La première fortune de France investit dans les startups, et vous ?

Bernard Arnault a choisi Jow et Skello. Le patron de LVMH a investi au capital de ces deux sociétés françaises, convaincu par le modèle de ces entreprises.

LE GRAND PATRON n’a pas hésité à mettre la main à la poche et a participé à une levée de fonds de 6,9 millions de dollars au sein de la société Skello. Cette startup aide les gérants de bars, de restaurants ou d’hôtels à assurer le suivi de leur personnel. Elle leur permet notamment de gagner du temps sur les tâches administratives fastidieuses, selon le site Wansquare qui livre l’information.

La deuxième société française à avoir attiré l’attention du groupe Arnault c’est Jow. Bernard Arnault y a investi 1,5 million d’euros pour soutenir cette entreprise qui développe une technologie unique au monde permettant de transformer n’importe quelle recette-vidéo en panier de courses achetable. La plateforme média produit, édite et diffuse des recettes inédites, pensées pour s’adapter au quotidien de chacun. Wansquare rappelle que le patron de LVMH a déjà réalisé six investissements dans des startups en France depuis le début de l’année, dont Another Brain qui opère dans le domaine de l’intelligence artificielle.

L’homme et sa fortune

Bernard Arnault, 69 ans, est un homme d’affaires français, aujourd’hui propriétaire du groupe de luxe LVMH. Il est aussi à la tête, entre autres, du groupe familial Arnault, du Groupe Arnault et du holding Christian Dior. Avec des actifs évalués à 60 milliards d’euros en 2018 (+25,5 milliards en une année), Bernard Arnault est la première fortune d’Europe et la 4è au monde, selon le prestigieux magazine « Forbes ».

En 1968, bien qu’admis à l’École des mines, il choisit de repasser les concours l’année suivante à l’École Polytechnique. À sa sortie de Polytechnique, il décide de rejoindre l’entreprise familiale de travaux publics Ferret-Savinel. Le jeune polytechnicien y engage une profonde restructuration. La famille Arnault fait alors le choix de cesser ses activités de travaux publics pour se concentrer sur la promotion immobilière. Sous le nom commercial de Férinel, la nouvelle société se spécialise dans les appartements de tourisme avec un slogan « Férinel, propriétaire à la mer ». 

Nommé directeur de la construction de l’entreprise en 1974, il en devient le directeur général en 1977 avant de succéder à son père à la tête de la société en 1978. Au début des années 80, il exporte Férinel aux États-Unis. 

Son rapport à la politique

Au second tour de l’élection présidentielle en France de 2017, il a soutenu Emmanuel Macron, jugeant son programme « raisonnable et courageux ». Après l’élection de François Mitterrand (socialiste) en 1981, Bernard Arnault s’expatrie aux États-Unis et fonde Férinel Inc. Férinel est racheté en 1995 par la Générale des eaux et renommé Nexity. 

En 1984, il investit l’essentiel de sa fortune familiale, et rachète la Financière Agache (Société fiduciaire et financière Agache Willot) avec l’appui de la Banque Lazard, dont il devient le PDG et prend ainsi les rênes du groupe Boussac qui possède aussi Christian Dior (sauf les parfums séparés dans les années 1970)… Bernard Arnault devient PDG de Christian Dior en 1985 et réunit en 1989 les parfums et la couture au sein du holding Christian Dior SA : ce holding a pour filiales Christian Dior Couture, et LVMH qui possède la marque Parfums Christian Dior.

À la suite du krach d’octobre 1987, Bernard Arnault prend des actions dans LMVH, le tout nouveau groupe de luxe issu de la fusion en juin 1987 de deux groupes français Moët Hennessy (champagnes Moët & Chandon, Ruinart, Mercier, Canard-Duchêne, et cognac Hennessy), d’une part, et du groupe Louis Vuitton (Louis Vuitton Malletier, Givenchy, champagne Veuve Clicquot Ponsardin), d’autre part. L’année suivante, le groupe est à la recherche d’investisseurs. Le PDG de Louis Vuitton Henri Racamier et les actionnaires demandent à Bernard Arnault de prendre une participation plus importante dans la société. 

Pour prendre le contrôle du groupe, Bernard Arnault lance une OPA, profitant de la pagaille boursière et actionnariale : juillet 1988, premier actionnaire de LVMH, et janvier 1989, actionnaire majoritaire. Il conduit depuis un plan ambitieux de développement du groupe, faisant de LVMH le premier groupe de luxe au monde. Bernard Arnault considère que « la gestion de marques de luxe ne peut fonctionner que dans le cadre d’une organisation décentralisée ». Les marques sont considérées comme des maisons à l’histoire familiale. La valeur de chaque marque est en lien étroit avec cette indépendance de pilotage. 

Il se diversifie également dans la presse en rachetant le quotidien économique « La Tribune », qu’il cèdera quinze ans plus tard pour s’offrir « Les Echos » et « Le Parisien ». Au début des années 2000, il tente d’investir dans le numérique avant de se retirer lors de l’éclatement de la « bulle internet ». Depuis, Bernard Arnault est entré au capital de Carrefour (8,8 %) et a tenté de racheter Hermès, dont il conserve près de 2 %. 

L’homme le plus riche de France a bâti un empire du luxe qui dégage plus de 42 milliards d’euros de chiffre d’affaires, selon des observateurs. Dans le cadre du développement du pôle de compétitivité CosmeticValley, Bernard Arnault a inauguré « La Ruche », la nouvelle usine de Guerlain à Chartres le 6 février 2015.

En 2001, il trouve un accord avec François Pinault dans la bataille qui les opposait pour la maison de couture Gucci, en vendant les 20 % des titres Gucci détenus par LVMH pour 2,13 milliards d’euros… 

En septembre 2012, la presse fait une révélation : sa demande de nationalité belge. « Libération » se distingue avec ce titre : « Casse-toi riche con ! ». Cette demande est, selon plusieurs experts en droit fiscal, probablement liée à la création par Bernard Arnault de la fondation Protectinvest en Belgique en 2008, pour éviter la dislocation du groupe LVMH lors de son décès en cas de mésentente entre ses héritiers. 

Une fondation belge permet de remplir trois objectifs pérennes : l’interdiction pendant dix ans de la vente des titres transmis, l’obligation de vote « indissociable », et le choix de l’héritier prenant la tête des affaires parmi les sept héritiers envisagés (cinq enfants et deux neveux). Le 10 avril 2013, dans un entretien au « Monde », Bernard Arnault annonce qu’il retire sa demande de nationalité belge et réaffirme son « attachement à la France ». 

Bernard Arnault, amateur et collectionneur d’art, a entrepris de nombreuses actions de mécénat pour valoriser l’image du groupe LVMH et lui donner une dimension plus institutionnelle. Pour développer ses actions de mécénat, il a fait appel à Jean-Paul Claverie, ancien conseiller de Jack Lang au ministère de la Culture. Le groupe LVMH a apporté son soutien à plus d’une dizaine d’expositions. Par ailleurs, la fondation LVMH a créé le « prix LVMH des jeunes créateurs », un concours international ouvert aux étudiants des écoles des Beaux-Arts en France et dans le monde.