La FEC accentue la pression pour obtenir la levée de la mesure d’interdiction

Le gouvernement va-t-il rétropédaler sur la question des emballages non biodégradables interdits en RDC depuis le 1er juillet ? Une délégation de la Fédération des entreprises du Congo a reçu des assurances du ministre d’État et ministre du Commerce extérieur en ce sens. 

SELON l’Agence congolaise de presse (ACP), Jean Lucien Bussa Tongba, ministre d’État et ministre du Commerce extérieur, a déclaré que le gouvernement, à travers les ministères de l’Économie nationale, de l’Industrie et du Commerce extérieur, se penche déjà sur ce dossier. Il a ainsi rassuré les membres de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), venus lui soumettre leurs doléances sur l’interdiction de l’importation des emballages non biodégradables. 

Décret de Tshibala

Au regard de la pollution de l’environnement, particulièrement dans la capitale Kinshasa, Bruno Aubert Tshibala Nzenzhe, le 1ER Ministre, avait pris un décret, le 30 décembre 2017, portant interdiction de production, importation, commercialisation et utilisation des sacs, sachets, films et autres emballages en plastique non biodégradables. La décision du 1ER Ministre est entrée en vigueur le 1er juillet, après un sursis de six mois accordé aux opérateurs économiques de toute la chaîne inhérente aux emballages en plastique non biodégradables. 

Afin de s’assurer de la mise en exécution du décret du 1ER Ministre, Marcel Ilunga Leu, le ministre de l’Industrie, a déployé, depuis début août, des inspecteurs sur le terrain après sa descente médiatisée dans quelques supermarchés de Kinshasa où il a confisqué les emballages en sachet. Il va sans dire que des producteurs locaux et des importateurs de sachets ont vu leurs activités chuter au point de fermer d’un jour à l’autre. 

Selon nos sources, le marché des emballages rapporterait quelque 10 millions de dollars de chiffre d’affaires. Voilà sans doute pourquoi le décret de Tshibala comporte quelques exceptions que la FEC ne trouve pas assez pour garantir la survie de ses affiliés du secteur ciblé. 

Exceptions et obligations

Selon Joseph Kapika Dikanku, le ministre d’État et ministre de l’Économie nationale, ces exceptions reprises dans l’article 2 du décret du 1ER Ministre se résument comme suit : « Ne sont pas concernés par le présent décret, la production, l’importation. la commercialisation et l’utilisation des sacs, sachets et films en plastique destinés à l’usage médical; des secs, sachets et films en plastique destinés aux activités agricoles; des sacs et sachets en plastique utilisés pour le ramassage des ordures; des films en plastiques utilisés dans le bâtiment et les travaux publics; des films en plastique destinés à emballer ou conditionner les produits hygiéniques à l’intérieur des unités de production, notamment mouchoirs en papier, serviettes et papiers hygiéniques; des films en plastique destinés à emballer les bagages pour le voyage au niveau des aéroports, des ports et des gares; des bouteilles d’eau et des boissons non alcoolisées en plastique des petits pots utilisés pour le conditionnement de certains produit alimentaires et pharmaceutiques ». 

L’importation et la commercialisation des matières premières pour la fabrication des produits susvisés sont également exemptées, selon le décret du 1ER Ministre. Mais cette exception est assortie d’un chapelet d’autorisations préalables, selon les explications du ministre de l’Industrie. « Il faut s’adresser au ministre du Commerce extérieur pour obtenir l’autorisation d’importation ou l’autorisation de commercialisation et d’utilisation… Vous voulez produire ou fabriquer localement, vous devez vous référer au ministère de l’Industrie pour obtenir votre agrément. Sans agrément, vous n’êtes pas autorisé à produire ces emballages qui sont repris à l’article 2 du décret ». 

Et le ministre de poursuivre : « Dans d’autres pays du monde, même ceux qui nous entourent, les emballages non biodégradables ne sont plus utilisés. Pourquoi alors seulement chez nous ? Nous devons nous conformer pour protéger notre environnement ». Pour Amy Ambatobe Nyongolo, le ministre de l’Environnement, il va falloir mettre à contribution la Police nationale congolaise pour faire appliquer ces mesures sur toute l’étendue de la RDC. Il attire l’attention des contrevenants sur le fait que non seulement ils verront leurs produits interdits « confisqués et incinérés », mais aussi ils seront astreints de payer des amendes et pénalités tel que prévu par le décret. 

Le ministre Ambatobe a dressé un tableau sombre des effets néfastes des emballages en plastique sur l’eau, le sol (insalubrité que nous observons dans la ville de Kinshasa, la stérilité du sol causée par des sachets), sur le sous-sol (la non pénétration de l’eau) et sur la biodiversité. Pour y arriver, estime Marcel Ilunga, la population devra adhérer à cette mesure du gouvernement exigeant aux opérateurs économiques les emballages en papier ou à multi usage. 

Le contrôle est effectué dans des supermarchés, pharmacies, entrepôts des emballages et usines de fabrication des emballages en plastique. Nul n’ignore que la ville de Kinshasa est sale, premièrement suite à l’usage des emballages et sachets en plastique. Car les caniveaux et autres collecteurs d’eau de la ville de Kinshasa sont bourrés des objets en plastique. D’où, il faut que les opérateurs économiques et fabricants des objets en plastique puissent utiliser une matière dégradable sur le sol, fait savoir le ministre de l’Industrie. Mais la dernière démarche de la FEC donne à penser que le gouvernement finirait par se rebiffer. Attendons voir.