiatives pour limiter le dérèglement climatique et l’essor de nouveaux usages comme les véhicules électriques.  Glenn Rickson, analyste chez S&P Global Platts, souligne qu’il y a « une tendance croissante des majors pétrolières à chercher à investir dans le secteur de l’électricité – dans la production et la commercialisation. C’est une mesure défensive face à la pression croissante sur les énergies fossiles ». 

Un premier virage avait déjà été pris avec un fort développement des majors dans le gaz, dont l’utilisation est moins polluante que celle du pétrole. « C’était la première étape, qui était la plus légitime pour ces groupes pétroliers car ils connaissaient bien le métier », a rappelé Jean Trzcinski, du cabinet Sia Partners. Et tout comme les compagnies pétrolières étaient présentes de la plateforme en mer jusqu’à la station-service, elles veulent aujourd’hui reproduire ce modèle pour aller jusqu’au client final. 

« Nous voulons faire dans le gaz comme on a fait dans le pétrole, en étant intégré tout le long de la chaîne, en n’étant pas seulement producteur », a expliqué Pouyanné. Il s’agit non seulement de fournir du gaz aux particuliers mais aussi de l’utiliser pour produire de l’électricité. 

« Les majors peuvent se dire qu’une augmentation de l’intégration verticale avec des acquisitions dans l’électricité est le meilleur moyen d’assurer un débouché de long-terme pour leur production », a remarqué Glenn Rickson. Avec Direct Energie, Total fait ainsi l’acquisition de deux centrales à gaz. Une troisième doit être construite en Bretagne. « On n’a pas vocation à devenir EDF… par contre on a vocation à faire de l’électricité sur la base de gaz parce qu’on est l’un des plus grand producteur et commercialisateur de gaz au monde, et deuxièmement sur la base des renouvelables », a indiqué Pouyanné.

Ces dernières suscitent depuis un moment l’intérêt des producteurs d’énergies fossiles, qui prennent à des degrés divers le virage du solaire et de l’éolien. Le britannique BP avait fait figure de pionnier dès l’aube des années 2000 avec le slogan « Beyond Petroleum » (au-delà du pétrole), une stratégie qui s’est alors avérée prématurée mais est depuis revenue à l’ordre du jour. Dernièrement, BP a pris fin 2017 une participation dans le spécialiste du solaire Lightsource. Le norvégien Statoil est pour sa part devenu un gros acteur de l’éolien en mer. Symboliquement, le géant de la mer du Nord a d’ailleurs décidé d’abandonner toute référence au pétrole dans son nom pour se rebaptiser Equinor.