La MIBA veut changer de fusil d’épaule, elle pense cuivre, nickel et or

La Minière de Bakwanga fait face à un dilemme, elle ne peut vendre ses gemmes à l’étranger par crainte d’une saisie par ses créanciers de son diamant, sinon du fruit de la vente. Et pour elle a besoin d’investissements, au moins 20 millions de dollars en mode urgence.

LA DIRECTION générale de la Minière de Bakwanga (MIBA) a réceptionné début juin un second lot d’outils de production en provenance de Dubaï aux Emirats arabe unis via la gare de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) à Mwene-Ditu. Selon la direction générale de la société, cette nouvelle acquisition traduit l’expression de la volonté de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le chef de l’État, de relancer effectivement les activités de l’entreprise dans la production du diamant.

Objectif 100 000 carats

Les difficultés financières que traverse la société n’ont guère permis à la MIBA  de décharger aussitôt les containers jusqu’au payement des taxes dues à la Direction générale des douanes et accises (DGDA) au Kasaï Oriental.  

Le plan minimal de redressement  de la Minière de Bakwanga nécessite 20 millions de dollars en vue d’accroître sa production d’ici à la fin de l’année 2019, de 30 mille à 100 mille carats,  a confié, le 15 juin 2019, son président du conseil d’administration, Mgr Mbaya Tshiakanyi Tshiabantu, de passage à Kinshasa. « Cette production sera rendue possible grâce à l’acquisition des matériels sur un financement de cinq millions de dollars américains consentis par le Trésor public, afin de relancer les activités minières à Mbuji-Mayi, dans la province du Kasaï-Oriental », a dit le président du conseil d’administration.

Il s’agit des camions ben, de deux bus, d’un compacteur, d’une pelle chargeuse, d’une sondeuse, de deux concasseurs et d’une nouvelle laverie qui est une usine de traitement des concentrés. La Minière s’est dotée d’un plan minimal dans l’espoir de s’épargner un dépôt de bilan, recommandé d’ailleurs par un audit interne. Mais le PCA estime que la Minière peut survivre à ses difficultés actuelles en prenant notamment en compte le social des travailleurs, de manière progressive. 

Et MIBA peut également honorer ses obligations fiscales en payant impôts et taxes dus à l’État. Pour ce faire, le président du conseil d’administration a lancé un appel à l’État propriétaire et aux différents bailleurs de fonds  pour  accompagner la MIBA  dans  la reprise effective des activités minières. 

Cet accompagnement concerne les moyens financiers pour la consolidation des efforts, en vue de faire de la MIBA une nouvelle société, a laissé entendre Mgr Mbaya. Et Albert Mukina Kanda-Kanda, le directeur général  de la MIBA, de soutenir que l’entreprise parapublique détenue à 80 % par l’État et 20 % par Mwana Africa, sollicite au bas mot 20 millions de dollars pour compléter l’acquisition  des matériels nécessaires, de doter l’entreprise d’un fonds de roulement, de stabiliser la desserte en énergie électrique qui est passée de 18 mégawatts à plus de 2 mégawatts et d’améliorer les conditions sociales des agents. 

Le plan minimal mis en place vise à exploiter la kimberlite  qui s’aligne sur 13 massifs dans le polygone minier, grâce aux engins paramétrés par le constructeur suivant la demande de la MIBA afin de faciliter l’exploitation de la dite roche.

Cuivre, or et Nickel

Le plan  minimal de la MIBA a également le mérite d’ouvrir l’entreprise à la sous-traitance  en vue  d’accroître la production. Au cas où cette  démarche est concluante, la Minière pourra dans l’avenir ajouter des matériels nécessaires en vue d’améliorer ou moderniser davantage le système d’extraction des minerais, en passant par  la réhabilitation des pistes dans le polygone ainsi que la voie d’accès à Disele, où se trouve une riche roche de kimberlite actuellement en état de délabrement avancé. Sans jamais le citer nommément, les autorités de la MIBA ont fait un appel de pied à l’actionnaire B, Mwana Africa donc, pour apporter son obole à la diversification de l’exploitation des minerais dans les carrés de la Minière. 

Selon le Dg Albert Mukina, la MIBA peut aussi exploiter d’autres minerais tels que le cuivre, l’or et le Nickel chrome. Albert Mukina a également lancé un appel à la population riveraine de la MIBA de protéger l’outil de travail et le site minier afin que l’entreprise joue à nouveau son rôle de poumon économique de l’espace Grand Kasaï. Il sied de  rappeler que la MIBA détient des carrés miniers dans toutes les provinces qui composaient naguère les deux Kasaï oriental et occidental, notamment au Sankuru. 

Par ailleurs, le président du conseil d’administration de la MIBA, Mgr Mbaya, a relevé quelques causes de la chute de la Minière de Bakwanga indiquant que celle-ci est liée en interne, à la mauvaise gestion des ressources de la société, à l’absence de l’investissement et de l’intervention de la MIBA dans la vie de la nation congolaise.

En externe, la faillite de la MIBA est consécutive à la baisse de cour du diamant sur le marché international et à l’absence de la diversification de la production. Celle-ci est restée focalisée sur le diamant, rendant ainsi l’économie de l’entreprise non résiliente.

Cependant, la MIBA dispose des atouts pour son redressement, notamment le gisement important en minerais tels que le cuivre, le diamant, de l’or et le nickel chrome, un personnel d’une compétence avérée pour remonter sa production, un nouvel équipement acquis sur fonds propre du gouvernement et une possibilité de sous-traitance des activités minières.