La GIZ et son programme de développement du système financier

Le système financier national vient de très loin. Il a fallu penser des initiatives allant dans le sens de ramener la confiance des consommateurs par l’assainissement du secteur financier et l’introduction de nouveaux produits. Le recours à l’expertise extérieure est encore de mise. 

 

Agence de coopération du gouvernement allemand, la GIZ apporte un appui technique à plus de 130 pays dans le monde dont la République démocratique du Congo. Cet appui a pour objectif principal de réduire la pauvreté à travers des programmes conçus en commun avec les gouvernements bénéficiaires dans certains domaines. En RDC, la GIZ est présente depuis une trentaine d’années pour le compte du ministère allemand de Coopération économique et de Développement (BMZ). Les domaines d’intervention de la GIZ font l’objet des négociations entre les deux gouvernements. Pour le moment, elle intervient dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement, de la protection et la gestion durable des ressources naturelles, ainsi que celui du développement économique durable à travers le Programme de développement du système financier (PDSF).

Créé en janvier 2012, le PDSF se décline en deux phases : la 1ère phase d’avril 2013 à mars 2016 et la 2è phase d’avril 2016 à mars 2019. Le mécanisme a été conçu pour contribuer à la réduction de la pauvreté par l’amélioration de la situation économique et sociale des populations à revenus faibles, mais économiquement actives (pauvres actifs) en RDC. Et aussi pour renforcer les conditions préalables à un système financier plus stable et plus inclusif, ainsi qu’amener les MPME et les ménages à faibles revenus à recourir davantage aux services financiers.

Alors, le PDSF intervient dans l’éducation financière ; la protection des consommateurs ; la gestion des réserves de change, des risques et de la circulation fiduciaire ; le cadre légal pour le fonctionnement des bureaux de crédit ; la migration des banques commerciales vers les normes IFRS ; le développement des produits et services financiers innovants ; et l’optimisation des charges de travail au sein de la Banque centrale du Congo (BCC).

À l’heure du bilan

Dans le cadre de la coopération entre la GIZ et la BCC, le PDSF intervient dans le processus d’appropriation par la Banque centrale, en tant que « pivot et acteur majeur » du système financier national, des normes et standards internationaux pour s’y conformer. Il aide à l’amélioration des capacités d’encadrement et de supervision/régulation du système financier national. Comme on le voit, le but est de parvenir à une gestion optimale et d’accompagner les parties prenantes à participer de la mise en place des attitudes, comportement et compétences favorables à un système financier stable et inclusif.

L’exécution de la 1ère phase du PDSF (2013-2016) a permis d’apporter une réponse jugée « satisfaisante » aux défis majeurs du système financier de la RDC, même si des efforts complémentaires doivent être encore fournis. Selon le bilan qui en a été fait, le Programme national d’éducation financière (PNEF) a été élaboré, un dispositif de gestion des risques a été mis en place à la BCC, les états financiers des deux banques commerciales en mode IFRS pour l’exercice comptable 2014 ont été publiés, et l’Association nationale des institutions de microfinance de la RDC (ANIMF) est à pied d’œuvre… 

Il va de soi que certains domaines qui ont fait l’objet de l’appui du PDSF en sa 1ère phase vont être consolidés au cours de la seconde phase. Par ailleurs, de nouveaux domaines d’intervention ont été explorés, analysés et dûment recommandés : le développement de nouveaux produits et services financiers, permettant de toucher des catégories de populations jusque-là exclues du système financier formel.

En définitive, le PDSF vise à former une « solide plateforme » résolument ouverte aux contributions des partenaires au développement afin de « construire des synergies efficaces » pour accélérer le processus de l’inclusion financière en RDC. En effet, le taux de bancarisation a connu un progrès significatif. Environ 11 % de la population âgée d’au moins 15 ans ont un compte dans une institution financière formelle. C’est encore un niveau très faible comparé à la moyenne dans la région de l’Afrique sub-saharienne. En cause : la population continue de recourir à des produits et services financiers informels (épargnes, crédits, change, etc.) pour financer les activités économiques et sociales. Dans un tel contexte, la marge des ressources mobilisables par l’économie formelle est réduite, les capacités d’investissement et de création de richesse compromises… 

Selon les spécialistes, la faible bancarisation est une « contrainte majeure » pour le développement du système financier. Il faut donc mettre en place des stratégies visant un changement qualitatif des attitudes et comportement des populations vis-à-vis de leurs finances. C’est pourquoi l’éducation financière en vue de l’inclusion financière est devenue depuis plus d’une décennie un « enjeu » et un « puissant levier » de lutte contre la pauvreté. C’est dans ce cadre que la BCC a signé la Déclaration de Maya en 2012 et fournit beaucoup d’efforts pour l’inclusion financière afin d’améliorer l’accès aux services financiers formels.

Le PDSF s’y est impliqué à travers l’éducation financière, à la fois l’« un des piliers » et un « outil efficace » pour amener le changement de comportement. Le but est de doter la population des connaissances, compétences et attitudes nécessaires à une gestion optimale des finances. Le partenariat PDSF-BCC vise à réunir tous les acteurs concernés et intéressés dans un programme national commun. D’où le PNEF qui a été lancé en juin 2015 par la BCC avec le concours des ministères, associations professionnelles, institutions financières et organisations de la société civile. 

Le PNEF est axé autour des thèmes prioritaires suivants : la gestion budgétaire, l’épargne, le crédit et la négociation financière. Les élèves, les femmes, les travailleurs, les entrepreneurs, les personnes vivant en milieu rural sont les cibles prioritaires du programme. Dont les activités vont de l’intégration de l’éducation financière dans les programmes scolaires à la participation à des événements de promotion, en passant par la formation des formateurs et des multiplicateurs, une campagne multimédia principalement à la radio, le développement et la diffusion d’une boîte à outils… 

Initiée par la BCC et la coopération financière allemande (KfW), la Journée internationale de l’épargne (JIE) est célébrée en RDC en octobre depuis 2011 et réunit les institutions financières en vue de la sensibilisation des Congolais sur l’importance de l’épargne. La particularité du PDSF en intégrant cet événement annuel est de le mettre en œuvre dans les provinces post-conflits mais à forte potentialité d’activités financières (Goma, Bukavu, Uvira et Kindu). Il s’agit aussi de mener des activités à valeur ajoutée (conférence-débat, échanges entre acteurs, caravane motorisée…), là où la population peut être partie prenante et bénéficiaire. La JIE est devenue aujourd’hui une « plateforme incontournable » d’échanges et de réflexions accessibles à la population.

C’est dire que le gouvernement et la BCC travaillent à l’élargissement du niveau de la bancarisation des Congolais, notamment à travers l’assainissement du secteur financier, la bancarisation de la paie des salaires des fonctionnaires et agents de l’État, l’entrée dans le marché financier des opérateurs mobiles et l’introduction des agents bancaires comme points d’accès de proximité.