La DPSB tire la sonnette d’alarme : les institutions et les ministères dépensent plus que prévu

Dans une note datée du 8 octobre, la Direction de préparation et du suivi du budget recommande au gouvernement d’« accorder une  attention particulière au rythme des engagements de fonctionnement des institutions, des ministères qui signalent, à fin septembre, des montants supérieurs aux prévisions linéaires ».

 LES DÉPENSES de fonctionnement des institutions ont atteint 141 % en septembre. En numéraires, l’appareil politique a consommé pour ses train-train près de 352 milliards de nos francs, contre des prévisions retenues à moins de 250 milliards de francs (249 698 121 239 FC). 

La Direction de préparation et du suivi du budget (DPSB) précise que le fonctionnement des ministères a coûté au Trésor public près de 503 milliards de francs pour les 3 premiers trimestres 2018, alors que le plafond officiel des dépenses était de 450 milliards. Le taux de décaissement est donc de 111,8 %. 

Biens et matériels 

Selon la DPSB, les dépenses de prestation, par exemple, ont été de 339 350 863 437 FC, contre des prévisions linéaires de 321 459 284 383 FC, soit un taux d’exécution de 105.6 %. 

Les dépenses de prestation concernent, le paiement des services des tiers en faveur de l’État, selon les explications de Pierre Kangudia Mbayi, le ministre d’État, ministre du Budget. Elles regroupent des dépenses de base, publicité, impression, reproduction, reliure et conservation, décoration et réparation d’ouvrages et d’édifices ; des dépenses de transport ; de location immobilière, location d’équipements et des matériels et « autres services », selon les propres termes du ministre du Budget. 

Concernant les dépenses de la rubrique « Biens et matériels », elles se chiffrent à 162 206 800 098 FC, contre des prévisions officielles des 9 premiers mois de l’année qui sont de 139 603 826 524 FC, soit 116 %. « Cette nature des dépenses regroupe les fournitures et petits matériels, les matériaux de construction, de quincaillerie et pièces de rechange pour équipements, les produits chimiques, les fournitures énergétiques, les matériels textiles et héraldiques », note le ministre du Budget. 

Toutes les institutions publiques – présidence, gouvernement et son chapelet des ministères -, etc. jouissent des biens et matériels tels que décrits par Pierre Kangudia. Autres dépenses dites contraignantes : l’ordre et la sécurité publics, soit 398 508 523 893 FC, contre des prévisions de 489 695 466 061 FC, soit un taux d’exécution de 81.4 %. Sports et loisirs, Culture, Religion : 81.2 milliards de francs, contre 77.2 milliards de prévision ; taux d’exécution 105 %.

Logements, équipements…

Par contre, les dépenses qui sont inextricablement liées au social des populations n’ont guère dépassé les 40 % du taux d’exécution entre janvier et septembre 2018. Il s’agit, par exemple, de la rubrique « Logements et équipements collectifs », 56.3 milliards de francs ont été décaissés à la Banque centrale pour les trois premiers trimestres 2018 au lieu de 151.2 milliards, soit un taux de décaissement de 37.3 %. 

Pour ce qui est des équipements, alors que les prévisions pour les 9 premiers mois de l’année étaient de 1 211 224 344 517 FC, seuls 202 millions ont été décaissés, soit un taux d’exécution de 16,7 %. Quant au secteur de « Construction, réfection, réhabilitation, acquisition immobilière », il n’a eu droit qu’à 131 166 408 782 FC, contre des prévisions de 754 082 351 507 FC, soit un taux de réalisation de 17.4 %. 

À trois mois de la fin de l’exercice budgétaire 2018, les dépenses d’investissements en ressources propres de l’État ne sont que de 11 % par rapport aux prévisions de 346.6 milliards de FC. 

Investissements

S’agissant des investissements sur les transferts aux provinces et Entités territoriales décentralisées (ETD), 9 milliards de francs ont été décaissés pour le compte des 26 provinces de la RDC. Si leur affectation reste à déterminer, il est cependant une certitude : le gouvernement aurait dû plutôt s’engager avec 365.2 milliards de francs. Le taux d’exécution n’est donc que de 2.5 % à trois mois de la fin de l’exercice. 

Si les dépenses dues au paiement de la dette publique en capital se chiffrent à 153 610 094 640 FC sur des prévisions de 291 410 520 000 FC soit un taux d’exécution de 52.7 %, la paie de la dette intérieure demeure, comme les années précédentes, hypothétique sinon sélective.

Pour les « affaires économiques », l’État n’a décaissé que 295 802 614 478 FC alors qu’il pouvait aller jusqu’à 1 256 601 513 263 FC, soit un taux d’exécution de 23,5 %. Pour ce qui est de la protection sociale, la DPSB avance des dépenses de 50 milliards de francs alors que les prévisions établies jusqu’à fin septembre 2018 sont de 135,7 milliards. Le taux d’exécution n’est que de 35 %. 

À quelques semaines du début officiel de la campagne électorale pour les élections législatives et présidentielle, des têtes pensantes, au sein de la société civile redoutent que les animateurs des institutions publiques ne raclent ce qui reste des prévisions des dépenses au profit de leurs ambitions politiques.